FATMA BEN SAÏDANE : IL N’Y A QUE LA CULTURE POUR UNIR LES PEUPLES

Par O. HIND – www.lexpressiondz.com – Samedi 17 décembre 2011

Célèbre actrice tunisienne de théâtre et de cinéma en Tunisie, elle compte à son actif plus d’une dizaine de longs-métrages, dont Halfaouine, l’enfant des terrasses, de Férid Boughedir et Leila ma raison de Taïeb Louhichi avec Safy Boutella dans le rôle de Kais, ou encore Making of de Nouri Bouzid.

Invitée au Fofa, cette femme au cœur grand répond à nos questions en marge de la cérémonie d’ouverture.

L’Expression : Un mot sur votre présence ici en tant que présidente du jury et personnalité honorée durant cette cérémonie d’ouverture

  • Fatma Ben Saïdane : Je suis déjà venue ici il y a très longtemps. Ma venue en Algérie remonte aux années 1980. En 1990, j’ai tourné dans une coproduction algéro-tunisienne. Mais avec la zone de turbulences qu’a connues l’Algérie, cela nous a coupés. Il y a eu une rupture. Avant, il y avait une très grande relation culturelle sur le plan du théâtre et du cinéma entre l’Algérie et la Tunisie. Aujourd’hui je suis très émue, très contente d’être honorée à Oran. C’est une reconnaissance qui m’a beaucoup touchée. Comme je l’ai dit, honorer un comédien, un artiste, c’est honorer son peuple et sa culture, c’est ouvrir une porte de lumière et être membre du jury, c’est une lourde tache. On espère être à la hauteur.

En plus, vous venez dans un cadre spécial, en laissant la Tunisie sous un nouveau visage. Comment la voyez-vous aujourd’hui, en tant que représentante de la culture tunisienne justement ?

  • Eh bien, on passe quand même par des petites zones de turbulences. On espère que les choses vont se calmer. Il y a un gouvernement qui est là, qui va gérer les urgences en Tunisie. La révolution a un seul slogan : la dignité et le travail. J’espère que ce gouvernement va répondre à ces attentes.

En êtes-vous satisfaite ?

  • C’est cela la démocratie, le peuple a choisi. On ne peut que se plier à ça. On est vigilant. La société civile est là. En tant qu’artiste, on a travaillé pendant la dictature qui, j’espère, n’a plus cours, on espère que les choses vont changer et pas être remplacées par une autre dictature. On va continuer à travailler comme avant et ne pas baisser les bras. On est confiant.

Vous êtes déjà venue en Algérie où vous avez joué dans le film de Tayeb Louhichi, Leila ma raison. Quel souvenir en gardez-vous ?

  • C’était dans le sud de l’Algérie. C’était une magnifique ambiance sur le plateau. Les rapports entre les comédiens algériens, syriens, une Roumaine (celle qui jouait Leila), l’équipe tunisienne et algérienne, étaient excellents. J’ai vécu un mois de rêve en Algérie. J’espère que ce genre de coproduction va être relancé car c’est très important. Je crois que les peuples ne peuvent s’unir que par la culture. La politique, c’est la politique. Mais c’est le cinéma, le théâtre, la poésie, la danse, tout cela qui nous unit.

Un mot sur la pièce Amnésia dans laquelle vous assez joué, qui est sortie avant la révolution du Jasmin, et dont l’histoire était un peu prémonitoire ?

  • Nous allons entamer une tournée concernant cette pièce. On va aller à Paris, Berlin, en Grèce, en Pologne etc. Ça parle d’un décideur qui apprend par la télé qu’il a perdu son poste. C’est la descente aux enfers. C’est l’arroseur arrosé. Quand on connaît le travail de Fadel Djaâbi, on a toujours des spectacles comme ça, un peu prémonitoires. C’était un spectacle qui a été censuré pendant six mois. Il y a eu un bras de fer entre nous, en Tunisie. On n’a pas le visa de diffusion. On a dû batailler pour l’avoir. C’est cela le côté schizophrène du régime dictatorial pour donner une image. On te laisse faire tout en te mettant les bâtons dans les roues. Là, on va commencer une autre pièce en parlant de la Tunisie comme on a l’habitude de le faire, c’est-à-dire un théâtre de citoyen, en parlant de nous, en tant que Tunisiens et de la société arabe.

Source : http://www.lexpressiondz.com/


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