JCC 2020 : LA SESSION DU DÉFI

Par : Mouldi FEHRI – Paris, le 11.12.2020

En ces circonstances particulières et contraignantes que nous subissons au quotidien, à cause de la pandémie de Covid-19, la Tunisie s’apprête à organiser du 18 au 23 décembre 2020 la 31ème édition de son célèbre festival international de cinéma, les «Journées Cinématographiques de Carthage». Et cette nouvelle session n’échappe, malheureusement, pas aux dites contraintes, puisqu’elle sera tout aussi particulière dans sa conception et son contenu.

Pour la première fois de son histoire, cette fête annuelle du septième Art, que les Tunisiens et notamment les cinéphiles d’entre eux attendent généralement avec impatience, n’offrira pas à son public la compétition officielle à laquelle il a toujours été habitué.

En lieu et place de cela, la session 2020 prendra, en quelque sorte, la forme d’un «arrêt sur image» pour permettre à l’ensemble des participants et à toutes les parties concernées de revenir sur le passé de cette illustre manifestation, de réfléchir sur son actualité et d’envisager ensemble l’avenir qu’elle pourrait avoir avec (pourquoi pas ?) de nouvelles perspectives.

En tout cas, le programme annoncé semble assez dense, riche et varié. C’est du moins ce qui ressort de la conférence de presse organisée le 08.12.2020 à la «Cité de la culture» de Tunis par Ridha Behi (Directeur des JCC), Ibrahim El-Taief (Directeur artistique) et Slim Dargachi (Directeur du CNCI), et dont on peut retenir les principales activités suivantes :

  • Une sélection des longs et courts-métrages arabes et africains qui ont marqué l’histoire du festival ces cinquante-quatre dernières années.
  • Des soirées galas avec des films récents en première vison.
  • Des rencontres professionnelles, CHABAKA et TAKMIL, seront maintenues.
  • Un Forum consacré au devenir des JCC [Les JCC hier, aujourd’hui et demain].
  • Un hommage à quatre cinéastes, dont deux Tunisiens (SALMA BACCAR et ABDELTIF BEN AMMAR) et deux Africains (MED HONDO – MAURITANIE et DJIBRIL DIOP MAMBETTY – SÉNÉGAL)
  • Des manifestations riches et diversifiées destinées gratuitement au public fidèle et aux nombreux invités du festival.

Ceci étant, il faut tout de même signaler que la décision de maintenir cette session des JCC et de l’organiser sous cette forme exceptionnelle (en raison de la pandémie) ne semble pas bénéficier d’une adhésion totale et inconditionnelle de la part de l’ensemble des professionnels du cinéma et de tous les observateurs. Les avis sont plutôt partagés et les réseaux sociaux font état de pas mal de polémiques.

Face à ceux qui appuient cette démarche, plusieurs voix se sont, en effet, élevées pour la critiquer et considérer que le maintien des JCC 2020, malgré les restrictions d’ordre sanitaire, présente plus de risques que d’intérêts et constitue même un véritable gaspillage des fonds publics à un moment où le pays traverse une crise économique sans précédent. Ils trouvent à ce titre que le budget qui lui a été alloué aurait pu servir à aider le cinéma d’une façon plus intelligente.

Interrogée à ce sujet, la direction du festival répond toutefois avec beaucoup de sérénité et sans aucune hésitation que : «Cette décision n’a pas été prise par entêtement, mais par amour pour la vie… Nous allons défier la pandémie car nous tenons à la vie».

De notre côté et par amour pour le cinéma, nous ne pouvons que souhaiter plein de succès à cette version inédite des JCC et surtout que le public puisse en profiter au maximum [dans un strict respect des règles sanitaires], à un moment où toutes les autres activités culturelles sont perturbées.

© JCC Carthage Film Festival

Voici une sélection des sections prévues et des films au programme :

Coup de Cœur

  • Examen d’État (National Diploma), de Dieudo Hamadi (2014, République Démocratique de Congo).
  • C’est eux les Chiens, de Hicham Lasri (2014, Maroc).
  • Dans ma tête un rond-point, de Hassen Ferhani (2016, Algérie).
  • Ali Zaoua, prince de la rue, de Nabil Ayouch (2000, Maroc).
  • Soltane El Medina, de Moncef Dhouib (1992, Tunisie).
  • Les Sabots en or, de Nouri Bouzid (1988, Tunisie).
  • Le Vent» (Finyé), de Souleymane Cissé (1982, Mali).

Films d’ouverture

  • Baber House – au pays du Tararani, de Tarak Khalladi, inspiré de «Réverbère», un des trois volets de «Au pays du Tararani» de Hamouda Ben Halima, Hédi Ben Khalifa et Férid Boughedir, (1973).
  • Le Temps qui passe, de Sonia Chamkhi, inspiré de «Soleil des hyènes» de Ridha Béhi (1977).
  • Sur les traces de Saida, de Faouzi Chelbi, inspiré de «Saida» de Mohamed Zran (1996).
  • Manda, de Heifel Ben Youssef, inspiré de «Mandat» d’Ousmane Sembène (1968).
  • Noir 2, de Habib Mestiri, inspiré de «La Noire..3» d’ Ousmane Sembene (1966).
  • La Noce, de Alaeddin Abou Taleb, inspiré du film éponyme de Fadhel Jaziri et Fadhel Jaziri (1978).

Avant-premières

5 films (4 fictions et un documentaire) dont une seule œuvre en avant-première arabe et africaine

  • L’Homme qui a vendu sa peau, de Khaouther Ben Hania (Tunisie).
  • La Nuit des Rois, de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire), en avant-première arabe et africaine.
  • 200 mètres, d’Ameen Nayfeh (Palestine).
  • Harba, de Ghazi Zaghbani (Tunisie).
  • Disqualifié, de Hamza Ouni (Tunisie).

Carte blanche

  • Tlamess, de Ala Eddine Slim (2019, Tunisie)
  • Benzine, de Sarra Laabidi (2018, Tunisie)
  • Des Étoiles, de Dyana Gaye (2016, Sénégal)
  • En Route pour le milliard, de Dieudo Hamadi (2020, République Démocratique de Congo).


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