
Par Henda – Publié dans Tuniscope – le 12 – 04 – 2010
Les Tunisiens ne connaissent que sa facette de comédien. Alors qu’il est assistant-metteur en scène, danseur, chanteur, slameur, rappeur, collectionneur d’affiches rares et, avant tout, artiste. Il défend la polyvalence et conquiert des terrains vierges de création en explorant en même temps d’autres facettes de son talent. Il se considère un homme de show (20 ans de carrière) à plusieurs casquettes.
Dernièrement, il s’est retourné vers son premier amour, la culture hip-hop. Une première chanson circule sur Facebook, en attendant que le premier album de Dali Ben-J – ou le Caméléon – voit le jour. Lors d’une rencontre, Mohamed Ali Ben Jemmaa nous a fait part de ses pensées, de ses ambitions et de ses projets en cours. Interview.
Parle-nous de tes débuts, surtout le début de ta passion pour le rap.
- J’ai écrit un texte de slam, «Nostalgie», où je raconte mon histoire et mes débuts avec la musique. En fait j’ai commencé par la danse, la culture hip-hop et le street life. Quand j’avais 15 ans, le grand mouvement universel des années 80, «Break Street 84» (le film), a influencé ma génération. À cette époque, nous avons commencé à faire du breakdance et du smurf dans la rue. Et petit à petit, je me suis plongé encore plus dans l’amour de la danse théâtrale et de la danse en général.
À l’âge de 18 ans, en 1988, j’ai participé à un premier stage avec Nawel Skandarani (danseuse confirmée et chorégraphe réputée). Puis j’ai participé à un deuxième stage au Théâtre National, sous la direction de Mohamed Driss. Et depuis je suis tombé sous le charme du théâtre et je suis devenu comédien. Cependant, ma première passion reste la culture hip-hop.
Qu’est-ce que tu peux dire aux gens, et surtout les rappeurs, qui pensent que tu es un intrus dans le milieu du rap ?
- Les gens qui ne me connaissent pas, pensent en général que je suis un intrus dans le rap. Cependant, en sachant que je suis issu de la culture hip-hop et du rap, cela implique que j’admets que les rappeurs sont les poètes autodidactes de la rue. Je fais toujours en sorte d’impliquer les rappeurs dans mes projets. Je fais leur promotion à la télévision, à l’instar de Mascotte…
Donc le fait que je me mêle du rap ne doit pas déranger les rappeurs mais, au contraire, ça doit leur faire plaisir puisque c’est à leur honneur qu’une star défende leur musique.
Par ailleurs, je pense que la polyvalence est une qualité et non pas un défaut. On se rappelle de plusieurs exemples d’artistes polyvalents, à savoir Yannik Noah joueur de tennis et chanteur. Bernard Tapie est un homme d’affaire, ministre, animateur et comédien. Arthur est à la fois animateur, producteur de cinéma et a fait aussi son one-man-show… Tous ces artistes polyvalents ont leur semblables en Tunisie. Jadis, la polyvalence ne dérangeait personne.
En 1960, Hedi Simlali par exemple, comédien, journaliste, poète, humoriste et chanteur, avait la reconnaissance et le respect de tout le monde. Alors qu’en 2010, nous n’acceptons pas un comédien rappeur ?! Cela n’a pas de sens car l’art est libre. Il est ouvert sur toutes les disciplines. Et la seule question qui doit se poser est : «À quel point peut-on maîtriser telle ou telle discipline »?
Comment fais-tu pour choisir et écrire tes textes?
- Le rap que je propose vise le grand public et pas seulement les rappeurs comme mon premier titre «Foot-tu». Que ce soient mes textes ou ceux d’un autre rappeur, je dirige toujours moi-même mes chansons. Je l’ai fait avec Wajdi Mascotte dans la chanson de Cinécittà, et je le fais actuellement avec Mehdi R2M dans quelques nouveaux titres. Je suis ouvert à toutes les expériences et vous allez découvrir bientôt de très étonnantes surprises.
Je peux être dirigé par des rappeurs, des musiciens et des arrangeurs. Je suis capable de chanter un texte qui n’est pas le mien et cela ne dévalue pas mon talent en tant que rappeur. Quand Lotfi Bouchnak collabore avec Adam Fethi, cela ne nie pas sa valeur artistique.
