RIDHA TLILI, À L’IMAGE D’UN CINÉMA TUNISIEN NOUVEAU

Par Naceur SARDI

L’histoire retiendra que le cinéma tunisien a commencé sa mutation à partir de 2005. À partir de cette date, les diplômés des premières promotions des écoles publiques de cinéma, ceux de l’Institut supérieur des Arts de multimédia (ISAMM) en particulier, ont commencé à réaliser des films. L’implosion numérique va les aider à casser les modèles traditionnels de la production cinématographique en Tunisie.

Créant leurs propres boîtes de production, ils vont entamer des tournages à petit budget qui expriment la diversité de leurs écritures cinématographiques. Ainsi, et jusqu’en 2011, quelques-uns de ces nouveaux arrivés sur la scène cinématographique tunisienne vont s’associer avec des techniciens de leur génération pour ouvrir une brèche où allaient s’engouffrer les autres. Ceci va entamer des changements aussi bien au niveau de la production, qui ne va plus dépendre de l’unique subvention de l’État, qu’au niveau des approches esthétiques et thématiques qui allaient prendre plus de libertés dans la forme et dans le discours. Et même si la qualité et la pertinence ne sont pas toujours au rendez-vous, le nombre, de plus en plus grand, de ces nouveaux cinéastes, annonce les prémices de l’émergence d’un cinéma tunisien nouveau.

Certains de ces cinéastes vont aller plus loin que les autres en essayant d’élaborer une réflexion autour de leur Art ; on trouve parmi eux le groupe Exit, le collectif CIAC (Collectif indépendant de l’action pour le cinéma), l’association ATAC, et quelques individualités.

Parmi les plus emblématiques d’entre eux, il y a Ridha TLILI.

Par le nombre de ses œuvres (Ayan Ken, Ba Bord, Teriegue, Jiha et Révolution moins 5), par sa manière de produire ses films et par le questionnement qu’il s’impose sur le cinéma, Ridha Tlili semble s’incruster aisément dans les quelques ébauches de mouvements artistiques qui ont commencé à voir le jour après le 14 janvier 2011 ; et ce n’est pas un hasard si sa dernière création «Thawra Ghir Draj» (Révolution Under Five) est consacrée au mouvement culturel «Ahl El Kahf» (People Underground) qui prône un «terrorisme esthétique» qui casse les méthodes traditionnelles de création et se déclare dans la rue, à coups de tags, d’ondes radio clandestines et à travers l’esthétique d’une certaine vulgarité populaire.

Ce n’est pas un hasard, aussi, que nous retrouvons Ridha Tlili dans l’organisation de la première session du premier festival post révolutionnaire (Regueb – mars 2011) ; le seul festival qui s’est démarqué, par sa philosophie et par son organisation, de toute autre manifestation culturelle. Il y inclut, pour la seconde session (mars 2012), une compétition de films expérimentaux et d’essai.

Pour se démarquer totalement, Ridha Tlili crée sa boîte de production et participe à la création d’une association tunisienne de cinéma documentaire à Sidi Bouzid ; c’est à dire hors de la centrale tunisoise.

Nous avons rencontré ce jeune cinéaste au cursus universitaire bien garni (diplôme en réalisation à l’ISAMM, master à l’Institut de Théâtre, diplôme de l’ESAC).


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