SIDI BOUHLEL, DE RIDHA BEN HALIMA : L’APPEL DU SUD

Par Hayet Gharbi – Publié dans Le Temps le 04 – 05 – 2013

Hier après-midi, la Maison de la Culture Ibn Rachiq a projeté en avant-première le documentaire «Sidi Bouhlel», du cinéaste-amateur  Ridha Ben Halima. Produit par 2M Prod, le film proposé à l’occasion du mois du patrimoine s’intéresse à la zaouia  de Sidi Bouhlel, située dans un village lointain de la région du Djérid au sud de la Tunisie.

Ethymologiquement, le mot zaouia  signifie un coin propice à l’isolement et au recueillement. Les zaouias, ou marabouts, sont généralement situés dans des bourgades lointaines, dans les montagnes où les saints se retirent pour la khouloua, solitude méditative. Ces zaouias ont vu le jour vers l’an VII de l’hégire, soit au 14ème siècle. Ce sont des endroits voués essentiellement à l’enseignement du Coran.

Ces zaouias sont des symboles identitaires auxquels la légende a accordé  des pouvoirs surnaturels. On attribue au marabout le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu. Ce qui est en réalité totalement faux. Ce sont des pieux, qui une fois arrivés au terme de leurs pérégrinations, s’isolent dans ces lieux et vouent le restant de leur vie à prêcher la bonne parole.

Depuis la révolution, ces zaouias ont été la cible des extrémistes religieux qui les ont soit dévastées soit incendiées,  ce qui a provoqué un choc chez les Tunisiens. Ces derniers estiment que ces établissements font partie du patrimoine culturel du pays et représentent un legs historique important qui doit être sauvegardé. C’est pourquoi le ministère de la Culture a dédié le mois du patrimoine (18 avril-18 mai) à ces espaces de culte populaire.

«Sidi Bouhlel» de Ridha Ben Halima s’inscrit lui aussi dans ce sillage de défense et de  protection  du patrimoine. Le film fait toute la lumière sur ce marabout qui fascine tant les habitants de la région. Outre Sidi Bouhlel, un autre saint attire les villageois, Sidi Ben Abbès. Les adeptes des confréries, et notamment de ces deux saints, sont tombés d’accord pour partager la semaine des célébrations et l’accomplissement des rites en alternant les fêtes.

Réalisé avec passion, le documentaire a pour but de sauvegarder un pan du patrimoine local matériel et immatériel où cohabitent dans une belle harmonie à la fois la culture musulmane et la culture berbère. Les montagnes, les flancs et le désert contribuent à la beauté des images filmées sans complaisance aucune comme sait toujours le faire Ridha Ben Halima.

Rappelons que Ridha Ben Halima est l’un des membres les plus actifs de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs (Club de Hammam-Lif), qui compte à son actif trois courts-métrages : «Le Tunnel (1983), «Ouyoun El Kalem» (2004) et «La Moitié fertile». Par ailleurs, il est l’un des rares cinéastes à ne pas passer au professionnalisme et a toujours voulu rester amateur. Pourtant ce n’est pas le talent qui lui manque.

Hayet Gharbi

Source : http://www.letemps.com.tn/


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