TAOUFIK ERRAIES : «DJERBA, MA DOUCE !…»

Propos recueillis par A.B.Y. – Le Renouveau du 22 avril 1995

Taoufik Erraïes a réalisé des courts-métrages réussis : «Borgaâ», «Sous le signe du poisson» et «Les Quatre saisons», produits tous par Imago Films. Il s’attaquera bientôt à un documentaire fleuve en cinq parties sur l’île de Djerba qu’il produira cette fois-ci lui-même.

Qu’est-ce que ce nouveau projet ?

  • Eh bien, c’est un documentaire fleuve en cinq parties de 26 minutes chacune sur l’île de Djerba. Son histoire d’hier et d’aujourd’hui. Je me base pour ce film sur les documents existants et mes connaissances personnelles puisque je suis originaire de l’île. J’ai réfléchi, puis écrit le scénario depuis cinq ans. Plus le temps passe, plus les choses à Djerba changent. C’est un projet qui devait être tourné dans l’urgence en raison des mutations qui se sont produites dans cette région. En effet, le tourisme a, outre les avantages économiques, nui à l’environnement de l’île. Les constructions des chaînes d’hôtels réalisées d’une manière anarchique ont défiguré le paysage. En l’espace de 25 ans, l’île est devenue méconnaissable.
    Même le silence, qui a été tant chanté par le poète, a été atteint de pollution.
    Surnommée «L’île jardin» jusqu’à la moitié de ce siècle, Djerba a décliné au fur et à mesure que le temps avance.
    Mon film se veut un appel à la sauvegarde de l’île pour que le tourisme continue à y fleurir.

À quant le tournage ?

  • Le tournage s’effectuera au cours des quatre saisons. Il durera une année entière. On tournera avec une équipe réduite de huit personnes. Le budget étant assez limité, je ne pense pas réaliser des plans tableaux (fictionnels) pour recréer une atmosphère disparue de nos jours.
    Je centrerai le film sur le travail artisanal de la laine, de l’argile, etc. Je saisis cette occasion pour saluer l’initiative du gouverneur de Médenine qui, au cours d’un colloque, a émis le souhait de voir inclure Djerba dans la liste des patrimoines universels de l’UNESCO.

Qu’en est-il du financement ?

  • Je suis au stade du bouclage de mon budget j’ai à ma disposition l’aide du ministère de la Culture, la participation de l’ERTT en prestations de service et potentiel technique.
    Je sollicite actuellement des aides de l’ATCE, l’ANP, le ministère du Tourisme, le gouvernorat de Médenine et la municipalité de Djerba. Ces soutiens une fois obtenus me permettront de prendre des prises de vues sous-marines et aériennes des sites .archéologiques et des vestiges historiques, ainsi que les hauts fonds et les oueds marins qui ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la région, je rêve de retrouver des sites disparus à jamais.

Pourquoi produisez-vous vous-même ce film ?

  • Parce que j’ai envie de le faire comme un peintre, en prenant tout mon temps. Chaque projet a un mode de production propre. Pour celui-ci, je ne veux pas qu’il y ait d’intermédiaire. Je veux décider moi-même de la manière de gérer mon budget. Djerba est un projet que je porte dans mon cœur. C’est une part de rêve…

Propos recueillis par : A.B.Y.

Source : Le Renouveau du 22 avril 1995


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire