FÉRID BOUGHEDIR LE CINÉASTE DE LA MODERNITÉ – PORTRAIT

Par Hechmi Khalladi – Le Temps – Publié le 15.05.2009

Cinéaste chevronné, journaliste et historien du cinéma, Férid Boughedir est aussi connu comme réalisateur. Né à Hammam-Lif en 1944, Boughedir a un parcours cinématographique jalonné de succès. Placé à l’avant-garde du renouveau du cinéma tunisien, ce réalisateur éclectique aux yeux des uns, réaliste aux yeux des autres, s’est éloigné des sentiers battus pour se pencher vers la modernité en multipliant les projets de sa société, puisés dans le patrimoine culturel de son pays et dans la mémoire collective de son peuple : son œuvre réunit rêve et réalité, souvenirs et ambitions, passé et présent. Ses films évoquent non seulement la figure d’un réalisateur engagé, passionné de cinéma, mais ils reflètent aussi la philosophie de ce cinéaste imprégné de réalisme et d’humanisme qui appelle à l’ouverture, à la tolérance et au dialogue des civilisations. Si la réussite des premières tentatives de réalisation demeure tout à fait locale, ses deux derniers longs-métrages «Halfaouine» (1990) et «Sif Halk Eloued» (1995) ont en revanche passé la rampe et ont connu un succès retentissant à l’échelle mondiale, en contribuant ainsi à la résurrection du cinéma tunisien alors plongé dans une profonde léthargie. Ces deux films ont suscité des polémiques dans les milieux artistiques tunisiens, maghrébins et arabes, mettant en cause le courage du réalisateur d’avoir eu recours à des images osées pour peindre des réalités propres à des époques et des lieux bien déterminés de notre histoire. Malgré les réactions hostiles émanant d’esprits chagrins qui appelaient au scandale après avoir vu «Halfaouine», le film a été en général bien reçu au Maghreb arabe et en Europe.

À part son talent de réalisateur, Férid Boughedir est un historien du cinéma arabe et africain, Il est toujours sollicité par les organisateurs des grands festivals cinématographiques du monde, soit pour donner une conférence, soit pour être membre de jury. Il fut invité d’honneur dans plusieurs manifestations internationales : de Berlin à Ouagadougou, de l’Espagne à Beyrouth et de la France au Maroc. Cette année encore, il est désigné membre du jury de la section Courts-métrages par les organisateurs du Festival de Cannes dans sa 62° session, qui se déroule du 13 au 24 mai 2009. Rappelons qu’il a déjà été par le passé choisi membre du jury pour la section longs-métrages dans le même Festival en 1991, une année après le grand succès de son film «Halfaouine». Le cinéma tunisien est certes absent de toutes les sections de cette 62° session du Festival de Cannes, cependant notre réalisateur peut honorer de sa présence, en tant que membre du jury, le cinéma tunisien. Il ne manquera jamais, comme il l’a toujours fait, de mettre en relief à ses collègues du monde entier la production cinématographique tunisienne et de les inviter à venir tourner leurs films dans notre pays où plusieurs films étrangers ont été tournés.

Des projets, Férid Boughedir en a certainement. En effet, en tant que coordonnateur de la Consultation nationale du cinéma et des moyens audio-visuels, il aura à constituer les commissions pour mener les enquêtes et recueillir les témoignages et les suggestions de toutes les personnes concernées par le secteur audiovisuel, pour enfin arrêter les recommandations nécessaires susceptibles de promouvoir ce secteur en Tunisie. Ces recommandations seront soumises aux autorités compétentes qui les prendront en considération lors de l’élaboration des projets ayant trait au cinéma et aux autres activités audiovisuelles. Après quoi, notre cinéaste va se consacrer à son nouveau film qu’il a intitulé «Les Anges». Le projet est, croit-on savoir, fin prêt et le tournage est imminent. À vrai dire, ce nouveau film n’a que trop tardé, mais soyons sûr que notre attente ne sera pas déçue !

Hechmi Khalladi

Source : http://www.jetsetmagazine.net/


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