Par Henda HAOUALA – tunisienumerique – 16 janvier 2021
Voilà presque un mois que les Journées cinématographiques de Carthage 2020 ont été clôturées. Cette 31° édition était esquissée sous le label «Exceptionnel». Une session «exceptionnelle» qui s’est inclinée sous la contrainte sanitaire mondiale pour concevoir un festival exceptionnel ! Le grand cheval de bataille de cette édition était le Forum des JCC 2020. Il s’est présenté sous forme de grande réflexion à l’échelle nationale pour proposer une réforme globale de ces Journées passant principalement par un statut juridique et un bureau permanent.
L’importance, le rayonnement et l’impact des JCC sont incontestables, aussi bien pour le secteur cinématographique tunisien que pour le secteur arabo-africain. Cependant, l’examen du compte-rendu de ce Forum scindé en quatre panels insistant sur une restructuration impérative des JCC, ce «festival ayant une âme mais reste sans corps» tel que cela a été mentionné dans le compte-rendu, laisse apparaître plusieurs incohérences entre les recommandations proposées et la démarche même du comité-directeur des JCC 2020.
Le premier point à retenir du Forum, c’est la continuité «administrative de gestion» d’une session à une autre, logique. Le comité-directeur de cette dernière session a estimé qu’il fallait écarter toutes les personnes qui ont travaillé durant trois sessions des JCC (voire plus) sous la direction de feu Néjib Ayed. Une autre recommandation donnée par le forum est celle de l’importance et la promotion de la critique cinématographique, logique. La direction des JCC 2020 a écarté tous les universitaires spécialistes en études cinématographiques, seules personnes qualifiées et aptes à proposer une réflexion théorique et analytique de la pratique cinématographique. Un troisième point évoqué par ce même forum est celui de l’importance de la promotion du cinéma tunisien, logique.
La direction des JCC 2020 a supprimé la compétition officielle, pourtant plus de cinq films tunisiens étaient bouclés depuis des mois avant le démarrage du festival. Une autre recommandation, celle de nommer un délégué général, logique. La direction des JCC 2020 a supprimé d’emblée ce poste déjà existant. Il est à rappeler aussi que le directeur des JCC 2020 a été nommé par l’ex-ministre, Mohamed Zine el Abidine, alors qu’il était sortant. Ce même directeur nomme son directeur artistique, lui-même ex-directeur des JCC, mais qui a été renvoyé par le même ministre en 2016.
Logique aussi. Il est à noter également l’absence d’un grand nombre de professionnels du secteur à ce Forum et pas des moindres. Le compte-rendu de ce projet de réforme propose un plan triennal pour la mise en place de la réforme, qui commencera au mois de mars 2021 et prendra fin en avril 2023. La question qui parait évidente est de se demander qui assurera cette réforme ?
Certes, le CNCI présidera le projet, mais impliquera-t-il ce même comité-directeur qui, dès sa prise de fonction, a fait tout le contraire de ce que ce Forum recommande ?
Henda Haouala – Maître de Conférences en Techniques audiovisuelles et cinéma.
Source : https://www.tunisienumerique.com/
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