BAYA MEDHAFFAR — ENTRETIEN

La Révélation Féminine du Cinéma Tunisien !

Publié par : Maurad Lasram on 26 janvier, 2016

On n’entend parler que d’elle en ce moment. Elle est à l’affiche du multi-récompensé À Peine J’Ouvre Les Yeux, de Leyla Bouzid qui fait un véritable tabac dans les festivals internationaux depuis déjà quelques mois et maintenant en Tunisie dans les 24 gouvernorats.

Nous avons rencontré la pétillante comédienne à quelques jours seulement de l’annonce de la liste définitive des nominées pour les meilleurs espoirs de l’année aux César, les Oscars français, où elle est préselectionnée.
Un entretien haut en couleurs où l’actrice est revenue sur tout le chemin parcouru depuis qu’elle a foulé le sol des plateaux de Cinéma.

La jeune fille s’est confiée à Zoopolis de manière assez cocasse sur sa nouvelle vie, ses rencontres, ses aspirations, mais aussi sur des questions d’actualité, où elle n’y va pas de main morte.

APJLY a été sélectionné et primé dans de nombreux festivals prestigieux à travers le monde, tu vis au rythme d’une promo très corsée, tu es également présélectionnée pour les meilleurs espoirs des prochains Césars… Tu as le temps de respirer et de prendre du recul par rapport à tout ça ?

Nooon ! (Rires) Alors non pas du tout, ça fait six mois que je respire pas. Je sais pas comment je suis en vie d’ailleurs. C’est très fatiguant même si c’est génial de faire le tour du monde, au bout d’un moment tu peux plus rien faire pour toi même. Par miracle j’ai tourné un documentaire que j’ai même pas eu le temps de monter. Du coup, mes études sont un peu en suspend.
Je ne suis pas en train de me plaindre. Quand je dis ça aux gens, ils me disent ça va c’est pas non plus une corvée, mais c’est vrai qu’au bout d’un moment tu sens que tu n’avances plus.

Est-ce que tu arrives facilement à alterner au quotidien entre tes études et cette nouvelle vie de folie ?

J’ai essayé de le faire. Je suis allé en cours pratiquement tout le premier semestre, avec quelques coupures.
Le mois de Décembre j’ai pas pu passer mes exams, parce que ça s’est accéléré ; y’a eu la sortie française, les JCC, Dubaï etc.
Au final, je suis allé en cours pour rien, vu que je les ai même pas passés.
Et là, je sais pas comment va se dérouler le second semestre, parce qu’il y’aura Les Césars, en fonction de si je suis nominée ou pas… Y’a aussi les Prix Lumières, qui est l’équivalent des Golden Globes en France, où je suis déjà nominée.
J’aimerais bien soit arrêter vraiment et me consacrer à mes études, soit avoir un nouveau projet de film.
Donc les jeunes si vous voulez un conseil, non vous ne pouvez pas alterner les deux ! (Rires).

Aujourd’hui on peut dire que tu es l’étoile montante du cinéma tunisien. S’il y’a une question récurrente qu’on peut entendre, c’est bien «Mais qui est cette jeune actrice ? Peux-tu nous dire qui était Baya avant le film ?

Je sais pas qui je suis (Rires). Avant le film c’était une étudiante, elle a eu son bac. Elle a un peu fait la révolution, mais gentiment derrière facebook. J’étais complexée, parce que j’allais dans la rue et à chaque fois qu’il y’avait des confrontations je me cassais. Du coup je me suis essayé à pas mal de trucs en politique, et j’ai fini par comprendre que mon utilité serait beaucoup plus agréable et importante pour moi si je faisais de l’art.
J’ai été élevé dans une famille artistique, j’ai regardé beaucoup de films quand j’étais gamine. Mon père travaillait aux JCC, donc j’y allais à chaque édition. C’était magnifique pour moi. Et c’est en voyant Head-On de Fatih Akin que j’ai eu envie de faire du cinéma.
Je ne comprends pas comment alors que j’étais gamine, ce film a pu m’impressionner et me toucher autant. D’autant plus que c’était assez compliqué et sulfureux pour mon âge. Ma mère m’avait aidé en fait en me l’expliquant.
Sinon à part ça, j’ai participé à un projet de film avec Mehdi Hmili mais ça n’a pas abouti…et puis s’il vous plait je ne suis pas une star montante laissez-moi tranquille ! (Rires)

Donc d’emblée, tu vouais une passion pour le cinéma. Mais de là à devenir actrice, est-ce que ça faisait partie de tes ambitions ?

