Nostalgie, nostalgie…
Popularisé par le biais de ses rôles dans les feuilletons de Ramadan
Par Tahar Melligi – Publié dans La Presse de Tunisie le 24 – 08 – 2011
Le mois saint de Ramadan provoque des miracles en chaîne parmi lesquels se trouve la réunion en famille devant la télé ou, jadis, à côté d’un poste-radio.
Lors de la rupture du jeûne, ou un petit quart d’heure après, on déguste les mets en tous genres, mais également les mémorables feuilletons ou séries diffusés. Cela aura permis de populariser à une très vaste échelle les noms d’acteurs et actrices entrés de plain-pied dans la légende et inscrits en lettres d’or dans la mémoire collective.
El Haj Klouf, de la radio à la TV
El Haj Klouf, passé à la radio, puis à la TV nationale dès sa naissance, a indiscutablement fait de Hamouda Maâli une icône. Une star tout en sobriété des années 60 et 70.
Mohamed Ben Ali, lui, a été vite adopté à une large échelle par le biais de son interprétation dans la même série des personnages de Hattab puis de Ali, l’enfant gâté d’Oumi Traki. Celle-ci, la mère qui couve un fils de trente ou quarante ans comme un petit enfant, c’est Zohra Faïza.
Qui est Mohamed Ben Ali ?
Nous voudrions rendre ici hommage à Mohamed Ben Ali, né à Zanket Eddiar El Jédida (impasse des Maisons neuves), n°9, rue Ben Othman, le 17 janvier 1932, de son vrai nom Mohamed Ben Ahmed Ben Messaoud Ben Askar. Il est le cousin de Habib Chiboub et de Mohieddine Chiboub, le premier est historien et homme de lettres, le second est calligraphe.
Du koutteb… à la mosquée
El Hattab a d’abord suivi des cours au koutteb Sidi Abdesselem. Après quoi, il intégra directement la deuxième année des cours assurés à la mosquée Zitouna où il eut comme enseignants Cheikh Zakaria Ben Mustapha et Ahmed Karoui.
Le démon du théâtre !
Dès son plus jeune âge, il attrapa le virus, si l’on peut dire, du théâtre et du cinéma.
La première pièce à laquelle il assista a été «El Mektoub al jebine», une adaptation de Béchir Rahal, de la pièce de Youssef Wahbi Aouled édhaouat (les enfants des seigneurs).
Il découvrit le 7e art à travers le fameux premier long métrage de Mohamed Abdelwaheb, El Ouarda el bidha (la rose blanche).
Cette passion laissait en parallèle le champ devant une collaboration dans la presse artistique. Ben Ali a été ainsi le correspondant de la revue égyptienne El Fen (l’art) dirigée par Abdechéfi Kachachi.
J’ai connu Mohamed Ben Ali en 1954, alors que je faisais mes premiers pas dans le journalisme au quotidien Al Akhbar, dont le rédacteur en chef n’était autre que M. Ezzeddine Souissi, le père du grand comédien et réalisateur Moncef Souissi.
Notre bonhomme était alors au sommet de sa production journalistique, qu’il dut malheureusement abandonner en raison de ses activités artistiques. En même temps, sa page artistique arrêta de paraître. Je pris ainsi le relais, puisque j’assurai la rédaction de la page artistique d’«El Ousbou» dont j’ai changé la dénomination en «Kol chay anil fen» (Tout sur l’art).
La chance de sa vie
Mohamed Ben Ali fut introduit dans le théâtre grâce à un parent, Ahmed El Bardi, qui jouait au sein de «Thalathet El Ahmady», lequel a fini par fusionner avec «Jamiat El Ittihad El Masrahi». Le trio était composé, outre M. Bardi, d’Ahmed Harrane et Hamadi Jaziri, dont le nom artistique était alors Ahmed Chafik, avant de partir en France.
Ahmed El Bardi emmenait souvent notre Hattab suivre les répétitions et les représentations de la troupe. Jusqu’à ce que le jeune féru tente sa chance lorsqu’on lui confia un rôle dans la pièce «El beldi el moutamadène», une adaptation du Bourgeois gentilhomme de Molière. Ben Ali devait pour toute participation prononcer un mot «Naâm ya Sidi» (oui monsieur). Cela se passait au sein de la troupe «Al Ittihad Al Masrahi», dirigée par Béchir Rahal.
En faisant connaissance avec Kamel Baraket – un réalisateur égyptien auquel recourt la radio nationale pour la réalisation des pièces radiophoniques en arabe littéraire, et avec laquelle il réalisa une interview pour les besoins de la revue égyptienne El Fen, à laquelle il avait collaboré -, Mohamed Ben Ali œuvrait au fond de la boîte à Pandore.
Guère ingrat, Barakat, qui fit découvrir en Égypte, Rochdy Abadha au cinéma dans le film «Al millionnira assighara» (La petite millionnaire) en 1948, à côté de Faten Hamama, se souvient que Ben Ali maîtrisait le jeu en arabe littéraire.
Et c’est ainsi qu’il fut lancé à grande échelle à la radio. Il joua dans Abou choucha de Mahmoud Taymour, Annissa El Alimet une adaptation d’une pièce de Molière.
Son premier rôle important a été dans Oum abbès, réalisée par Hammouda Maali. Son premier rôle dans une comédie a été dans Khatem Souleymane écrit par le doyen Ahmed Bouleymane et réalisé par Béchir Rahal.
Séries T.V. et 7e art
N’oublions pas non plus son jeu à la radio dans El Jazïa, où il incarna le personnage de Abou Zid El Hilali, et le fameux commissaire Hassen dans la série Ikhtabir dhakak, dont la diffusion a duré douze longues années.
Il a été choisi par le producteur saoudien Lotfi Zini pour prendre part à quelques dramatiques réalisées aux studios.
«Zini Film» de Sousse
A côté de la grande dame du cinéma, Ben Ali joua le feuilleton Ouyoun El Maha, Forsène bila touboul, Tabib el kouloub el jariha avec Younès Chalabi, Errayel Nounnou avec Safaa Abou Saoud…
Les révélations de Ramadan
Ramadan a également révélé le comédien Ezzedine Brika dans la série Chanab. Pourtant, il avait auparavant rencontré un même succès.
Passe le temps, et l’on découvre un jour le nom de Lamine Nahdi, présenté par le réalisateur Jamel Eddine Berrahal dans une série de sketchs interprétés aux côtés de Noureddine Ben Ayed.
Les chemins de Mohamed Ben Ali et Lamine Nahdi se sont un jour croisés dans le long-métrage Farda welqat okhtha (Deux larrons en folie) de Aly Mansour.
Mohamed Ben Ali préférait, malgré les apparences, les œuvres à thèmes, les pièces «sérieuses» où il pouvait donner libre cours à son sens du jeu de théâtre.
L’exemple le plus frappant a été sans doute son rôle dans le téléfilm Halima.
Source : https://www.turess.com/
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