CINÉMATHÈQUE TUNISIENNE : UN NOUVEAU CHALLENGE ?

Par Neila Gharbi pour cinematunisien.com – 16 septembre 2024

Le feuilleton de la cinémathèque tunisienne revient sur le tapis. Le groupement professionnel de l’industrie cinématographique de la CONECT a repris les jeudis du cinéma le 12 septembre dernier, avec un premier atelier de réflexion sur le thème «Cinémathèque tunisienne : des priorités pour une nouvelle impulsion» dans la salle Tahar Cheriaâ, au Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI), à la Cité de la Culture.

La cinémathèque, inaugurée le 21 mars 2018, date hautement symbolique coïncidant avec l’Indépendance de la Tunisie et aussi le démarrage des activités de la Cité de la Culture, représente le rêve de nombreux cinéastes et cinéphiles et l’espoir de voir enfin sauvegarder les archives qui croupissent sous la poussière, dans un dépôt à la SATPEC cédé à Quinta Communication à Gammarth.

Après des débuts prometteurs, «la maison familiale» comme aime l’appeler son initiateur avec Mohamed Challouf et premier directeur Hichem Ben Ammar, les failles ont commencé à apparaître. La demeure s’est vite fissurée et s’est éloignée des missions dans lesquelles elle s’était investie. Lieu de transmission, de mémoire et de résistance, elle s’est donné comme objectif, entre autres, de valoriser les films du patrimoine en les restaurant et en les conservant dans des conditions adéquates, afin de les destiner au public d’aujourd’hui et de demain.

Selon Hichem Ben Ammar, intervenant pour un rappel historique lors de cette rencontre, «à l’origine les trois salles de la Cité de la Culture : Sophie El Golli, Tahar Cheriaâ et Omar Khlifi (350) étaient toutes destinées à la cinémathèque». Mais en fait une seule salle, la plus petite, a été dédiée aux projections de films proposés par la cinémathèque. Un travail d’archivage qui a pris plusieurs années, grâce à une équipe dynamique au savoir-faire avéré. Un programme de films du répertoire mondial a été mis en place au profit d’un public devenu fidèle au fil des mois.

0r cette embellie n’a été que de courte durée. L’argent étant le nerf de la guerre, plusieurs gros problèmes sont survenus en chemin, notamment au niveau des lignes de financements et du plan de gouvernance pour l’autonomie. En effet, les études réalisées antérieurement n’ont pas prévues l’autonomie économique de l’institution dont le financement reste tributaire du CNCI. Si elle était un établissement public à caractère non administratif (EPNA), à l’instar du Centre culturel méditerranéen de Hammamet ou encore du Centre national de la marionnette avec un budget conséquent, cela lui aurait permis d’envisager des dépenses nécessaires pour le recrutement des agents ou encore la restauration des films et l’accueil des invités étrangers lors de rencontres ou conférences…

Malheureusement le personnel, sous contrat CDD, est viré au bout de six mois et renouvelé avec des agents novices qui ne disposent d’aucune formation et qu’il faut initier au nouveau métier. La programmation de films commence à s’effilocher et la restauration des œuvres filmiques subit le même sort. L’initiateur du projet et directeur de la cinémathèque est à son tour remercié. Enfin rien ne va plus.

Au bout du compte, les archives, biens de l’État tunisien, sont transférées à la Bibliothèque Nationale (BN) et stockés sur les rayons d’un vaste espace. Triste sort pour cette « Maison familiale » décrépie et que les habitants ont quittée à contre cœur pour qu’elle ne leur tombe pas sur la tête. Aujourd’hui, les plus aguerris cherchent à sauver les meubles de ce désastre dont ils sont en partie responsables. Mais avec quels moyens et quelle énergie ?

Neila Gharbi


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