Head-On m’a donné envie de faire de la réalisation, les études que je suis maintenant. Pour ce qui est d’être actrice, je me disais pourquoi pas ? L’un n’empêche pas l’autre. Y’a pleins de bons réalisateurs qui y arrivent…

Donc si on comprend bien tu comptes marcher sur les pas de Julie Delpy ?

Non du tout ! Je serais plutôt Vincent Gallo si on devait comparer. Je préfèrerais être un homme la vérité (Rires)

On va parler un peu musique : parallèlement avec tes performances de comédienne, on a aussi découvert que tu possédais un certain talent pour la chanson. Un talent qui était caché peut être ? Peux-tu nous en dire plus…

C’est pas un talent caché, moi j’adorais la musique. J’ai pris quelques cours de chant avant dans une école au Nassr. Mais ça s’est pas avéré très utile, c’était très brouillon et j’y allais pas souvent.
Mais le désir de chanter était là, mais je trouvais pas que j’avais une belle voix. Même maintenant.
Dans ce film le chant faisait partie du personnage, donc moi j’inclus la musique dans le jeu en fait. C’est pas deux trucs à part, parce que je ne suis pas chanteuse. Je pense pas que je pourrais l’être un jour. C’est dommage, j’aimerais bien mais j’en suis pas capable.

Et tes goûts musicaux ? Tu écoutes quoi en particulier ?

J’écoute de tout. Du Death Metal Aquatic, qui n’existe pas je précise (rires), du Mezwed, Brel, Ferré, Brassens, Jazz, Blues, Hip-Hop, même de la Dubstep, tout et n’importe quoi en fait ! Kafon, Fatma Bousseha… C’est même pas des goûts éclectiques, c’est limite de la schizophrénie !
Je tombais sur des perles sur Internet. Contrairement à des gens, j’ai pas la culture d’album en fait. J’écoute un truc sur Youtube, qui me mène à autre chose et ainsi de suite.

Parce qu’il y’a pleins de gens qui me disent quel est ton album préféré ? Je connais aucun album (rires) Pas aucun album mais en tous cas j’écoute pas les chansons en album.

Ça s’est passé comment d’ailleurs les répétitions pour le film ?

On a répété trois semaines avant le film. J’écoutais beaucoup d’underground arabe, Maryam Salah, Tamer Abu Ghazaleh, et même Khayem (ndlr : le compositeur du film).
Khayem a composé en fonction de ma voix, parce que je pouvais pas monter très haut. Avec Ghassen ils ont composé et écrit comme si ils étaient les personnages.
C’est pour ça aussi que ce n’est pas une musique très travaillée, plutôt brute. C’était l’effet recherché. L’important ce n’était pas la justesse ou la technique. C’était surtout l’énergie et l’émotion.
Et je pense que j’ai plutôt réussi même si j’ai fait pleins de fausses notes. (Rires) Je sais que Bjork a vu le film et elle a adoré, c’est vraiment l’argument que je sors à chaque fois ! (Rires)
Il y a eu un article sur Internet ça m’a tué. «Nos oreilles souffrent le martyr quand elle ouvre la bouche».
Je me suis dit pas à ce point quand même… Surtout que ça fait partie du personnage, si Leyla avait besoin d’une nana qui chantait hyper juste elle m’aurait dit !
En plus de un, c’est du live, et de deux, on a des références comme Om Kalthoum, Fayrouz etc. qui ne sont pas forcément actuelles, parce que maintenant on peut utiliser ça comme une nouvelle façon de chanter. Par exemple Maryam Salah elle chante faux, et c’est très beau. On s’en fout parce que c’est plus ça qui est très important dans la musique, c’est l’authenticité. Même Kurt Cobain il chante faux des fois !

