ALLEMAGNE — FÉRID BOUGHEDIR DÉFEND LA MÉMOIRE DES CINÉMAS AFRICAINS AU DOK-FEST DE MUNICH 2023

La présentation de Caméra d'Afrique à Munich

Son film «Caméra d’Afrique» a fait l’ouverture du 10e anniversaire de la section «Dok Network Africa»

Le réalisateur tunisien Férid Boughedir, également historien reconnu des cinémas africains et arabes, a été invité cette année par le Dok-Fest de Munich (3-21 mai 2023), le plus important festival de documentaires en Allemagne, à présenter son long-métrage «Caméra d’Afrique : le cinéma africain filmant contre les impossibles» (1983) pour l’ouverture de la section africaine «Dok Network Africa» qui fête cette année ses 10 années d’existence, et cela dans la nouvelle version de son film-référence récemment restauré et remastérisé en haute définition, avant d’être sélectionné de nouveau en 2019 par le Festival de Cannes dans sa section «Cannes Classics», regroupant chaque année des œuvres ayant marqué l’histoire du cinéma mondial

… et la direction du Panel.

À cette occasion, Férid Boughedir a également été invité en tant qu’un des derniers pionniers du mouvement du panafricanisme cinématographique, initié par le cinéaste et écrivain sénégalais Sembene Ousmane et le Tunisien Tahar Chériaa, fondateur  du premier festival panafricain du continent, les Journées cinématographique de Carthage en 1966 (les deux hommes créant ensuite en 1970 à Tunis la Fédération panafricaine des cinéastes, Fepaci), à apporter son témoignage au Panel panafricain intitulé «Honorer le passé pour inspirer le futur», organisé par la critique distributrice et curatrice franco-Burkinabé Claire Diao pour le DOK Fest à l’occasion du même 10eme anniversaire. Un colloque qui a vu la participation de différents responsables de festivals africains, telle la Sud-Africaine Mandisa Zhita (du festival «Encounters» de Capetown), le Comorien Mohamed Said Omar, responsable de l’atelier «Documenting Africa» à Nairobi (Kenya), ou encore la réalisatrice camerounaise Cyrielle Rangoin, dont le film «Le Spectre de Boko-haram» venait de remporter le Grand Prix du Festival International de Rotterdam. Parallèlement au Panel, et pour en illustrer le thème, le Dok-Fest de Munich a présenté au public des grands classiques du documentaire africain, comme «Lettre paysanne» (1975) de la Sénégalaise Safi Faye, première femme réalisatrice d’Afrique sub-saharienne disparue cette année, ou encore le pamphlet anticolonialiste «Afrique je te plumerai» du Camerounais Jean-Marie Téno (1992), mais également des réussites du documentaire africain moderne comme le remarquable «Talking about trees» du Soudanais Souhaib Gasmelbari (2019). Férid Boughedir a même révélé un «scoop» à l’occasion de ce colloque très suivi en y présentant le manuscrit original du célèbre «Manifeste de Niamey des cinéastes africains» de 1982 écrit de sa main, car il était l’animateur et le rédacteur des principaux colloques cinématographique tenus sur le continent par la Fepaci depuis sa création : des rencontres-manifestes notamment destinées à convaincre les gouvernements africains de la nécessité d’unir leurs parcs de salles de cinéma, alors monopolisées par les fournisseurs des films étrangers souvent de très basse qualité, pour créer large marché commun de diffusion, suffisant par son grand nombre de salles pour être mis au service de la rentabilisation puis du financement de la production des films africains : un rêve de solidarité Sud-Sud qui parvint à être concrétisé durant 5 ans avec la création en 1979 du CIDC (le consortium inter-africain de distribution cinématographique), regroupant les salles de cinéma de 14 pays d’Afrique francophone, qui permit effectivement la rentabilisation et la production des films de futurs grands noms cinéma africain, tels le Malien Souleymane Cissé ou encore le Sénégalais Ababacar Samb-Makharam, avant de disparaître en 1984… à la suite de dissensions politiques entre les 14 états concernés !

Farah M


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