FRANCE — 1° FESTIVAL DU FILM TUNISIEN À PARIS : ENTRETIEN AVEC MELIK KOCHBATI, DIRECTEUR DU FESTIVAL

©cinematunisien.com

«Le festival est né d’une demande très importante pour la culture tunisienne…»

Propos recueillis par Samira DAMILa Presse de Tunisie, 1° mars 2008

Comment est née l’idée du Festival ?

  • Cela fait maintenant plus de dix ans que je vis en France et l’absence de représentativité de la culture tunisienne m’a toujours paru incompréhensible, voire illogique. Il y a une très forte communauté tunisienne qui réside en France, qu’elle soit d’origine immigrée, estudiantine ou expatriée. Malgré cela, il y a très peu d’événements liés à la culture tunisienne. C’est donc en partant de ce constat, simple et logique, que l’idée d’une manifestation culturelle dédiée au cinéma tunisien nous est venue. C’est un constat qui est issu de l’adéquation entre une offre culturelle riche et de grande qualité, une demande très importante des Tunisiens et, de manière plus générale, des personnes intéressées par la Tunisie et sa culture.

Quels sont les objectifs de ce Festival ?

  • Ils sont multiples. Tout d’abord nous désirons créer un événement récurrent et régulier, de manière à entretenir le rapport culturel des Tunisiens résidant à Paris. De plus, nous désirons offrir une plus grande visibilité à la culture tunisienne, car elle est sous-représentée alors même qu’elle est très appréciée. Nous avons, pour ce faire, élargi la manifestation à la musique et à la photographie, et ce, avec la très aimable participation des groupes Neshez, Zemeken, de Haythem Achour, de Ziad Ben Youssef et du photographe Abdelaziz Belgaïd Hacine.
    Par ailleurs, ce Festival sera la preuve qu’il existe en dehors de la Tunisie un public, et donc un marché pour le cinéma et la culture tunisienne en général. Les films tunisiens sont peu ou mal distribués dans le réseau commercial en France, ce qui entretient le mythe que ce marché leur est hermétique. Cette situation est appelée à évoluer ; de notre côté, nous comptons sensibiliser de nombreux journalistes et professionnels français.
    Nous espérons, par ailleurs, sensibiliser un public français qui n’est pas encore initié à notre culture, et dont la curiosité n’a jusqu’à présent été que peu nourrie.
    Enfin, nous voulons offrir de la visibilité aux jeunes réalisateurs tunisiens, qui sont très talentueux et prometteurs.

Comment s’est fait le choix des films ?

  • Nous avons créé un comité qui comprend, entre autres, de jeunes réalisateurs. Notre préoccupation n’a pas été de sélectionner des films, tel que cela se conçoit dans les festivals proposant une compétition, car pour cette première édition il n’y en aura pas. Nous avons tenté de brasser large en qualité et de proposer au public des courts-métrages, des longs à découvrir ou à redécouvrir, des documentaires et le film d’animation Les Naufragés de Carthage. Cela nous a paru très important de proposer plusieurs genres, pour justement insister sur la richesse et la diversité du cinéma tunisien. Bien évidemment, nous étions tenus par des contraintes spatio-temporelles, si bien qu’il a fallu parfois trancher. Notre ambition étant de créer des rendez-vous réguliers également en cours d’année, nous proposerons au public parisien, lors de prochaines journées du cinéma tunisien à Paris, des films très sollicités et non programmés dans cette édition.

Quels publics ciblez- vous ?

  • Alors justement, nous ciblons un public assez large. Les films tunisiens ont une grande réputation auprès des cinéphiles. La culture tunisienne intéresse et passionne même des personnes qui lui sont étrangères de naissance. Grâce au système de pré- réservation que nous avons mis en place, nous pouvons identifier le profil des festivaliers. Parmi eux, un grand nombre de Français et Européens sont très enthousiastes, certains viendront même de villes de province pour assister aux projections.

Vos attentes ?

  • Nous nous attendons à ce que ce Festival soit le plus populaire possible, avec une forte fréquentation. Nous espérons aussi que cela ouvrira une brèche et que de nombreuses autres associations prendront le relais pour proposer ce type de manifestation dans d’autres villes ou pays.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées?

  • Avant de vous parler des difficultés, il me semble important de vous parler des soutiens. En premier lieu, s’il est des personnes sans qui tout ceci n’aurait pas existé, ce sont les producteurs et les réalisateurs tunisiens. À l’unanimité, tous nous ont soutenus et encouragés à organiser ce Festival. Leur aide nous a été capitale. Bien évidemment, d’autres soutiens non moins importants ont jalonné notre parcours.
    En ce qui concerne les difficultés, la principale que nous avons rencontrée est d’ordre financier. En effet, il a été très difficile de convaincre d’éventuels partenaires de soutenir financièrement cette initiative, ce qui, tout compte fait, est logique car c’est la première édition. Malgré tout, nous avons persévéré et même investi de nos deniers personnels pour créer cette manifestation. À ce titre, tous les membres de l’association Jeunes Tunisiens sont à féliciter.
    Au final, nous n’aurons qu’un seul regret, c’est de ne pas avoir pu inviter des réalisateurs qui résident en Tunisie, faute de budget pour leur transport.

L’apport de vos partenaires ?

  • Financièrement, un seul partenaire nous soutient (l’Acse), mais nous n’avons eu aucune difficulté à convaincre des partenaires en communication car l’événement leur semble à tous logique et prometteur. La mairie de Paris, l’Acse, le consulat de Tunisie à Pantin (en la personne du consul M. Taoufik Jabeur dont l’aide est précieuse), Bassem Lajmi (un web designer tunisien), Le Comptoir de Tunisie (M. Mehdi Djemmali), Africultures et deux radios (Radio Orient et Monte Carlo Doualiya) nous soutiennent.
    Tous nos partenaires nous offrent visibilité et crédibilité, et nous les remercions tous de croire en l’aventure.

Propos recueillis par SAMIRA DAMI

La Presse de Tunisie, 1° mars 2008

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