JE BÂTIRAI SUR LA TERRE DE MES PÈRES

Je bâtirai sur la terre de mes pères

Pays : Tunisie – France

Réalisateurs : Chérifa Ben Achour, Pierre Salvet, Claude Beurret et Philippe Renard

  • Année : 1984
  • Durée : 40 mn
  • Format : 16 mm, couleur
  • Genre : documentaire

Co-production : Centre Social Chorrier-Berriat, FAS, ICEI, Atelier Cinéma du Dauphine et les réalisateurs.

Résumé :

  • Mohamed, ouvrier du bâtiment, originaire du Haut Atlas au Maroc, se propose de revenir chez lui, dans la vallée des Ayt Bou Guemez, pour y bâtir sa maison avec des matériaux et dans le style traditionnels, mais en y incorporant des éléments empruntés à l’habitat occidental. Il est très préoccupé par ses projets qui le poursuivent en toutes occasions.
    C’est le jour de l’Aïd, la fête du mouton, l’une des plus importantes de l’Islam. Après avoir accompli le sacrifice rituel du matin avec ses amis, dans l’espace restreint et peu favorable d’un foyer de travailleurs, Mohamed se rend à son travail, car il n’a pu malheureusement obtenir de congé pour toute la journée comme il l’espérait. Il se promet cependant de revenir rapidement pour prendre part malgré tout à la fête.
    En travaillant sur le chantier où il a été embauché, il pense sans cesse à sa future maison, notamment en termes de comparaison avec ce qu’il voit autour de lui, maisons déjà achevées ou en cours de construction ; il compare les formes des maisons : sa maison aura-t-elle un toit en pente ou en terrasse comme c’est l’habitude chez lui ? aura-t-elle de larges ouvertures vitrées ou devra-t-il se contenter de fentes étroites ? pourra-t-il même la construire isolément un peu à l’écart du village ?, leur équipement (il espère bien pouvoir installer une douche et des toilettes, voire une cuisine à l’occidentale à côté de la cuisine traditionnelle que réclame sa femme), les matériaux de construction (aura-t-il les moyens d’utiliser des parpaings de ciment, une dalle de béton, très chers dans sa vallée, ou devra-t-il se contenter de bâtir en pisé, comme la quasi-totalité des constructions actuelles de son pays, avec tous les avantages économiques et de confort que cela comporte malgré tout), les méthodes de construction (chez lui, on n’emploie pas de machines pour construire, tout est fait, transporté, mis en place par les hommes, ce qui a tout de même l’avantage de donner du travail à des gens du pays et d’être peu coûteux) ; bref, tout lui est prétexte à réfléchir sur son retour et ses projets.
    Alors qu’il s’apprête à mettre en place un lourd élément de coffrage métallique, il est victime d’un accident ; sa main droite, celle dont il a absolument besoin pour construire et vivre au pays, mais aussi pour pouvoir travailler en France et gagner sa vie et celle de sa famille, sa main droite est écrasée par la branche. Il perd connaissance.
    Commence alors un long voyage dans l’inconscient. Mohamed vit un rêve étrange, dans lequel il rencontre d’abord une «ogresse», qui lui a pris, croit-il, sa main et qui veut l’entraîner vers les tentations de la société de consommation, en lui faisant acheter toutes sortes d’objets inutiles pour sa future maison et en fait veut le détourner de son projet de retour au pays et de construction en utilisant formes et matériaux traditionnels… il lui cède tout d’abord, puis comprend qu’elle veut l’entraîner dans une direction contraire à celle qu’il avait choisie ; il lui résiste, la chasse, puis dialogue à distance avec sa femme restée au pays, rencontre enfin une «fée» qui lui inspire ce qu’il a à faire ; toujours en rêve, il comprend qu’il doit poursuivre obstinément son projet initial, construire au pays suivant la tradition mais en introduisant des éléments empruntés à la construction occidentale, s’intégrer à nouveau dans son village en le faisant évoluer dans le respect des us et coutumes, dans un véritable développement autonome d’une culture qui garde encore toute sa valeur.
    La scène finale se passe à l’hôpital, où Mohamed poursuit la rééducation de sa main avec obstination ; il dialogue avec Brahim, un jeune Algérien de la seconde génération qui ne connaît même pas son pays, sa langue, qui n’a pas de travail et qui est désespéré, car il ne voit pas de solution pour lui. Il dialogue avec son infirmière, une jeune femme pleine de bonne volonté et un peu naïve, qui découvre peu à peu les réalités de l’immigration et les problèmes du retour au pays. Mohamed lui fait part de ses projets, lui montre ses plans, lui explique comment il conciliera construction traditionnelle et améliorations inspirées de ce qu’il a vu en France, l’invite à venir voir le résultat…
    Mais la question reste posée : Mohamed retournera-t-il dans le Haut Atlas pour y bâtir sur la terre de ses pères ?
    (Perspectives Méditerranéennes – juin 1984).

 

 

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