KHALED HOUISSA (ACTEUR) À LA PRESSE : LA MÉDIOCRITÉ NE DOIT PAS ÊTRE UNE LOCOMOTIVE

Par Salem Trabelsi – La Presse de Tunisie – Publié sur 16/03/2020.

L’acteur Khaled Houissa est actuellement sur le tournage d’un film russe dans le Sud tunisien. On le verra également cette année dans le feuilleton «Machaer 2». Entre deux prises, il nous a accordé cette interview.

Pendant le mois de Ramadan vous reprendrez votre rôle dans «Machaer 2», mais pas dans «27», le feuilleton de la chaîne nationale. Pourquoi vous êtes-vous retiré ?

Je ne me suis pas retiré, puisque je ne me suis pas déjà engagé ! Avant la signature du contrat, j’ai décliné l’offre parce qu’on ne s’est pas mis d’accord sur le côté financier. Le projet est très intéressant, mais j’espère travailler avec Yosri Bouassida une autre fois.

Que vous ont apporté vos expériences sur des films étrangers ?

  • Beaucoup de maturité ! Cela m’a permis de corriger beaucoup de mes erreurs. Comme en Tunisie, on n’a pas une industrie de l’image ni un grand marché, c’est grâce à ces expériences qu’on peut évoluer.

Dans vos déclarations, vous parlez de problèmes d’écriture qui ne permettent pas à l’acteur de donner le meilleur de lui-même…

  • Effectivement, le problème d’écriture et de vision existe bel et bien. Il nous faut des écritures qui font exploser les moules habituels. Ça pose énormément de problèmes pour les acteurs qui ont de grandes capacités enfouies en eux. Heureusement qu’il y a une jeune génération qui monte et qui offre une nouvelle vision et une nouvelle écriture. L’autre problème qui se pose pour nous en Tunisie, c’est qu’une fois qu’il interprète un personnage réussi, l’acteur se trouve parfois emprisonné dans ce type de personnage et il n’y a pas pire pour étouffer le talent…
    En tout cas, c’est frustrant pour un bon acteur… Bon, il y a certains que ce type de clichés arrange, mais pas moi ! Un bon acteur est une pâte à modeler… Il nous faut des réalisateurs qui arrivent à briser ce cliché et à faire de l’acteur quelque chose de nouveau… Je comprends aussi le fait que certains réalisateurs ne veulent pas prendre de risques et que d’autres ont plutôt un souci technique plutôt qu’artistique.

Qu’est-ce qu’un bon rôle pour vous ?

  • Un bon rôle est un rôle qui me permet de véhiculer beaucoup d’émotions… À aucun moment on ne sent que cet acteur est en train de «jouer». C’est aussi un rôle qui s’exécute avec beaucoup de tripes et de générosité… C’est magique ! Mais un bon rôle dépend aussi de ceux qui vous donnent la réplique qui peuvent parfois tout diluer malheureusement…

Parmi les rôles que vous avez interprétés, quel est celui qui vous a le plus marqué ?

  • Tous sans exceptions ! Je les ai tous incarnés avec la même sincérité et le même engagement.

Selon vous, qu’est-ce qui manque à la Tunisie pour qu’elle puisse percer dans les créations audiovisuelles?

  • Les Tunisiens possèdent le talent de la création, ce qui manque c’est la volonté politique. Je remarque aussi que nous avons beaucoup de jeunes très créatifs au niveau de l’écriture et de l’imagination, mais malheureusement ils ne sont pas visibles et les médias ne les mettent pas en valeur. C’est comme si, en Tunisie, on n’avait que trois acteurs, deux humoristes et trois chanteurs !
    Parfois je ne me vois pas dans cette Tunisie, telle qu’elle est présentée. Il y a beaucoup de talents en Tunisie, mais ils sont malheureusement écrasés par le buzz. Il ne faut pas que la médiocrité devienne une locomotive. Derrière tout cela, il y a une volonté politique qui manque, c’est cette même volonté politique qui nous permettra de vendre nos sites pour les tournages étrangers par exemple. C’est cette même volonté qui permettra à nos attachés culturels dans le monde entier de véhiculer nos images. Y a-t-il un responsable politique qui se soit interrogé sur ce que font nos attachés culturels à l’étranger par exemple ? Tout cela c’est un projet d’État…

Source : https://lapresse.tn/


 

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