POLÉMIQUE À PROPOS DE «ASFOUR STAH»

Par : Mouldi FEHRI – cinematunisien.com – Paris, le 03.03.2022

En perte de vitesse et en manque de confiance en ses propres chances de survie dans une Tunisie fatiguée et sur les nerfs, l’islam politique ne sait plus sur quel pied danser. Éloignés du pouvoir et craignant d’être rejetés dans la poubelle de l’histoire, ses dirigeants paniquent, s’agitent et ne reculent plus devant rien, y compris en risquant de tomber dans le ridicule.

Parmi ces dirigeants Abdellatif Mekki (aujourd’hui soi-disant dissident du mouvement Ennahdha) s’est illustré ces derniers jours par une ferme dénonciation de la chaîne de télévision nationale-1, qui aurait commis «l’impardonnable» en osant diffuser (lors d’une soirée correspondant à une date religieuse importante) le film de Férid Boughedir, «Asfour Stah».

Ce faisant, Monsieur Mekki nous montre, par cette intervention inutile et complétement déplacée, qu’il vit probablement sur une autre planète que le reste des Tunisiens, puisqu’il semble ignorer que ce film, qui a par ailleurs obtenu le Tanit d’Or des JCC en 1990, est déjà passé à plusieurs reprises à la télévision nationale, sans que cela ne pose de problème à personne. Mieux encore, depuis sa sortie dans les salles de cinéma au cours des années 1990, «Asfour Stah» a été parmi les films les plus vus et appréciés par le public tunisien (sans parler de ses succès sur le plan international).

Ainsi, jouant une fois de plus sur la fibre religieuse des Tunisiens et les considérant comme des mineurs ayant besoin d’être protégés, Monsieur Mekki prétend que ce film représente (à travers quelques scènes de semi-nudité vues par un enfant au hammam) une offense à leur croyance et un manque de respect aux règles d’une certaine «morale rétrograde» qu’il semble vouloir imposer à tout le monde.

Sans rentrer dans les détails concernant le contenu de ce film (puisque d’innombrables articles ont été écrits à son sujet), nous ne pouvons que conseiller à ce dirigeant islamiste (soi-disant dissident) :

  1. de se débarrasser de ses propres préjugés face à toute production culturelle en général et cinématographique en particulier, pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur et éviter de la dénaturer,
  2. de cesser d’instrumentaliser la culture à des fins politiques inavouées.
  3. et d’avoir un peu plus de respect pour les Tunisiens, en leur laissant la possibilité et le droit de choisir par eux-mêmes et par leurs propres moyens ce qui serait bon ou mauvais pour eux.

M.F


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire