Par Neila Gharbi pour cinematunisien.com
«Mouch Fi Thniti» (Ce n’est pas ma direction), long-métrage de 75′, est une nouvelle comédie dramatique produite par le groupement Gobantini et FBR Production, avec dans les principaux rôles Sameh Sankari, Ramzi Abdeljawed, Bilel Slatnia, Kaouther Dhaouadi, Mohamed Doghman et Mohamed Ali Tounsi. Le film pêche par un scénario faible. Sans forme, ni fond où tout est attendu. Les événements manquent de crédibilité.
Le réalisateur Nabil Barkati tresse, dans ce premier long-métrage produit sans l’aide du ministère de la Culture, un récit dans lequel il combine plusieurs genres sans créer d’osmose entre eux. Ce n’est ni une comédie, ni un drame, ni un thriller, ni un film politique. Le rapport à l’époque du règne de Ben Ali est caricatural. Des clichés à gogo. Sur ce plan, le réalisateur fait la part belle aux soirées dans les cabarets, les relations complices entre une prostituée et des agents de sécurité et la vengeance dans les milieux louches des affaires dans des séquences séparées qui n’ont pas de lien entre elles en conduisant le récit vers un climax attendu : la naissance d’un bébé dénommé «Rabii» (allusion au nouveau Printemps qu’est la révolution).
Le jeu des acteurs, mal dirigés d’ailleurs, est cadenassé. Il y a trop d’exposition pour pas grand-chose. Les personnages se multiplient sans qu’aucun ne parvienne à suggérer une véritable consistance. La conduite du jeu d’acteurs est à tout point de vue problématique et la balourdise du dispositif cinématographique, de l’écriture au cadrage en passant par le montage, permettent de le classer dans le rayon des flops.
Le taxiste qui abandonne sa femme sur le point d’accoucher à cause d’une dispute banale sur le choix du nom du nouveau-né, la prostituée qui se trémousse sur son lit avec un verre de vin à la main dans l’attente d’un client, les deux faux religieux cinglés en train de se shooter à la coke au coin d’une rue, la riche femme d’affaires influente qui mène une filature contre son mari qui la trompe avec une potiche et qui cherche à se venger de lui en ordonnant au taxiste de le tuer, le duo de policiers qui sent le fake de loin. On découvre ensuite l’existence d’un dossier compromettant contenant des plans qui visent à détruire le pays. C’est bien simple, tout sent le faux. Le scénario semble s’inspirer d’une histoire radiophonique de «Nahj Tribunal» (La rue du Tribunal) présentée par la voix reconnaissable entre toute autre celle de Mohamed Sayari qui, au milieu du film, devient subitement le narrateur. Les situations arrivent juste sans raison et sans aucun développement.
L’intention du film est de nous dire que, sous le régime de Ben Ali, tout le monde est corrompu, mais le propos et les thèmes abordés sont convenus. Le taxiste qui fait le lien entre tous les personnages se confronte à des problèmes qui le dépassent. Cela n’a rien d’intéressant en soi. On se demande clairement le choix de traiter de front un sujet qui dépasse les capacités de son auteur et n’apporte aucune originalité. Pendant plus de la moitié du film, on ne voit pratiquement rien. Le film n’a pas été rattrapé par les acteurs, mais on ne peut pas leur demander l’impossible. C’est un véritable désastre.
Neila Gharbi
Bande-annonce du film
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