WED, DE HABIB MESTIRI, AUX JCC 2024 : UN FILM SUR LA CRISE DES VALEURS DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Par La Presse – Publié le 21 décembre 2024

Le public du 7° Art a suivi le long-métrage «Wed», réalisé par Habib Mestiri, projeté dans la section «Panorama 35» lors de la 35e édition des Journées cinématographiques de Carthage (14-21 décembre 2024). Le film a été présenté en avant-première nationale vendredi soir à la salle du 4° Art de la capitale.

Pendant 76 minutes, le film propose un voyage cinématographique mettant en lumière les grands bouleversements sociaux et politiques qui ont changé le cours de l’histoire, à travers le parcours de Khalil, journaliste de gauche qui a consacré sa vie à la défense de la justice et à la cause des opprimés. Mais à cause de la corruption et de la répression, ce défenseur de la vérité se transforme en «tireur d’ânes», poursuivant des illusions sans cesse renouvelées dans un monde où les valeurs humaines se sont dissipées et où les liens sincères se sont effondrés.

Le film équilibre réalisme et symbolisme. L’histoire commence par la description des nobles efforts déployés pour défendre la justice, mais se transforme progressivement en un voyage sombre qui révèle la fragilité des êtres humains face à la puissance du système matériel. Le film utilise des symboles et des connotations pour présenter une vision critique de la société. Les images chaotiques, telles que celles du bureau rempli de papiers et de boîtes d’archives, incarnent la réalité dans laquelle vit Khalil, car ces arrière-plans font référence à la bureaucratie et au monde chaotique où les valeurs et la vérité se perdent. La scène où Khalil combat des illusions avec un couteau devant un rideau ensanglanté fait référence à la violence interne et externe que vit le protagoniste dans ses vaines tentatives de faire face à la corruption et à la répression.

Le film est également caractérisé par l’obscurité et des ombres denses dans de nombreuses scènes que le réalisateur Habib Mestiri a bien utilisées pour transmettre les sentiments de désespoir et de pessimisme qui enveloppent les personnages et le monde dépeint dans le film. Les ombres semblent refléter un conflit interne entre un certain nombre de contradictions, telles que la lumière (les valeurs humaines) et l’obscurité (la réalité matérielle et la corruption) et entre les valeurs nobles et les illusions qui prévalent dans la réalité.

Le réalisateur Habib Al Mestiri a utilisé des techniques de mise en scène élaborées pour donner vie à l’histoire, avec des gros plans et un éclairage naturel transmettant le sentiment de pression psychologique et sociale dont souffre Khalil. L’élément narratif ne s’est pas limité à l’histoire apparente, mais il s’est caractérisé par le symbolisme, chaque scène reflétant des dimensions sociales et psychologiques.

Ahmed Amin Ben Saad, dans le rôle de Khalil, a livré une performance chargée d’émotion, incarnant la transformation psychologique du héros, d’un journaliste engagé à un homme écrasé par les illusions et les dures réalités.

Dans «Wed», le réalisateur nous invite à réfléchir sur l’effondrement des valeurs dans le monde d’aujourd’hui. À travers le parcours de Khalil, le film critique la réalité dans laquelle le matérialisme prévaut et où la justice et les valeurs morales et humaines se sont effondrées.

Source : https://lapresse.tn/


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