HIBA DHAOUADI — RÉALISATRICE DU DOCUMENTAIRE «GIRL OF THE MOON», PREMIER LONG-MÉTRAGE : «J’AIME BRISER LES TABOUS»

Par : Karray Bradai – La Presse de Tunisie – Ajouté le : 26-12-2018

La relève est là. Tlatli et Baccar sont heureuses de voir l’éclosion de plusieurs réalisatrices, telles que Nada Mezni Hfaïedh, Lilya Bouzid, Nadia El Fani et autres Kaouther Ben Hnia et Hiba Dhaouadi. Cette dernière a confirmé son professionnalisme dans la réalisation de son premier long-métrage documentaire «La fille de la lune» qui a été présenté hors compétition aux dernières Journées Cinématographiques de Carthage 2018.

Hiba Dhaouadi est une réalisatrice rebelle et indépendante qui aime briser les tabous qui bloquent la société. Elle a réussi à réaliser son film, «La Fille de la lune», grâce à sa persévérance et à sa lutte personnelle. Hiba Dhaouadi est née pour le cinéma. Avec sa manière de voir les choses, elle est sur le bon chemin pour la prospérité du cinéma tunisien, qui a gagné en crédibilité.

C’est votre premier long-métrage en tant que réalisatrice, mais vous avez déjà collaboré à plusieurs films auparavant. Parlez-nous de votre parcours avant «La Fille de la lune»…

  • J’ai un parcours super autodidacte. J’ai commencé à travailler aux USA et en Europe. Et puis, j’ai rencontré Nadia Mezni Hfaïedh. Je suis devenue assistante-réalisatrice de son feuilleton «Histoires tunisiennes». J’ai rencontré ainsi toute une bande qui m’a encouragée.

Et faire un premier long-métrage en tant que réalisatrice, c’est quelque chose qui vous trottait dans la tête depuis un moment ?

  • C’était un vrai rêve, j’en avais envie, mais c’était un désir de tenir un projet pendant des années. Donc, j’ai mis six ans à passer de l’autre côté.

Je travaillais sur le projet de mon film depuis six ans, j’ai été choquée après avoir vu une émission documentaire sur Hannibal TV, en 2009, sur les enfants de la lune. Depuis, j’ai décidé de réaliser ce film et raconter sans détour le calvaire de cette communauté marginalisée, mise à l’écart en Tunisie.

Comment avez-vous fait pour avoir le budget adéquat pour réaliser ce film ?

  • Après six ans de travail, de recherche et surtout de patience, j’ai enfin réalisé mon premier long-métrage «La Fille de la lune», grâce à la bienveillance de la productrice Nadia Mezni Hfaïedh et Leyth Production de Slim Hfaïedh qui m’ont énormément aidée à produire ce film. J’ai été aussi soutenue par «le Prix Rambourg fondation pour l’art et la culture» , «Chicken egg pictures», ainsi que l’Association d’aide aux enfants de la lune qui assiste les enfants atteints de cette pathologie mortelle.

Quelle est la trame de votre film, qui va sortir en 2019 ?

  • Le film dure 63 minutes et dévoile la vie peu ordinaire et surtout difficile de Lamia, Aya et Sihem, marginalisées. Elles sont mises à l’écart en Tunisie. Ma caméra a mis en exergue leurs combats quotidiens, à travers des témoignages poignants; j’ai aussi filmé des séquences de leurs vies qui ne laissent pas indifférent.

Il est à souligner qu’en Tunisie, il y a environ mille enfants qui souffrent de Xéroderma Pigmentosum (soit le taux le plus élevé au monde), contre 70 enfants en France et 300 aux USA.

Malgré le fait que votre film ait été hors compétition, il a eu un énorme succès auprès d’un public connaisseur…

  • En effet, mon film a été projeté à la Cité de la Culture pendant les JCC 2018 et il a eu un succès éclatant.

Nous avons eu du mal à contenir un public cinéphile, venu très nombreux découvrir mon film. Ce fut pour moi un moment émouvant lorsque j’ai vu le public applaudir, les larmes aux yeux. Il a été touché par la souffrance physique et psychique de ces enfants de la lune.

Vous avez participé dernièrement au Festival international des films réalisés par des femmes. Que pensez-vous de cette expérience ?

  • A part les films réalisés par des réalisatrices, il y a eu un atelier de montage visant à soutenir de jeunes réalisatrices arabes qui font des films abordant les problèmes de leurs sociétés. Profitant de cette occasion, j’ai participé avec mon film «Girl of the moon». Ce fut une expérience enrichissante.

Avez-vous des projets pour l’avenir ?

  • J’aime faire des films à messages et poétiques. J’aime aussi briser les tabous avec ma vision et mon cinéma. Certes, en attendant la sortie de mon film «La Fille de la lune», prévue en 2019, je suis en train d’écrire un scénario pour un film de fiction.

Auteur : Karray Bradai – Ajouté le : 26-12-2018

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