Parlons un peu de ton personnage : Pour un premier grand rôle, est-ce que c’était difficile pour toi d’interpréter Farah ? Pas trop de pression sur les épaules ?

C’est très délicat parce qu’il y’a pleins de gens qui viennent me dire «Wow Farah c’est toi !» et ça m’énerve en fait !
Parce que c’est pas moi, et dans ce métier j’ai remarqué que le plus dur c’est quand le personnage te ressemble énormément mais qu’il est pas toi fondamentalement.
Mon parcours est très différent. J’étais plus consciente parce que mes parents étaient dans la politique. Je n’ai jamais eu de conflit avec eux par rapport à ça, par rapport aux études, par rapport à mes petits copains. Ma relation avec ma mère n’a rien à voir avec celle qu’on voit à l’écran.
C’est dur parce que tu dois trouver la juste distance pour pouvoir le jouer. On a quand même énormément travaillé.
On a beaucoup travaillé sur les textes, lu et relu. Ensemble on a mis à jour les dialogues.
Du coup, mon interaction avec elle a fait que le texte est devenu un peu plus réaliste par rapport à comment une fille de 18 ans parlait à Tunis.
Avant chaque scène je me mettais dans le personnage, j’essayais de me remémorer des situations similaires.
C’était difficile parce que j’ai jamais été devant une caméra. Je me suis quand même directement senti à l’aise. Les gens je les connaissais déjà… l’étape de préparation est très importante pour qu’on se sente à l’aise et qu’on se fasse confiance.
Et surtout qu’on a commencé par les scènes musicales. Imaginez, deuxième jour de tournage je suis au Bœuf micro à la main et je dois mettre le feu à la salle ! (Rires)
Comme c’était du live, on devait à chaque fois reprendre exactement je ne sais combien de prises pour les différents axes et je devais donner la même énergie. A un moment tu peux plus, t’es essouflée, tu t’isoles pour te reposer… c’était vraiment les scènes les plus dures.
Et c’est entre autre pour ça aussi qu’il y’a quelques fausses notes ! (Rires)

On aimerait en savoir plus sur le rapport qu’entretenait Leyla Bouzid avec ses acteurs. Comment était l’ambiance sur le tournage ? Plutôt «Psychose», «La Vie est belle» ou «Le Dictateur» ?

«La Vie est Belle» vu qu’on a beaucoup travaillé en amont. Pendant le tournage c’était très agréable parce que c’est là que ça se passait réellement, que tous les éléments étaient enfin réunis. Tout le travail chiant a été fait avant. (Rires)
En plus je connaissais Ghalia et Khayam à travers leur musique. Après y’a eu quelques tensions des fois, mais c’est tout à fait normal.
D’après ce qu’on m’a dit par rapport à d’autres tournages c’était Peace and Love, c’était pas du tout Kechiche (Rires).
Je lui faisais mes propositions à chaque fois et en fonction de ça elle me dirigeait, ça a marché la plupart du temps.

Grande qualité du film, les scènes d’intimité étaient particulièrement vraies et sincères. On y croit réellement à cette histoire. Il y’avait une osmose parfaite entre Montassar et toi. Comment avez-vous réussi à installer cette complicité à l’écran ?

Montassar et moi, on a appris à se connaître davantage durant le tournage. D’ailleurs, c’est sur le plateau de tournage qu’on pu se sentir tous proches, comme une famille. On s’entendait bien, on discutait, on déconnait.. On a travaillé suffisamment les séquences qu’on avait en commun… Il s’est rien passé entre nous si c’est ce que tu veux savoir. (Rires)

Certains spectateurs se sont d’ailleurs sentis offusqués par une scène en particulier. Là où on pouvait voir Farah relever le drap et voir ce qu’il y’avait en dessous. (c-à-d l’organe génital de Borhen)
Lors de l’Avant-Première aux JCC, durant le débat qui a suivi la projection, un spectateur qui était venu en famille s’était vivement exprimé sur ces images de nu.
Ce soir là, t’as pas manqué l’occasion de riposter et pas qu’un peu. Qu’as-tu à redire à ces spectateurs une bonne fois pour toute ?

