ZBEIDA BELHAJAMOR, UN TALENT SOUFFLANT COMME UNE BOURRASQUE

© Pyramide Distribution

Par Mehdi OMAIS – www.journaldesfemmes.fr – 30/08/21

Dans Une Histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, en salles le 1er septembre, Zbeida Belhajamor embrase l’écran sous les traits d’une étudiante en lettres à la Sorbonne, expansive et vivante, dont va s’enticher un héros timide et chaste. Portrait d’une comédienne qui a déjà tout pour aller à la conquête du cinéma.

«On ne peut que céder au désir» lance Zbeida Belhajamor, avec un accent chantonnant au parfum de soleil. Ce constat vieux comme l’humanité, commenté au gré des arts et des siècles, traverse de toute sa flamme Une Histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, dans lequel la jeune Tunisienne trouve son tout premier rôle au cinéma. Mais c’est aussi ce que la brune pétulante, à la chevelure foisonnante comme des océans dansants, a expérimenté à titre personnel, elle qui ne s’est abandonnée que tout récemment à son obsession d’enfance : jouer la comédie. «Petite, j’ai toujours voulu me montrer. Je jouais des scènes devant mes parents, j’avais envie de les impressionner, qu’ils se disent : elle se débrouille bien la petite.

Zbeida Belhajamor, Tunisienne bercée par la Culture

Née le 1er décembre 1999 à Tunis, d’un père consultant dans la gestion et d’une mère employée du ministère de l’équipement et de l’habitat, Zbeida Belhajamor évoque, le sourire presque audible, une enfance gorgée de livres, de musiques, de films. « La culture aide à voir plus loin, à bousculer les codes, à se poser des questions. J’ai été biberonnée à tout ça très tôt dans ma vie, et c’est ce qui a fait ce que je suis et ce que j’aime« , assure-t-elle.
Dans une famille très cinéphile, elle découvre tôt les longs-métrages de réalisateurs pointus tels que Krzysztof Kieślowski (son préféré), Andreï Tarkovski ou Ingmar Bergman. «J’ai toujours été très attirée par les films d’auteur. Pendant les vacances, j’en regardais trois par jour, c’était ma came. Je voulais décortiquer le septième Art pour savoir ce qui me plaisait, ce qui me touchait».

Zbeida Belhajamor ne fait pas de vagues, mais brûle les planches

«Au lycée, j‘étais plutôt sage et, en grande rêveuse que j’étais et que je suis encore, je me trouvais constamment immergée dans mon petit monde« . Un espace mental qui, parallèlement à l’écriture qu’elle pratique dans des carnets, lui sert de réceptacle à des questions telles que : quel sera mon futur ? Où ai-je envie d’aller plus tard ? Quel métier dois-je faire ?
Si elle s’essaye à la danse, au chant ou à la guitare (avec un passage au Conservatoire), c’est le théâtre qui retient toute son attention. Fascinée par les cours que prend sa mère, elle saute le pas. «Ça m’a forgée, m’a donné encore plus confiance en moi», soutient-elle, en louant son apprentissage, dès l’âge de 12 ans, au contact de grands noms de la scène nationale tunisienne, dont le dramaturge Taoufik Jebali. La cinéaste Leyla Bouzid, en plein casting de son premier film À Peine j’ouvre les yeux, la repère à ce moment. «J’étais hélas trop jeune, j’avais 14 ans».

Paris, ville-lumière, en mire

Quelques années plus tard, Leyla Bouzid la contacte pour le rôle de Farah dans sa seconde réalisation, Une Histoire d’amour et de désir, persuadée que sa tunisianité servirait à merveille ce personnage de jeune femme débarquée à Paris pour ses études, libre, conquérante, forte et prête à renverser le cœur d’Ahmed sur les bancs de la Sorbonne. «Cette tunisianité, c’est le langage qu’on a, très chantant, la gestuelle corporelle aussi, le côté très chaleureux, le fait qu’on parle fort…», explique Belhajamor. Elle accepte illico la proposition de Leyla Bouzid, mettant ainsi un terme à ses études à l’École supérieure des Sciences et Technologies du Design. Elle est alors fin prête à rallier Paris pour vivre son rêve d’actrice, jouer dans ce film et poursuivre une vraie formation de théâtre. «Dans le fond, j’ai la même trajectoire que Farah en ce moment, mais sans l’histoire d’amour, lâche-t-elle en riant. Ce genre de femme existe de plus en plus, il y en a plein et il faut les montrer. Je partage avec elle son élan de vie, sa quête d’absolu, c’est quelqu’un d’euphorique, qui a envie de découvrir, d’ouvrir les portes…».

Enthousiasmée par cette première expérience  – «J’étais éblouie et éprise du tournage, de l’ambiance, de la douceur de Leyla et de sa manière de diriger, de son regard oriental, j’avais l’impression d’une osmose totale» –, cette fan de Romy Schneider et de Cate Blanchett savoure désormais sa nouvelle vie parisienne, faite pour l’heure d’euphorie et de paperasses administratives, qu’elle voudrait être la rampe de lancement de son cheminement artistique. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, avec à la clé, peut-être, l’amour au coin des rues de Paris, « une ville qui me parle, qui m’appelle et qui va bien avec mon monde intérieur« .
Dernière chose : la personne qui saura être au rendez-vous de son cœur devra brandir sa plume car Zbeida Belhajamor, triste de ne pas être née à une autre époque, adore les échanges épistolaires. Comme son personnage Farah, encore.

Mehdi Omaïs – le 30/08/21

Source : https://www.journaldesfemmes.fr/


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire