DORA BOUCHOUCHA – CES FEMMES QUI COMPTENT

Par Ridha – Jeune Afrique – 10/04/2005.

Découvreuse de talents, cette productrice tunisienne aide les jeunes réalisateurs du Sud à trouver financements et débouchés pour leurs films.

Les cinéastes arabes et africains connaissent bien sa silhouette fine et son sourire amical. Dora Bouchoucha n’est pas seulement une productrice de films, elle milite aussi pour imposer le cinéma du Sud sur la scène mondiale. Son credo : aider les jeunes réalisateurs de la région à améliorer leurs scénarios et à trouver des financements auprès des fonds d’aide européens, où elle dispose de précieux contacts, afin qu’ils puissent tourner dans les meilleures conditions. Elle leur fournit aussi des tuyaux pour qu’ils assurent la distribution de leurs films à travers les réseaux des festivals, des chaînes de télévision et des salles commerciales. Le cinéma n’était pourtant pas sa première vocation.

Titulaire d’une maîtrise de Lettres anglaises et d’un DEA en Littérature à la Sorbonne (Paris, 1983), cette Tunisoise a commencé par enseigner la littérature anglaise à l’Institut Bourguiba des langues vivantes de Tunis, entre 1982 et 1994. Le « virus » du cinéma, elle l’a contracté en 1992, lorsqu’elle a été appelée à piloter la production de nombreux films pour le compte de Cinétéléfilms, sous la direction d’Ahmed Baha-Eddine Attia. Un stage en production et scénario à la Femis, à Paris, entre 1993 et 1995, a fini par la convaincre d’opter définitivement pour le métier de producteur.

Depuis, Dora Bouchoucha participe à l’aventure du cinéma du Sud. Avec foi et passion, elle cumule les casquettes. Fondatrice et directrice du Marché du film et de l’Atelier des projets dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage, durant six sessions (1992, 1994, 1996, 1998, 2000 et 2002) ; conseillère du Rotterdam Film Festival ; membre du Prince-Claus Fund Film Grant, d’Europa Cinéma et du jury de plusieurs festivals internationaux comme Valencia, Mons, Namur, Montpellier, Angers… Le 19 février dernier, à Alger, elle a présidé les Fennecs d’Or qui ont couronné les meilleures productions télévisuelles algériennes de l’année 2004.

Créée il y a neuf ans, sa société de production, Nomadis Images, a produit une quinzaine de courts-métrages, trois documentaires et deux longs-métrages de fiction : Demain, je brûle de Mohamed Ben Smaïl et Satin rouge de Raja Ammari. Elle en a deux autres en chantier : Trois p’tits tours… et puis s’en font de Mohamed Ben Attia (en phase de développement) et Baraket, de la réalisatrice algérienne Djamila Sahraoui, dont le premier tour de manivelle devait être donné en ce début d’avril à Tipaza, près d’Alger. Ces quatre films ont un point commun : ce sont des « premières oeuvres ». Est-ce le fruit du hasard ? Non, car Dora Bouchoucha aime travailler avec les réalisateurs en herbe. Pour preuve : elle a fondé, en 1997, l’atelier Sud Écriture pour aider les jeunes auteurs d’Afrique, du Maghreb et du Moyen-Orient à finaliser leurs scénarios.

Cet atelier, qui a bénéficié du soutien de nombreux organismes européens – Agence inter-gouvernementale de la Francophonie (AIF) et Conseil national du cinéma (CNC-France), Fondations Prince-Claus et Hubert-Bals (Pays-Bas), a organisé onze sessions, qui ont permis à cinquante-quatre jeunes cinéastes d’améliorer leurs scénarios sous les conseils d’auteurs confirmés comme Jacques Fieschi et Jacques Akchoti. Vingt d’entre eux ont pu produire leurs films. Une douzaine ont été primés dans des festivals, dont Jean Chamoun (L’Ombre de la ville, Liban), Assane Kouyaté (Kabala, Mali), Nawfel Saheb Ettaba (Kotbia, Tunisie), Régina Fanta Nacro (La Nuit de la vérité, Burkina Faso), Hassan Benjelloun (La Chambre noire, Maroc) et Ousmane Mahamane (Hatsari, Niger).

Source : http://www.jeuneafrique.com/


 

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