SALWA, D’INÈS BEN OTHMAN, INTERDIT DE PROJECTION EN SALLE AU FESTIVAL DU COURT-MÉTRAGE D’ALEXANDRIE

TUNIS, 10 févr. 2022 (TAP) – Le film de fiction «Salwa», de la Tunisienne Inès Ben Othman, récemment sélectionné en compétition internationale de la 8ème édition du Festival du court-métrage d’Alexandrie, est interdit de projection en salle mais sera maintenu dans la course aux Trophées, a fait savoir la réalisatrice dans une déclaration à l’agence TAP.

Malgré la censure et à l’invitation du comité d’organisation, Inès Ben Othman s’apprête à partir en Égypte pour assister au Festival qui démarre aujourd’hui, dans la ville d’Alexandrie. Elle a exprimé sa déception de voir son film écarté de projection et de ne pas pouvoir le présenter au public égyptien.

Elle a estimé qu’«aucun prix ne vaut ce moment si privilégié pour le réalisateur de voir la réaction des spectateurs à l’issue de la projection». Et d’ajouter, «beaucoup plus que le palmarès, un film est, avant tout, fait pour être vu».

Ben Othman a été informée par la direction du Festival, organisé du 10 au 16 février 2022, que le haut Comité de sélection au Festival avait décidé d’annuler la projection de son film au public du Festival, lit-on dans une copie de l’e-mail reçue par la réalisatrice en date du 8 février courant.

Les décisions de ce haut Comité consultatif sont irréversible, ajoute la même source, citant «des raisons qui échappent à sa volonté». La direction du Festival indique avoir eu, «exceptionnellement, l’accord du haut Comité en vue de maintenir le film dans la course aux trophées de la compétition internationale».

«Salwa» fait partie d’une sélection de 16 films dont quatre coproductions, qui représentent l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, la Chine, l’Égypte, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique, la France, la Hongrie, l’Italie, le Mexique et la Russie. Le film qui fera sa première mondiale à «Alexandria short film Festival» sera ainsi présenté uniquement devant le jury de cette compétition.

La direction du Festival regrette une décision «prise assez tardivement par le haut Comité, après l’annonce des films sélectionnés pour cette édition», tout en assurant la réalisatrice que son film va concourir «normalement avec les autres films de la compétition internationale et sera traité équitablement par le jury».

Auparavant, le Comité de sélection des films en compétition officielle avait émis un avis favorable sur le film «Salwa», saluant «la qualité artistique et la force scénaristique de cette fiction à tracer les contours des personnages travers de belles images», a fait savoir la direction du Festival.

«Salwa», (19′), est une adaptation cinématographique d’une nouvelle en arabe de l’écrivain tunisien Lassaad Ben Hsin «Wahm Leylet hob», ou «L’illusion d’une nuit d’amour» en français, qui est produite avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image (CNCI).

Le film a été coproduit avec Ulysson dans le cadre des Journées cinématographiques 2021, dans le cadre d’un projet de quatre courts-métrages adaptés de quatre nouvelles d’écrivains tunisiens.

Quatre producteurs ont été sélectionnés pour la production exécutive de ces films sous la bannière «Adaptations cinématographiques d’une nouvelle puisée dans la production ou le patrimoine littéraire tunisien».

Selon le synopsis publié sur le site des JCC, «Salwa» aborde l’histoire d’une jeune femme, d’une trentaine d’années, qui travaille comme prostituée. Le titre reprend le nom du personnage principal, Salwa, qui prend congé «pour partir à la recherche d’une nuit d’amour, en espérant recoller l’enfant fragmenté qui est en elle».

L’actrice Rym El Banna est à l’affiche de ce court-métrage, avec un casting composé de Imed Guesmi, Maryem Bannani, Imed Badarjah et Alaa Ben Hamed.

Inès Ben Othman est auteure de deux autres fictions, «Fantasmes» (2008) et «D’amour et d’eau fraîche» (2011), et trois documentaires, «Cinéma vu par… entre deux rives» (2012), «Saïda» (2013), «Attitude» (2016). Dans la fiction «Salwa» comme dans ses films, la jeune réalisatrice adopte une approche cinématographique audacieuse en faveur des plus démunis, tout en mettant à nu les tabous de la société.

Un autre film tunisien est sélectionné à ce rendez-vous des professionnels du film autour du court-métrage qu’abrite annuellement la ville d’Alexandrie en Égypte. Il s’agit de «Korrinty» (23′) de Aziz Chennaoui, sélectionné en compétition arabe, qui sera présenté en avant-première africaine, parmi huit autres films représentant le Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, le Liban, l’Égypte, la Syrie, et l’Arabie Saoudite et le Canada à travers deux coproductions.

Les deux films tunisiens figurent dans la compétition officielle du Festival, dont l’annonce a été faite au cours des derniers jours, entre le 29 janvier et le 2 février.

Un hommage sera rendu à l’actrice tunisienne Fatma Ben Saïdane, a annoncé le site du Festival du court-métrage d’Alexandrie qui rappelle sa grande contribution dans la promotion du court-métrage à travers ses rôles dans des films comme «Bolbol» et «Hourra» présentés au cours de sa 6ème édition.

En guise de reconnaissance à son long parcours dans le cinéma, le théâtre et la télévision, elle recevra le Trophée honorifique Haypatia. Cet hommage lui sera rendu aux côtés du célèbre compositeur égyptien Khaled Hammed avec son œuvre musicale distinguée. Cet artiste est auteur d’une quarantaine de musiques de films et séries télévisées égyptiennes.

Au line up du Festival du court-métrage d’Alexandrie figure une sélection de films, dont certains en première mondiale, en lice pour les prix des compétitions internationale, arabe, fiction, documentaire et des films d’animation. Une autre compétition est dédiée aux films des étudiants dans les écoles de cinéma en Égypte.

Baptisé au nom de la célèbre philosophe grecque ayant vécu à Alexandrie entre 350 et 370 avant J.-C, le Trophée Haypatia est la plus haute distinction décernée aux lauréats dans les différentes compétitions de la sélection officielle. Depuis sa première édition en 2015, le Festival est devenu une plateforme d’envergure pour la promotion du court-métrage en région arabe et dans le monde.

La question de la censure dans le cinéma arabe refait souvent surface et l’interdiction de projection en salle faite au film «Salwa» ne fait pas l’exception. Des cas de censure sont plusieurs fois constatés dans les festivals de film ou dans les salles pour des œuvres filmiques jugées trop audacieuses ou abordant certaines questions taboues qui ne coïncident pas avec les valeurs sociétales.

Faty

Source : https://www.tap.info.tn/


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