JILANI SAADI, UN CINÉASTE INSURGÉ

Par Mona BEN GAMRA – Le Temps du 1er janvier 2025

Jilani Saadi, c’est l’artiste qui marche à rebours des conventions, le cinéaste qui préfère les chemins accidentés aux autoroutes balisées. Depuis ses débuts, il a fait le choix d’explorer des thématiques qui dérangent, de poser un regard aiguisé sur les zones d’ombre de la société tunisienne. Il ne cherche pas la complaisance, mais la vérité brute. Ce qu’il capte avec sa caméra, ce sont les failles humaines, les rêves éclatés et les pulsions inavouées. Un voile lumineux s’est levé sur l’univers à la fois provocateur et authentique de cet artiste, à travers la publication d’un récent ouvrage collectif «Jilani Saadi, un cinéaste insurgé». Le livre qui consacre la carrière de l’artiste est réalisé sous la direction d’Ons Kammoun et est publié par les Cahiers de l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique ATPCC.

Un parcours hors des sentiers battus

  • Jilani Saadi. Saadi, chantre de la marginalité et de la transgression, continue d’écrire une odyssée cinématographique à contre-courant, un poème visuel qui s’insurge contre les carcans sociaux et esthétiques.

La transgression comme signature

  • Saadi n’a jamais eu peur de secouer les spectateurs. Ses films, souvent tournés avec des budgets modestes, captent une vérité à vif. Qu’il s’agisse de «Khorma, le crieur de nouvelles» ou de «Bidoun 2», son langage cinématographique est une révolte poétique, un cri du coeur à la fois déchirant et libérateur.
    Si le cinéma est une danse, alors Jilani Saadi en brise les pas. Dans ses films, les héros ne sont pas les figures classiques des grands récits ; ce sont les marginaux, les exclus, ceux que la société voudrait ignorer.
    Il s’attaque aux tabous, dérange les certitudes et oblige à voir ce que l’on préfèrerait éviter.
    Ons Kammoun, dans la préface de l’ouvrage, décrit Saadi comme «un poète rebelle dont la caméra est une arme d’amour et de défiance». Cette définition résume à merveille un artiste pour qui chaque cadre, chaque scène, est une prise de position. En s’attaquant aux faux-semblants, Saadi nous ramène à une vérité essentielle : celle de l’humanité dans toute sa complexité.
    La présentation du livre lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2024, a été un moment d’émotion partagée.
    Les interventions des contributeurs – critiques, cinéastes et universitaires – ont éclairé les multiples facettes de l’œuvre de Saadi. Des anecdotes sur ses tournages audacieux aux analyses profondes de ses thèmes récurrents, l’événement a confirmé son statut d’électron libre et d’artiste essentiel dans le paysage cinématographique tunisien.
    Mais cet hommage est aussi une invitation. Une invitation à revisiter ses films, à découvrir ou redécouvrir la richesse d’un regard unique. Car Saadi, au-delà de ses provocations, est avant tout un conteur passionné, un homme qui croit encore que le cinéma peut éveiller, bouleverser et transformer.

Un avenir qui promet de nouvelles révoltes

  • À travers les pages de «Jilani Saadi, un cinéaste insurgé», c’est une flamme qui brûle, un feu que rien ne semble pouvoir éteindre. Avec l’audace comme boussole, Saadi continue de tracer son chemin. Et si les vents de la conformité soufflent parfois fort, ils ne font que raviver son désir de créer.
    Alors, que reste-t-il à dire ? Peut-être simplement ceci : le cinéma tunisien a trouvé en Jilani Saadi non seulement un artiste, mais un insurgé, un révélateur d’émotions et de vérités. Et son aventure créative, loin d’être terminée, ne fait que commencer. Une chose est sûre : nous serons là pour la suivre, les yeux grands ouverts et le coeur prêt à être bouleversé.

Mona BEN GAMRA

Le Temps du 1er janvier 2025


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