FATWA, DE MAHMOUD BEN MAHMOUD BIENTÔT DANS LES SALLES

Par Salem Trabelsi – La Presse de Tunisie – Ajouté le : 08-02-2019

Une performance d’acteurs irréprochable

Le mois de février verra la sortie du film de Mahmoud Ben Mahmoud «Fatwa», lauréat du Tanit d’Or de la 29e édition des Journées Cinématographiques de Carthage. Un film qui clôt une trilogie sur une figure véritablement mise à mal.

Six ans après «Le Professeur», Mahmoud Ben Mahmoud reprend son acteur fétiche Ahmed Hafiane et repart pour une nouvelle aventure cinématographique avec «Fatwa». Brahim (Ahmed Hafiane), Tunisien installé en France où il travaille dans le tourisme, revient à Tunis  à la suite d’un événement tragique : la mort de son fils Marouane. Il retrouve son ex-épouse (Ghalia Ben Ali), députée engagée dans la lutte contre l’extrémisme religieux, et entame une reconstitution des derniers mois de Marouane. Il découvre alors les liens du disparu avec un groupe salafiste, et son travail de reconstitution se double d’une enquête. Car le film de Mahmoud Ben Mahmoud porte les marques d’une enquête policière qui se fait à l’intérieur des milieux salafistes et d’une société tunisienne gangrénée par ce phénomène. Une réponse que le réalisateur jette au visage des salafistes. Un film que certains ont qualifié de citoyen. Mais, dans tous les cas, le film confirme l’engagement de son réalisateur dans un cinéma qui «contribue au renforcement des libertés».

Une confrontation entre deux mondes, celui de l’Islam modéré représenté par Brahim et celui de l’islam radical, tous deux en constante lutte dans une société qui vient de sortir d’une dictature et qui cherche encore son chemin. Mais, dans son traitement, le réalisateur a tout fait pour éviter tout manichéisme vis-à-vis de ce face-à-face central, même si le film laisse parfois apparaître des répliques de «discours» trop bien écrites dans la bouche de Ghalia Ben Ali, l’épouse de Brahim. Mais cela n’enlève rien au propos central du film tendu par un rythme soutenu de montage qui ne trahit pas le canevas de l’enquête, ni son esprit. Cela n’enlève rien, rien non plus, à son scénario somme toute bien ficelé.

Sur le plan de l’acting, on serait tenté de  dire que si le réalisateur s’était trompé  de casting dans les rôles principaux comme Ahmed Hafiane, Ghalia Ben Ali et Sarra Hannachi, le film n’aurait pas la même prise sur son spectateur. Des acteurs que le réalisateur semble avoir sondé profondément pour leur faire «cracher» ce qu’il y a de plus révolté chez eux contre l’obscurantisme. En effet, on doit aussi à ce film sa performance d’acteur à notre sens.

«Un rôle qui est émotionnellement très lourd à porter. Il s’agit de quelqu’un de profondément blessé par la mort de son fils, mais qui, en même temps, continue à garder sa dignité et à avancer dans la vie», nous a déclaré Ahmed Hafiane dans une interview qu’il a accordée à La Presse. Un rôle qui, rappelons-le, a valu à l’acteur le prix de l’interprétation masculine aux JCC. Car, à tout prendre, c’est Ahmed Hafiane qui porte tout le poids de ce film sur ses épaules, cela ne minimise pas l’excellente interprétation de Ghalia Ben Ali dans le rôle de la mère. Après «Regarde-moi» et «Weldi», «Fatwa» vient clore cette trilogie tunisienne sur la figure du père initiée par trois réalisateurs tunisiens et qui, loin d’être semblables dans leurs traitements, mettent la lumière sur une figure véritablement mise à mal.

Auteur : Salem Trabelsi

Ajouté le : 08-02-2019

Source : http://www.lapresse.tn/


 

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