MOKHTAR HACHICHA : UN ARTISTE ÉCLECTIQUE ET UN PRODUCTEUR PROLIFIQUE (2)

©La Presse de Tunisie

Les pionniers du théâtre et de la TV en Tunisie

Par Tahar Melligi – La Presse de Tunisie.

De l’avis même des spécialistes, Mokhtar Hachicha a été le producteur radiophonique le plus prolifique de sa génération.

Voici une brève compilation non exhaustive de ses émissions : Ma nkhabich alik (Je ne vous le cache pas), Amama el meraât ou (Face au miroir), Houet el adab (Jeunes littérateurs), Maouêd al khamis (Je rendez-vous du jeudi), Gafla tessir (Caravane en marche), Fin kounna ou fin sbahna (Là où nous étions et là où nous sommes), Ma bin el khima wel aïn (Entre la tente et la source), Ma bin el Mechri wel Béchir ou (Entre Mechri et Béchir), Ma bin El Machrek wel Maghreb (Entre l’Orient et l’Occident), Haïthou ana (Il est temps), Al masrah assaghir (Le petit théâtre), Sidi hadher ya chakeya (La plainte est prête), Sallek el wahlin (Le dépanneur), Sandouk ajeb (Boîte à merveilles), Makamet cheikh Alya, Kalet Chahrazed (Shérazade disait…), Min wara el khayel (Au-delà de la fiction).

Hédi Semlali, l’immortel humoriste, eut même cette boutade sur le compte de Mokhtar Hachicha, en plein public, sur scène, en parodiant les artistes les plus célèbres : «Si Mokhtar Hachicha ? Eh bien lui, on devrait lui passer les clés de la maison de la Radio une bonne fois pour toutes».

Sensibilité poétique

Mokhtar Hachicha était également parolier de chansons en arabe littéraire, en dialectal et en langue bédouine.

Il traitait de thèmes sociaux, sentimentaux et patriotiques.

Parmi un flot de productions, nous citerons les chansons suivantes :

  • Arqoub el khir aroustna, chantée par Oulaya sur une musique de Ouanès Kraïem
  • Oulaya repris de Mokhtar Hachicha deux autres chansons composées par Maurice Meïmoun Belli el youm enhibou et Nehmel hiati ou chouaia.
  • Kaletli alech ettanhida, composée et chantée par Ali Riahi
  • Naâma, elle, hérita de cinq chansons de Mokhtar Hachicha, Ma sala, Béni ou binek, toutes deux composées par Ouanès Kraïem
  • Yahlali adhabi fi houbou, Fin hawak et Tehlef qalbak laya, toutes composées par Maurice Meïmoun
  • Ya layimni, composée et chantée par Ezzeddine Idir
  • Habitek bel ghash alaya sur une musique de Maurice Meïmoun, Ahl el hawa wa chaouq musique de Ouanès Kraïem furent interprétées par Youssef Témimi.

Mokhtar Hachicha écrivit également pour Ahmed Hamza, Zouheïra Salem, Selma, Aïcha, Mustapha Charfi, Mohamed El Euch, Mohamed Ferchichi.

Par ailleurs, le service des variétés et du théâtre à la Radio était à un tel point prolifique que l’on pouvait compter jusqu’à trente émissions par semaine.

À la télévision

A la télévision, Mokhtar Hachicha interpréta les premiers rôles de nombreuses productions et refusait gentiment les rôles qui ne lui convenaient pas.

Sa plus grande réussite aura été le rôle du procureur dans la série télévisée Mahkama wa baâd (Tribunal et après) de l’écrivain Mohamed Hammami, dans une réalisation de Abderrazzak Hammami.

Beaucoup de téléspectateurs crurent même que notre comédien était réellement procureur dans la vie de tous les jours.

Au cinéma

Au cinéma, Mokhtar Hachicha joua notamment dans le film Les fellagas de Omar Khélifi. Une coproducteur tuniso-bulgare de 1970, projetée pour la première fois le 26 novembre de la même année, au cinéma Le Palmarium.

Dans Les fellagas, il incarna le rôle de Moussa, chef des résistants, et avait à ses côtés : Habib Chaâri, Lakhdhar Souid, Mongia Taboubi, Omar et Farouk Khlifi, Lewis Ditzel, Brahim Ezzidi et Ben Rejeb.

Toujours sous la conduite de Omar Khlifi, il joua dans Sourakh (Hurlements), avec pour partenaires : Mohamed Darragi, Hassiba Rochdy, Anissa Lotfi, Salwa Mohamed, Manoubia, Zohra Faïza, Jamila Ourabi, Ahmed Zaïli, Ezzeddine Brika, Abdallah Chahed et Habib Chaâri.

La première de Sourakh eut lieu à la cinémathèque d’Alger le 10 octobre 1973, et au cinéma Le Mondial à Tunis.

Mokhtar Hachicha joua le premier rôle dans le film Farda ou lkat okhtaha (Deux larrons en folie) avec Lamine Nahdi et Mohamed Ben Ali, dans une réalisation de Aly Mansour sous la direction duquel il joua un téléfilm Sirr khalf al bab (Le secret est derrière la porte) avec Hassen Khalsi inspiré d’un film du maître du suspense Alfred Hitchcok (Le crime était presque parfait).

Derniers vers d’un homme bon

Dans l’une de ses dernières chansons, Mokhtar Hachicha écrivait :

  • Après l’exil et le long combat
  • Je reviens victorieux à la mère de mes enfants
  • Que les années semblèrent interminables, si loin
  • Moi, ici, elle là-bas
  • La nostalgie pour mes enfants emplissant mes sens.
  • Et notre poête ne pouvait mieux écrire, puisque cet exil allait être définitif et éternel.

Mokhtar Hachicha rendit l’âme le 17 septembre 1983, laissant le souvenir d’un homme bon et digne, au-delà de la profusion de ses œuvres artistiques et de cette singulière facilité de création.

La voix du «procureur» se tut à jamais.

T.M.

La Presse de Tunisie


 

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