NADA MEZNI HAFAIEDH : INTERVIEW

Par Béchir Lakani – www.magazineletudiant.com – Publié le 8 août 2012.

Elle avait à peine 26 ans. En empruntant à droite et à gauche, elle a réussi à tenir un pari fou : réaliser un long-métrage, «Histoires tunisiennes», avec à peine 380.000 dinars. Parcours d’une combattante qui a tout sacrifié pour une passion dévorante : l’amour du septième art… Interview

L’Étudiant : Qui est Nada ?

  • Je suis née à Djedda, où j’ai passé 15 ans. Mon père, Noureddine Mezni, était journalise en poste en Arabie Saoudite. Adolescente, j’ai utilisé une camera qui trainait dans la maison pour filmer des vidéos clips et des courts-métrages. Ayant décroché mon bac à 17 ans, j’ai poursuivi mes études supérieures au Cambridge University (Québec). Quatre ans plus tard, je me suis inscrite en Business Administration au Canada.

L’Étudiant : Pourtant ce cursus ne prédestinait pas à une carrière cinématographique ?

  • Pas pour moi. J’ai compris que je n’étais pas faite pour ce genre d’études et j’ai bifurqué vers le cinéma. Je me suis inscrite à la section Cinéma et Production à l’université St Gill à Montréal, où j’ai eu mon diplôme en 2008.

L’Étudiant : Une fois votre diplôme en poche, vous avez signé votre premier  long-métrage. Ce n’était pas un peu tôt ?

  • En réalité, ce film est la reconstitution d’un documentaire que j’avais réalisé en 2009 et qui s’intitule «Célibat».
    C’est un film sur la relation ambigüe entre les hommes et les femmes en Tunisie. Pourquoi une jeune fille belle, moderne, libérée dans sa tête, épanouie dans sa vie professionnelle ne trouve-t-elle pas un mari qui corresponde à ses attentes légitimes ? Pourquoi ces femmes merveilleuses que j’ai rencontrées ne trouvent-elles pas l’âme sœur, alors qu’elles ont tous les atouts pour mener une vie sereine, digne de leur « rang social» ? Qu’est-ce qui cloche entre les hommes et les femmes en Tunisie ? Voila la ligne conductrice de mon film «Histoires tunisiennes».

L’Étudiant : Comment avez-vous réussi la prouesse de réaliser un long-métrage avec si peu de moyens ?

  • Des grands rêves et très peu de moyens. J’ai arraché la somme de 600,000 dinars à Salim, mon mari et à mes parents. C’est très peu pour démarrer le tournage. D’autant plus que  le cameraman canadien n’a pas touché un sou, les acteurs n’ont reçu que des cachets symboliques, les décors étaient gratuits. L’ambiance était très chaleureuse, tout le monde a mis la main à la pâte, d’ailleurs c’était ma mère qui cuisinait pour tout le groupe durant tout le tournage.

L’Étudiant : Votre film a-t-il reçu un écho favorable auprès du public ?

Le film a été projeté au Festival de Cannes, en compétition non officielle, et il a été très bien accueilli par les critiques et les cinéphiles.
En Tunisie, «Histoires tunisiennes» a été projeté dans cinq salles de cinéma et a drainé 30 mille spectateurs, ce qui n’est pas si mal pour un film tunisien dont la réalisatrice est totalement inconnue.

Source : http://www.magazineletudiant.com/


 

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