Le cinéaste a été «lynché» lundi lors d’une attaque de colons israéliens armés à son domicile en Cisjordanie occupée, avant d’être arrêté par l’armée. Il a été relâché ce mardi 25 mars.
Par Charles Delouche-Bertolasi – Libération – publié le 24 mars 2025
Ce n’est pas la première attaque visant Hamdan Ballal, mais cette fois-ci le réalisateur palestinien a terminé entre les mains de l’armée israélienne. Ce lundi 24 mars, selon plusieurs témoins, le militant, coréalisateur du documentaire «No Other Land» récompensé cette année aux Oscars, a été arrêté par Tsahal après que des colons aient attaqué sa maison. Il est sorti de détention ce mardi 25 mars, selon The Guardian.
Hamdan Ballal a quitté avec deux autres Palestiniens le poste de police de la colonie de Kiryat Arba, en Cisjordanie, où ils étaient détenus, selon The Guardian. Le cinéaste présentait des ecchymoses sur le visage et du sang sur ses vêtements. D’après son avocat, les trois hommes ont passé la nuit sur le sol d’une base militaire, alors qu’ils souffraient de graves blessures subies lors de l’attaque.
Selon plusieurs activistes juifs présents sur place dénonçant la politique d’expansion d’Israël en Cisjordanie, la maison de Hamdan Ballal située dans le village palestinien de Susya, au sud de la Cisjordanie, a été encerclée et attaquée par un groupe composé d’une quinzaine de colons.
Le cinéaste a été extrait d’une ambulance
L’attaque a commencé vers 18 heures dans ce petit village situé dans la région de Masafer Yatta, au sud d’Hébron. «Ils ont commencé à jeter des pierres sur les Palestiniens et ont détruit un réservoir d’eau près de la maison de Hamdan», a fait savoir auprès du journal britannique The Guardian l’un des militants du Centre pour la non-violence juive.
Les témoins ajoutent qu’un groupe de soldats est finalement arrivé peu de temps après le début de l’attaque sur les lieux, en compagnie d’autres colons vêtus d’uniformes de Tsahal. Alors que Ballal était évacué en ambulance pour y être soigné, des soldats israéliens ont arrêté le véhicule, rapporte le journal israélien Haaretz. Selon des habitants, les soldats qui l’ont arrêté appartenaient à une unité d’intervention rapide composée de colons des colonies voisines. L’unité l’a ensuite remis à d’autres soldats. Selon plusieurs témoins, le militant palestinien était blessé lorsqu’il a été emmené par l’armée.
De son côté, Tsahal assure, sur la base de témoins puisqu’aucun soldat n’était présent au départ, que ce sont les Palestiniens qui sont à l’origine de la confrontation avec les colons. Trois Palestiniens ont été arrêtés selon eux, dont Hamdan Ballal, et aucun n’aurait été blessé ni embarqué dans une ambulance.
Pourtant, Yuval Abraham, coréalisateur israélien du film, a écrit ce lundi sur X que Ballal avait été «lynché» et qu’il présentait des blessures à la tête et au ventre. Il a ajouté qu’on ignorait où il se trouvait et s’il recevait des soins médicaux. «Je me tiens aux côtés de Karam, le fils de 7 ans d’Hamdan, près du sang d’Hamdan dans sa maison, après son lynchage par des colons. Hamdan, coréalisateur de notre film «No Other Land», est toujours porté disparu après avoir été enlevé par des soldats, blessé et en sang. Voici comment ils effacent Masafer Yatta», a écrit Basel Adra. En février dernier, Basel Adra avait également été encerclé et attaqué par des colons israéliens masqués. «Les colons ont détruit sa voiture à coups de pierres et ont crevé un pneu», a par ailleurs ajouté un autre témoin à The Guardian, photo à l’appui. «Toutes les vitres et tous les pare-brise ont été brisés».
Un film documentaire qui a suscité un tollé en Israël
Ce n’est pas la première fois que les réalisateurs et les membres de l’équipe de No Other Land sont attaqués par des colons. Tourné entre 2019 et 2023 en Cisjordanie, le documentaire cosigné par un quatuor israélo-palestinien raconte la résistance courageuse des habitants de Masafer Yatta, étouffés par la colonisation de l’état hébreu.
Le film No Other Land a suscité un tollé en Israël suite aux discours des lauréats au Festival international du Film de Berlin, appelant à un cessez-le-feu à Gaza et suppliant le gouvernement allemand de cesser de fournir des armes à Israël. De son côté, le ministre israélien de la Culture a qualifié la victoire aux Oscars du documentaire israélo-palestinien de «moment triste pour le monde du cinéma».
Mis à jour : à 15h36 avec la libération du cinéaste.
Source : https://www.liberation.fr/
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