FILM GHODWA DE DHAFER L’ABIDINE : RELATION PÈRE-FILS TEINTÉE D’UN DRAME CONTEMPORAIN

Par Sara TANIT – tekiano.com – 3 mars 2022

Le nouveau long-métrage de fiction «Ghodwa» de l’acteur tunisien, multi-primé et très populaire en Tunisie et dans le monde arabe, Dhafer L’Abidine, est projeté actuellement dans plusieurs salles de cinéma de Tunisie. Dhafer L’Abidine est en tête d’affiche de «Ghodwa» avec le jeune acteur talentueux Ahmed Berrhouma et les acteurs Najla Ben Abdallah, Rabeb Srairi, Bahri Rahali et Ghanem Zrelli.

Ce nouveau film tunisien d’une durée de 96 minutes, relate la détérioration de l’état de santé de Habib qui passe la semaine avec son fils Ahmed âgé de 15 ans. Hanté par son passé durant la dictature, Habib est dans l’attente d’un rendez-vous important. Sous la pression d’événements inattendus, les rôles sont inversés. Ils se retrouvent dans une situation chaotique à laquelle ils ne sont pas préparés.

«Godhwa» un film de, avec et par Dhafer L’Abidine.

«Godhwa» ou «Tomorrow» est un film de Dhafer L’Abidine, réalisé par Dhafer l’Abidine, scénario de Dhafer L’Abidine et Ahmed Amer, coproduit par Dhafer L’Abidine, Dora Bouchoucha, et Lina Chaabane et avec Dhafer L’Abidine en tête d’affiche.

C’est carrément son projet de vie, confie-t-il ! Il a mis toutes ses économies dans ce long-métrage, dont l’idée cogitait dans sa tête depuis une dizaine d’années. L’acteur tunisien a d’ailleurs du mal à accepter les critiques autour de sa première œuvre en tant que réalisateur.

À noter que même si le grand public connait Dhafer en tant qu’acteur dans des superproductions ramadanesques comme «Arous Beirut», «Les Nuits d’Eugénie» et «Halawet Al Dounia», il a déjà travaillé en tant qu’assistant réalisateur sur des films de Raja Amari et Moncef Dhouib.

Une relation père-fils tourmentée, et des relations humaines honorées

Dans «Ghodwa», c’est une relation père-fils ambiguë qui est mise en avant. Le fils est interprété par un jeune Ahmed Berrhouma exceptionnel, qui émeut avec la justesse de son jeu et le large panel d’émotions qu’il réussit à transmettre. Les rôles sont inversés dans cette relation.

Le jeune homme écope du rôle de protecteur qui prend soin de son père et veille à garder un œil sur lui, pour éviter qu’il ne se fasse du mal et qu’il ne se perde dans ses tourments.

Le père est justement tourmenté, victime d’un système judiciaire corrompu et des répercussions d’un emprisonnement et d’une torture ancienne, il est obsédé par l’idée de se faire justice lui-même et de défendre les démunis, au point d’en tomber malade…

Habib (Dhafer L’Abdine) se protège dans une bulle inventée, en interagissant avec des personnages qui lui apportent de l’amour et de la compassion, notamment à travers sa voisine, Saâdia (Rabeb Srairi), dont on hésite à confirmer l’existence.

Un autre protecteur se dévoile dans le personnage de Hechem (Bahri Rahali), son voisin qui endosse la casquette du père prenant soin de ses proches. Particulièrement attachant, Hechem reflète le plus beau des relations humaines. Un altruisme et un soutien qui ont toujours existé dans la société tunisienne et que Dhafer L’Abdine a tenu à mettre en exergue.

De la rigidité des lois qui freinent le travail des réalisateurs en Tunisie

Tourné en pleine pandémie de coronavirus, au début de l’année 2021, il fallait faire des efforts pour ne pas filmer des gens masqués et adapter le décor, surtout en extérieur, ainsi que les figurants, pour ne pas faire sentir l’effet de la crise sanitaire.

En plus de la difficulté de s’adapter au contexte épidémique mondial, pour réaliser des films sans qu’ils n’en soient imprégnés, la productrice Dora Bouchoucha (Nomadis Production) a souligné les contraintes que subissent les réalisateurs tunisiens d’aujourd’hui pour essayer de tourner dans leur propre pays.

Elle a tenu à indiquer combien c’est difficile d’obtenir des autorisations de tournage, notamment au cœur de la capitale Tunis et dans certains sites populaires et accessibles à tous. La productrice tunisienne pointe du doigt la longueur des procédures pour obtenir une autorisation de tournage, notamment avec des drones, et l’obligation de passer par plusieurs ministères. D’ailleurs, il est toujours presque impossible d’utiliser un drone en Tunisie comme dans les autres pays du monde, même pour jouer avec.

Cette rigidité des lois et les procédures handicapantes sont parmi les raisons qui incitent réalisateurs et techniciens tunisiens à quitter le pays. Cela empêche aussi les productions étrangères de réaliser des films en Tunisie, qui préfèrent des pays comme le Maroc, beaucoup plus souple…

Le film «Ghodwa» ou «Tomorrow» est actuellement en tournée dans plusieurs salles de cinéma de Tunisie.

Sara Tanit.

Source : https://www.tekiano.com/


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