by Lequotidien 21 avril 2023
La prochaine édition des Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie) est prévue en 2023. Mais une annonce faite par le ministère des Affaires culturelles soulève la polémique.
Par Mame Woury THIOUBOU – La prochaine édition des Journées cinématographiques de Carthage est prévue en 2023. Mais déjà la polémique enfle. Et c’est le ministère des Affaires culturelles qui a mis le feu aux poudres. Il y a quelques jours, c’est sur son mur Facebook que le ministère partage des informations sur la prochaine édition du festival. Dans le post, il est annoncé que cette édition, qui coïncide avec le centenaire du cinéma tunisien, sera l’occasion de célébrer celui-ci et que l’édition serait centrée sur les films tunisiens. En clair, seuls les films tunisiens seront au programme de ce festival qui, du coup, devient non compétitif. Olivier Barlet, le critique de cinéma, reprend l’information sur le site Africultures. Information qui «correspondrait aux principes fondamentaux instaurés par Tahar Cheriaa, le fondateur des JCC…», selon le ministère. Suffisant pour soulever protestations et indignation. En effet, le père des JCC, Tahar Cheriaa, avait créé ce festival dans l’objectif «de mettre en avant le cinéma d’Afrique subsaharienne et du monde arabe, de créer des ponts de dialogue entre le Nord et le Sud, et de proposer une rencontre entre cinéastes et amoureux du cinéma de tous bords», rappelle Olivier Barlet.
Face aux réactions indignées des subsahariens et de quelques cinéastes tunisiens, la ministre Hayet Guettat Guermazi revient à la charge, pour clarifier sa position. «L’édition 2023 des Journées cinématographiques de Carthage préservera les principes fondamentaux de ce festival d’envergure arabe et africaine, avec plus d’ouverture sur le cinéma international», indique la ministre. «Cette déclaration intervient suite au communiqué publié la veille, le lundi 10 avril, sur la page officielle du ministère des Affaires culturelles, annonçant que la 34ème édition des JCC sera aux couleurs du cinéma tunisien, sans toutefois évoquer la portée africaine et arabe du festival. Au terme d’une séance de travail des membres de la Commission consultative mixte – réunissant le ministère, le Centre national du Cinéma et de l’Image (CNCI) et les professionnels du secteur du cinéma -, il a été annoncé que la 34ème édition des JCC sera réservée au cinéma tunisien, conformément aux principes fondamentaux instaurés par Tahar Cheriaa. La ministre a confirmé cette option, expliquant que la majeure partie de la programmation sera dédié au cinéma tunisien qui célèbre cette année le centenaire de sa naissance. «Les JCC garderont leur vocation de festival d’envergure arabe et africaine, depuis sa création en 1966» rapporte, à propos de cette sortie, l’Agence tunisienne de presse. L’autorité assure ainsi que, pour cette édition spéciale, les fondamentaux édictés par Tahar Cheriaa seront respectés. «Elle a considéré que cette édition spéciale va permettre à la fois de renouer avec l’esprit des JCC et ses fondamentaux tels que conçus par son fondateur, Tahar Chériâa, à savoir un festival qui prône le cinéma arabo-africain, tout en étant l’occasion de repenser son format et ses mécanismes de fonctionnement futur pour que ce soit en harmonie avec l’ère du temps.»
Ces assurances vont-elles suffire à rassurer sur les intentions de ce pays dont le Président, il y a quelques mois, avait lancé des propos controversés sur les migrants subsahariens ? Des propos qui avaient occasionné une chasse à l’homme noir dans le pays. Aujourd’hui, la situation semble s’être calmée, mais difficile d’effacer le souvenir de ces moments. En tout état de cause, les dernières éditions de ce qui est considéré comme l’un des plus grands festivals du continent s’étaient déroulées sous le signe de l’austérité, la Tunisie traversant une période économique difficile. Raison de plus pour réduire la dimension du festival, assurent certains, en attendant des lendemains meilleurs.
Source : https://lequotidien.sn/
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