SORTIE NATIONALE DU PREMIER LONG-MÉTRAGE DE FICTION D’IMEN BEN HASSINE «THE SONS OF THE LORD»

TUNIS, 19 oct. 2022 (TAP)The Sons of the Lord ou Kadar (110′), premier long-métrage de fiction d’Imen Ben Hassine, est sorti ce mercredi 19 octobre 2022 dans plusieurs salles de la capitale et à L’Agora Djerba. «Kadar» traite la question des organisations secrètes qui gouvernent le monde et tracent l’avenir des peuples, dans une époque marquée par l’individualisme et la perte des valeurs.

Le film a été projeté mardi soir, en première, au cinéma Le Colisée à Tunis, en présence de toute l’équipe artistique. Deux autres projections, en présence de l’équipe du film, sont programmées le mercredi soir 19 octobre, à Pathé Cinéma Tunis et le lendemain à Pathé Cinéma Azur (à 20H). Le film est distribué en Tunisie par Ciné 7ème Art de Lassaad Goubantini.

Ichraf Smaoui assure la direction de la production de cette fiction produite par Reachup Production et coproduite par Rum Pictures, une boîte de post-production basée dans la capitale jordanienne, Amman.

Après un premier titre controversé «Abnaa Errab» (littéralement : Les Fils de Dieu), la réalisatrice a choisi un nouveau titre en arabe : «Kadar», qui signifie destin, et autre en anglais : «The Sons of the Lord».

Le film est porté par un trio d’acteurs, Mhadheb Rmili (Hafnaoui), Wajiha Jendoubi (Kehna) et la Libanaise Takla Chamoun (Katia) qui, pour sa première participation dans un film tunisien, a interprété son rôle en dialectal tunisien, remarquable mais pas évident. Les acteurs Moez Guediri (Ahmed) et Mohamed Dahech (Laaroussi) sont aussi à l’affiche.

Le film commence par une scène qui montre Hafnaoui (Mhadheb Rmili), dans le rôle d’un médecin légiste. Ce dernier mène une vie faite de mensonges, d’un médecin qui a manqué à son devoir. Il est souvent sous la pression de parties dominantes qui lui dictent ce qu’il doit faire en falsifiant les dossiers d’autopsie.

La découverte du cadavre de sa fille, qu’il a perdue de vue depuis longtemps, lui rappelle les erreurs du passé et sa vie qui s’assimile à un cauchemar. D’ailleurs, tous les personnages sont l’incarnation du mal sur terre, une situation devenue ingérable dans une époque où l’hypocrisie et la loi du plus fort dominent.

Le résultat d’autopsie à falsifier n’est que celui de sa propre fille. Une situation qui va créer chez lui de nouvelles émotions. Il va se remettre en question en se rappelant toutes les atrocités commises dans le passé.

Après une vie pleine de déceptions et de trahisons, Hafnaoui se retrouve face à sa réalité d’homme sans scrupules, dont le salut pourrait arriver par la mort. Il n’arrive pas à se remettre des cicatrices du passé, son enfance dans un milieu d’une pauvreté extrême, financière et morale, hanté par le souvenir de son crime à l’encontre de ses parents.

L’univers de Kadar, dans une société dominée par la haine et le mensonge, avec une classe politique corrompue qui n’est qu’une façade pour une organisation puissante d’où il est difficile de s’échapper. Les personnages sont tous des marionnettes dans un nouvel ordre mondial, où l’information et les influenceurs constituent une arme contre les détracteurs.

Chaque personnage a sa propre vérité et son côté assez sombre. La perte des valeurs est le trait dominant dans cette fiction, dans laquelle la réalisatrice a essayé de s’attaquer à un nouvel ordre mondial auquel personne, dans les milieux dits d’influence, ne pourra échapper, même pas le médecin avec toute la symbolique de ce noble métier. Tout le monde se retrouve dans le même cercle vicieux duquel il n’est pas évident de sortir indemne.

Imen ben Hassine réaffirme ses choix, – dans des documentaires télévisés -, en abordant les grandes questions de l’époque. Ses documentaires, réalisés pour la chaîne qatarie Al Jazzera, reflètent un certain engagement social et politique.

