TABLE RONDE À LA MC IBN KHALDOUN – «QUEL CINÉMA TUNISIEN APRÈS LA RÉVOLUTION ?»

Un miroir de la société

Inès BEN YOUSSEF – Publié dans Le Temps le 20 – 03 – 2011

Le redémarrage des tournages des films ne s’est pas encore fait. Compréhensible au vu de la situation instable dans laquelle le pays se trouvait au lendemain de la révolution. Un grand nombre de scénarios de longs et de courts métrages de fiction et de documentaires ont obtenu des aides à la production du ministère de la Culture. Les cinéastes sont en train de revoir leur scénario et d’apporter quelques modifications pour améliorer les séquences à tourner.

En attendant les prochains mois l’évolution du paysage cinématographique, le secteur a besoin d’une remise à niveau que tous les cinéastes ont souhaitée depuis des années. Le projet de réforme existe, il s’agit d’apporter quelques modifications sur certains points et de le mettre en action. Lors d’une réunion, tenue récemment au siège de l’Utica, les cinéastes ont exprimé leur volonté d’œuvrer pour le développement du secteur cinématographique par la mise au point d’une stratégie nationale de l’image englobant le cinéma, la télévision et les autres médias sous une seule tutelle.

Il est donc clair que de nouvelles perspectives s’offrent au cinéma tunisien dans un contexte de liberté enfin atteint. Désormais, les cinéastes doivent se prévaloir de plus d’audace et rompre avec les réflexes et les pratiques d’autrefois, pour proposer des œuvres proches des préoccupations des citoyens et des ambitions des spectateurs. Certaines associations ont commencé à œuvrer dans ce sens, à l’instar de l’Association tunisienne des cinéastes amateurs dont les membres ont tourné des documentaires sur les événements qui ont eu lieu au lendemain de la révolution, notamment les sit-in de la Kasbah ; l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique a organisé, pour sa part, une table ronde autour du thème : «Quel cinéma tunisien après la Révolution ?» qui a permis aux participants : Ikbal Zalila, Kamel Ben Ouanès, Mehrez Karoui, Habib Mestiri et d’autres… de débattre du rôle que doit jouer le cinéma dans la Tunisie de demain.

C’est ainsi que certains axes ont été examinés concernant la citoyenneté du cinéaste, le cinéma entre engagement et vocation artistique, la question de la décentralisation (produire dans les régions, enrichir le parc des salles) ainsi que les mécanismes à mobiliser pour une meilleure diffusion de la culture cinématographique. Même si les interventions et les débats n’ont pas abouti à des résultats probants, les participants ont fait un tour d’horizon sur le paysage cinématographique actuel après la Révolution. Celle-ci a permis à de nombreux cinéastes professionnels et amateurs de tourner plusieurs documentaires sur différents sujets ayant émergé à la suite de la Révolution, comme les sit-in de la Kasbah, les réfugiés de Ras Jedir et d’autres événements marquants.

La production cinématographique existe et se développe au gré de l’actualité. Sa diffusion est prévue à l’occasion de certains festivals comme le FIFAK pour les films amateurs ou le Festival de Hergla qui tiendra sa prochaine édition à Sidi Bouzid. La reprise de l’activité cinématographique est encore lente, mais les intervenants à cette table ronde sont confiants dans l’avenir et souhaitent que le secteur évolue selon des bases solides et efficaces.

Inès Ben Youssef

Source : http://www.letemps.com.tn/


 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire