RIDHA BÉHI, LE VENT EN POUPE !

Par Hatem BOURIAL – Le Temps – dimanche 4 septembre 2016

Pour cette rentrée cinématographique, «Fleur d’Alep», le nouvel opus de Ridha Béhi, est sur plusieurs fronts avec de nouvelles consécrations en vue pour un réalisateur qui, depuis les années 1970, ne cesse d’innover et surprendre…

Le cinéaste Ridha Béhi brille de mille feux à la veille de cette rentrée cinématographique. En effet, ce réalisateur fait l’actualité de trois manières différentes.

Entre Oscars, hommage égyptien et JCC

En premier lieu, son nouveau film «Fleur d’Alep» ouvrira la prochaine session des JCC au mois d’octobre. En soi, il s’agit déjà d’une nouvelle consécration pour Ridha Béhi, qui sera en outre au centre d’un grand hommage que lui rendra le Festival du Film arabe de Port-Saïd en Égypte.

Enfin, son nouvel opus vient d’être sélectionné pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et pourrait – au bout d’un processus complexe – obtenir une nomination aux Oscars 2016.

Ainsi, «Fleur d’Alep» semble au début d’une carrière motivante et pourrait valoir bien des satisfactions à la Tunisie. Ce film est interprété par Hend Sabri, Hichem Rostom et Mohamed Ali Ben Jemaa et devrait faire sa sortie commerciale tout de suite après les JCC 2016.

Révélé par son court-métrage «Seuils interdits» (1972), alors qu’il était encore cinéaste-amateur dans sa ville natale de Kairouan, Ridha Béhi a très vite connu une notoriété internationale grâce à son film «Soleil des hyènes» (1975).

Cette œuvre, qui compte parmi les classiques du cinéma tunisien, raconte la chronique d’un village de pêcheurs dont le mode de vie est bouleversé par le tourisme. «Soleil des hyènes» a été vu et primé partout dans le monde et continue à être le support de bien des débats au sein des ciné-clubs.

De «Soleil des hyènes» à l’horizon international

Depuis, Béhi n’a plus cessé de tourner et a largement contribué à l’essor du cinéma tunisien. Son second film, «Les Anges», n’a été réalisé qu’en 1984 et obtiendra un succès d’estime. Toutefois, ce sera «Champagne amer» qui, en 1988, relancera la carrière internationale de Ridha Béhi. Dans ce film, ce dernier dirigeait deux monstres sacrés du cinéma : Julie Christie et Ben Gazzara, sans oublier un certain Patrick Bruel. Ce film est la chronique d’un village d’Afrique du nord en 1955, à la veille des indépendances.

Avec «Les Hirondelles ne meurent pas à Jérusalem», Béhi met en scène Jacques Perrin en journaliste dans la ville sainte au lendemain des accords d’Oslo. Riche de nombreux autres films, le parcours de Ridha Béhi se poursuivra avec des œuvres singulières comme «Always Brando» où il filme le mythique comédien américain, ou encore «Sandouk Ajeb» aux accents très felliniens.

Avec «Fleur d’Alep», Ridha Béhi parfait un cheminement original, tout en continuant sa quête esthétique et politique. Sociologue de formation, Béhi a toujours été à l’écoute du monde et a résolument ouvert la voie à l’internationalisation du casting des œuvres tunisiennes. N’a-t-il pas, dès ses premiers films, fait appel à Mahmoud Morsi ou Kamel Chennaoui ?

Événement de cette rentrée, «Fleur d’Alep» annonce la couleur d’un cinéma exigeant et toujours militant, à l’image de toute la filmographie d’un de nos réalisateurs essentiels.

Hatem BOURIAL

Source : http://www.letemps.com.tn/


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