Les rôles sont écrits pour chaque artiste, notamment les rôles principaux, a déclaré la réalisatrice de cette fiction. Le scénario est coécrit par Younes Ferhi et Rabaa Essefi, également au casting. L’actrice Takla Chamoun a excellé dans son rôle, nouveau pour elle, a-t-elle estimé dans une déclaration à la TAP à l’issue de l’avant-première.

Le choix d’une artiste libanaise, largement connue dans des séries panarabes, offre une meilleure visibilité pour ce film auprès du public arabe. Mais pour la réalisatrice, sa participation est beaucoup plus un choix artistique.

Pour Imen ben Hassine, Kadar est le fruit d’un travail d’équipe, avec un tournage de près de quatre semaines, entre juillet et août, en pleine crise sanitaire du Covid. Elle a évoqué un tournage qui avait eu lieu à 70% dans la capitale et ses banlieues, et dans des villes de la région de Bizerte comme El Alia.

L’autre contrainte se rapporte au casting. «Il n’était pas évident», selon la réalisatrice, «de choisir un enfant pour jouer un rôle complexe comme celui de Youssef Gueblaoui (Hafnaoui enfant), sélectionné suite à un long casting».

L’animateur Borhène Besaies, célèbre figure du paysage audiovisuel national, a rejoint le casting de Kadar. Il y incarne son propre rôle d’animateur de télé à travers le personnage de Monther, animateur aux relations douteuses avec les grands magnats des médias et le pouvoir d’influence.

La musique du film est l’oeuvre de Rabii Zammouri, avec lequel la réalisatrice dit avoir eu une belle collaboration et des choix sonores assez étudiés.

Côté casting, outre la Libanaise Takla Chamoun, la réalisatrice a fait appel à de grandes figures du paysage audiovisuel, pour la plupart connues au théâtre et à la télévision.

Mhadheb Rmili en est à sa première expérience cinématographique dans un rôle principal, après trois précédentes participations dans «Jeudi après-midi» de Mohamed Damak, «Hez Ya Wez» de Bahim Letaief et «La Belle et la meute» de Kaouther ben Hnia.

L’acteur a su s’imposer sur la scène artistique tunisienne grâce à son rôle principal dans les saisons 1 et 2 de la série TV à succès, Harga, de Lassaad Oueslati, diffusée sur la chaîne nationale en 2020 et 2021. Rmili s’est distingué dans cette série et a depuis acquis une grande notoriété auprès du public et aussi de la critique.

Wajiha Jendoubi valse facilement entre ses rôles pour la télévision, le théâtre et le cinéma, dans des rôles assez remarquables. Riadh Hamdi (Majid) et Mohamed Dahech (Laaroussi) ont participé à plusieurs films pour des réalisateurs comme Ridha Behi, Mohamed ben Mahmoud ou Brahim Letaief. D’autres actrices, comme Rabaa Essefi et Kaouther Dhaouadi, ou encore Cynda Abdennebi, sont principalement connues dans des séries et mini séries télévisées.

Ce grand casting n’a finalement pas été suffisant pour faire de Kadar une véritable œuvre cinématographique. Quoique le sujet soit intéressant, cette fiction est peu convaincante surtout au niveau du passage entre le présent et les flash-backs.

Imen Ben Hassine est principalement connue pour ses documentaires produits pour le compte de la chaîne de télé qatarie, Al Jazeera documentaire. Kadar est son deuxième film, après un premier court-métrage, Le Rouge de la brume, qui traite la question de l’inceste, sujet rarement abordé par les cinéastes. Le film de cette diplômée de Cinecours Canada et ex-animatrice Télé (ZDF) n’avait pas eu un avis favorable auprès de la critique et les professionnels.

Son nouveau film, en dialectal tunisien, est projeté sous-titré en anglais. Un sous-titrage en français serait souhaitable pour un film qui s’adresse à un public majoritairement francophone.

Kadar sera présenté au cinéma Le Palace à Tunis, Le Majestic – Centre culturel Nord jusqu’au 23 du mois et à Al Hambra, à La Marsa jusqu’au 24. D’autres dates seront annoncées par le producteur.

Faty

Source : https://www.tap.info.tn/


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