Par Meysem M. – La Presse de Tunisie – Ajouté le : 15-04-2016
D’emblée, les premières séquences du film n’annoncent rien de bon, hormis le mauvais jeu des acteurs, de nouveaux visages, dont celui de Samar Matoussi qui joue le rôle de l’héroïne Lilia.
Le nouveau long-métrage de Mohamed Zran, «Lilia, une fille tunisienne», vient de sortir dans nos salles au Colisée, Le Palace, Le Parnasse, L’Agora et El Hambra à La Marsa, Le Kram au Ciné Vogue, à Sousse au Palace et au Métropol à Menzel-Bourguiba. Projeté en première mondiale, au Festival international des Cinéastes à Londres, le 20 février dernier (remportant le prix du meilleur acteur décerné à Abdelkader Ben Saïd), son réalisateur le présente comme «une plaidoirie sur les droits de la femme».
Il y a d’abord le synopsis (très vague…) du film «Lilia» qui raconte l’histoire d’une jeune femme très moderne qui vit dans sa propre bulle, bien dans son époque, sans tenir compte des risques qu’elle encourt et qui peuvent lui jouer de sales tours au moment où le pays a failli perdre les acquis de la femme au lendemain des élections du 23 octobre 2011, qui ont amené les islamistes au pouvoir ; ensuite vient le nom du réalisateur Mohamed Zran qui a signé, entre autres, le fameux «Essaïda» en 1996, un film qui a marqué le cinéma tunisien, et dont le déroulement s‘est posé sur ce quartier populaire de Tunis pour parler de marginalisation et de la part maudite de la société. Zran n’a pas oublié, par la suite, de ramener sa lecture sur la révolution, une lecture à vif, certes, mais actuelle à travers son film «Dégage», et il y a le résultat à l’écran qui, malheureusement, déçoit à bien des égards tant au niveau du casting qu’au niveau du scénario, du dialogue, du jeu et de la direction des acteurs… et on comprend vite que l’énoncé est «racoleur» et n’a rien à voir avec le contenu du film…
D’emblée, les premières séquences du film n’annoncent rien de bon, hormis le mauvais jeu des acteurs, de nouveaux visages, dont celui de Samar Matoussi qui joue le rôle de l’héroïne Lilia, qui font leur première apparition sur le grand écran et qui ne risquent pas (normalement) de faire long feu. Aucune crédibilité ni sensibilité dans le jeu, la jeune fille joue le rôle de Lilia, une fille qui se veut frivole et rebelle élevée uniquement par sa mère (qui visiblement l’a eue jeune).
La figure du professeur de philosophie (campé par Abdelkader Ben Saïd) lance le film, un prof qui donne un cours sur le corps, en citant Descartes, Platon et Spinoza… la question du corps reviendra, d’ailleurs, souvent dans le film (celui de Lilia dévoilé comme objet de convoitise et de tentation), mais sans véritables fondements ni alibis, que ce soit sur le plan esthétique ou narratif encore moins philosophique…La jeune fille finit vite par s’enticher du jeune amant de sa mère et essayera de le «séduire» et c’est là que ça dégénère en homicide…On se retrouve face à un méli-mélo d’évènements qui, voulant (peut-être?) faire dans l’esthétique de l’absurde, virent dans l’insipide et dans le futile. Les homicides et autres violences s’enchaînent toujours autour de la jeune fille (la figure du corps comme tentation et source du mal) et avec elles autres séquences greffées avec une pointe d’humour (plutôt ratées et qui n’apportent rien à la narration) avec le personnage de l’homosexuel qui s’avère ne l’être qu’en apparence, campé par Moez Baatour, drôle et enjoué comme pour atténuer la tension…
La déception s’enchaîne de séquence en séquence, jusqu’à faire dans l’amateurisme grossier et dérangeant. On a l’impression que le réalisateur, dépassé, s’est perdu dans le fil du scénario; ne sachant plus quoi en faire pour finir, malheureusement et il faut le dire, par sombrer dans le ridicule et l’insipide…
Auteur : Meysem M.
Ajouté le : 15-04-2016
Source : http://www.lapresse.tn/
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