(Rires) Mais je n’ai rien à redire… D’ailleurs je regrette ma réaction qui était un peu excessive. Il faut dire que ce spectateur en question a adoré le film, c’est ce qui est encore plus sidérant.
Nombreux sont ceux et celles qui ont aimé le film, mais à un certain moment, il y’a un blocage.
Personnellement, je n’ai pas aimé la réponse de Leyla quand elle lui a dit «Vous n’êtes pas obligé d’aller en famille pour voir le film».
Je suis d’accord que ça peut être une expérience personnelle, mais c’est aussi intéressant d’y aller en famille, surtout qu’on en a énormément besoin en Tunisie.
Après, par rapport à cette scène là… Il faut savoir qu’elle a été coupée lors de la sortie nationale du film, parce qu’elle a excessivement interpelée les spectateurs malgré sa brièveté.
Elle dure 26 images. Au cinéma il y’a 24 images par seconde, c’est à dire 1 seconde et 2 images ! Et avec ça, les spectateurs ont en fait une fixation incroyable.
Donc, on s’est dit que garder cette scène minuscule allait finir par détourner le propos du film, donc elle a était retirée… Déjà que les baisers dérangeaient.
Si c’était mon film à moi, je ne sais pas si je l’aurais fait, mais je comprends la décision de Leyla. C’est vrai que pour atteindre un maximum de personne, on peut se passer de cette scène là.
Le film est tout aussi fort sans. Il y’a quand même d’autres choses plus importantes au niveau du message bien plus profonde que tout ce qui est d’ordre sexuel…L’idée était de montrer le regard d’une femme sur la sexualité, parce qu’on voit toujours les femmes nues dans le cinéma arabe mais jamais le contraire.
La scène n’a par contre pas été supprimée en France. Je me rappelle qu’à une Avant-Première un mec avait fait la remarque, et en guise de réponse une vieille dame lui avait répondu «Ah moi je l’ai même pas vu le zizi du garçon, c’est bien dommage !». (Rires)

Tes déplacements dans divers festivals t’ont permis de rencontrer certaines personnalités importantes du 7ème art. Des anecdotes à nous raconter concernant ces rencontres ? Quelle était celle qui t’as marquée le plus ?

Gaspard Noooooé ! (Rires) Je me suis faite draguée par un mec et en fait il s’est avéré que c’était Shia LaBeouf ! Et moi je le connaissais pas l’acteur. (Rires) Je n’aime pas les films de Lars Von Trier et le seul film que j’aurais pu éventuellement voir de Shia, après avoir vu sa filmographie c’était «Nymphomaniac».
J’ai également vu Johnny Depp, une vraie déception…c’est fou comment le mythe s’effondre à chaque rencontre.
Mais c’est ma rencontre avec Gaspard Noé qui m’a le plus marquée. Il m’a parlé d’une connaissance à lui qui défile pour Victoria’s Secret et on a parlé du Fils de Saul. Puis, il m’a donné deux, trois conseils.
J’aurais aimé qu’il soit mon parrain pour les césars mais «Les césars, ce n’est pas ma came»> dixit Noé. (rires) et je le comprends en quelque sorte, pour le coté exagérément mondain.
Sinon, j’ai pu discuter avec pas mal de réalisateurs arabes.
J’ai fait la connaissance d’Ely Dagher. Un excellent réalisateur libanais (ndlr : qui a raflé la palme d’or du meilleur court métrage à Cannes en 2015),
Au festival de Namur, Sandrine Bonnaire, m’a remis le prix du meilleur film. C’était mémorable ! Y’a une vidéo sur Youtube qui tourne que j’ai même tenté de supprimer (rires) J’étais tellement pathétique…

Venons à l’essentiel, as-tu reçu des propositions intéressantes ?