Explique-nous ta valeur ajoutée en tant que rappeur dans un texte qui n’est pas le tien ?
- C’est simplement le choix du thème et les grandes lignes qui sont très importants. Dans chaque chanson, je laisse une trace qui m’est propre et qui définit mon style. Par exemple, je suis contre l’influence algérienne et américaine dans les chansons du rap tunisien.
Que penses-tu de la nouvelle vague des rappeurs islamistes ?
- Je pars toujours du personnel pour arriver à l’humain ou encore à l’universel. À partir de ce principe, je suis totalement contre l’utilisation du rap comme un outil de manipulation, car l’art ne sert pas à faire la morale. Le rap, comme tout art, ne doit pas donner des jugements politiques, sociaux et religieux. Certes, le rappeur est un penseur ou encore un poète, mais il ne doit pas se limiter aux sujets clichés de «El Houma El Arbi», «El Har9a», la drogue et les filles qui doivent faire la prière et rester à la maison… (Le reste de la réponse sur la vidéo).
Concernant Dali le comédien, pourquoi ta participation au feuilleton «Houdou Nessbi» n’a pas été suffisamment médiatisée, surtout en Tunisie ?
- Après une première apparition dans un feuilleton arabe, «Fousha Samaouia» de Seif Eddine Sbeii, Chawki Mejri m’a proposé un rôle important dans «Houdou Nessbi». J’en suis fier parce que j’ai participé à « l’équipe nationale » des comédiens arabes. Je suis présent dans presque tous les épisodes, dans la bande d’annonce et les affiches.
Je pense que si c’était une comédienne qui avait participé à ce feuilleton, les médias se seraient intéressés beaucoup plus à l’œuvre et à l’apparition tunisienne. Ça se passe comme ça, malheureusement, en Tunisie. On donne plus d’importance à une comédienne qu’à un comédien. C’est toujours plus sexy et plus in, les femmes stars… Cependant, le feuilleton a eu un franc succès dans le monde arabe, et du coup j’ai fait plusieurs interviews.
Je veux juste ajouter que la rediffusion de Nessma TV me semble mal organisée. En effet, la chaîne rediffuse le feuilleton chaque lundi soir, ce qui n’est pas logique. «Houdou Nesbi» n’est pas un téléfilm, c’est un feuilleton qui doit être diffusé au moins trois jours successifs par semaine.
Parle-nous de tes projets actuels.
- J’ai deux films qui sortiront bientôt. Le premier est «Bonne année» de Khedija Mkacher et le deuxième est «Il était une fois à l’aube» de Dali Nahdi. Un troisième film «Rit» d’Emna Ben Yahya, est sorti en 2009, mais il participera cette année aux festivals.
J’ai aussi donné ma voix pour un film en 3D «Dalila Al Mohtela». C’est un film pour enfants dans lequel je joue un rôle important.
Concernant Ramadan, je participe cette année à «Njoum Ellil 2» de Madih Bel Aïd. Le feuilleton a eu beaucoup de succès l’année dernière et fera aussi cette année une grande surprise.
Concernant la musique, je prépare mon premier album «Caméléon» (mon titre de comédien), dans lequel je parle de mes influences musicales comme le hip-hop, le reggae et le funk. L’album contient plusieurs surprises à travers dix titres auxquels participent les meilleurs rappeurs tunisiens.
Après la sortie de «Caméléon», j’envisage de faire un spectacle que je présenterais cet été. Ça sera le show qui réunira musique, danse et chant en live…
Et pour un one-man-show ?
- Ça viendra, mais pas dans l’immédiat. Pour le moment, je préfère mûrir davantage … Cependant je pense que si je m’y mets, je vais étonner ceux qui pensent que je ne suis pas drôle ou humoriste.
Je suis un homme de show et j’ai une expérience de 20 ans entre danse, chant et jeu d’acteur. Autrement dit, je maîtrise les éléments essentiels du one-man-show. Le jour où je décide de le faire, plusieurs personnes n’en reviendront pas…
Ne ratez pas la vidéo suivante.
Henda
Source : http://www.tuniscope.com/
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