Des propositions, oui mais pas intéressantes ! Vu que je vis en France, on me propose souvent des rôles de marocaines voilées, victime d’un mariage forcé etc… Je me suis présenté pour ce casting, et je leur ai demandé pour quelle raison vous me castez je ne suis pas marocaine ? L’accent est très différent… Ils ont fait passer le casting à Hafsia Herzi, Leila Bekhti et moi, et il s’est avéré que pour eux le Maghreb c’est pratiquement la même langue, ils ne tiennent pas compte de la différence d’accents.
Si de bonnes occasions s’offriront à moi pour me permettre de bosser en France, tant mieux ! Mais, actuellement ça m’intéresserait plus de travailler et de donner pour le cinéma tunisien. En France, j’ai loupé l’excellente opportunité de bosser avec Grand Corps Malade qui a écrit un film et qui s’annonce d’ailleurs magnifique ! Mais je n’ai pas pu, faute de temps. Et c’est bien dommage. Concrètement, Pour les propositions,… Il n’y a rien de vraiment stimulant.

Avec qui aimerais-tu travailler éventuellement ? Et quelles sont les actrices qui aujourd’hui t’inspires comme modèles ?

Gaspard Nooooooéé ! (Rires) Fatih Akin aussi, sérieusement, y’en a plein… mais tout dépend du projet.
Ce qui est sur l’enjeu du deuxième film que je ferai doit être totalement différent de celui d’«A peine j‘ouvre les yeux».
Je tiens à changer de registre et à varier les rôles. Une pauvre fille d’une autre condition sociale toxicomane… Et c’est à cet instant où les gens pourront dire : tiens, celle-là c’est une bonne actrice !
Je n’ai pas de personnes précises avec qui je voudrais travailler. C’est au feeling que ça se passe et c’est en rapport avec le projet essentiellement. J’aimerais beaucoup travailler avec Alaeddine Slim mais pas de bol, il ne fait pas de rôle pour les femmes. (Rires).
En Tunisie, ça me tenterait de travailler avec Raja Amari, Jilani Saadi, Kaouther Ben Henia… Je suis ouverte à toute proposition si le projet m’inspire…
Pour les actrices, je n’ai pas de références précises… Il y’a Sandrine Bonnaire, Liv Ullmann, Gena Rowlands, Juliette Binoche dans les films de Carax… Je n’ai pas de modèle particulier. C’est des actrices qui me touchent différemment… mais comme je l’ai dit, personnellement, mon enjeu, c’est plus de puiser dans la vie que dans les références cinématographiques. Je pense que c’est ma méthode à moi.
Si je devais choisir un modèle de carrière, ce serait Golshifteh Farahani, qui est d’ailleurs nominée avec moi dans la catégorie révélation de l’année aux Lumières !

Question finale d’actualité. On ne peut pas en parler vu que ça fait forcément écho au thème principal d’APJLY. Un couvre feu a été décrété sur l’ensemble du territoire suite au climat insurrectionnel qui règne dans le pays. On aimerait connaître ton avis d’artiste et surtout de jeune citoyenne sur cette situation ?

Moi, je pense que ce n’est pas normal. Qu’en 83, en 2011, en 2016… ou même en 2020. Si le problème ne va pas être résolu, il va se passer exactement la même chose… On est censé avoir fait une révolution, des sommes pharamineuses, destinées aux jeunes de Kasserine s’évaporent… Tout le monde fait n’importe quoi ! Y’a des terrains gouvernementaux qui sont en train d’être distribués à des privés, des traités et des accords qui sont en train d’être signés dans les coulisses…personne n’est au courant. Des lois bizarres… Bannissement de la ville pour des homosexuels… Y’a des gens qui sont en train de se suicider, ça s’est tellement banalisé !
Le couvre feu ne sert strictement à rien. Au contraire, recouvrir une casserole qui bouillonne ne fait qu’attiser davantage les tensions. Moi je pense que les gens ne se reconnaissent pas dans l’espace public, là ou ils protestent… Ils s’en prennent à ces lieux qui sont les symboles de l’autorité, du pouvoir, du gouvernement.
Si c’est le seul moyen de se faire entendre, qu’ils le fassent jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause et que le gouvernement actuel arrive à subvenir à leurs besoins et à les comprendre. C’est d’ailleurs le message véhiculé par «À Peine J’ouvre Les yeux» : se faire entendre peu importe le moyen !

Propos recueillis par : Haithem Haouel et Maurad Lasram
Crédit photos : Hamza Bennour

Source : http://www.zoopolis.tv/


 

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