JCC 2020 – TIMIDE PARTICIPATION DE L’ALGÉRIE

Par O. HIND – lexpressiondz.com – 15-12-2020.

Le Festival se déroulera du 18 au 23 décembre dans des conditions bien exceptionnelles, mais avec une forte participation tunisienne entre hommage et rétrospective…

«Portez vos masques, les JCC s’occupent du reste…» affirme sur le site des JCC Brahim Letaief, directeur artistique de la 31° édition exceptionnelle de ce grand rendez-vous cinématographique, qui se tiendra du 18 au 23 décembre 2020, mais sans compétition. «Cette session exceptionnelle dans une situation exceptionnelle a lieu parce que nous restons convaincus que la culture en général, et le cinéma en particulier, est une composante fondamentale de notre vie ; et que notre devoir est de soutenir les intermittents du spectacle et de mettre aussi en lumière les artistes qui comptent sur notre soutien, pour montrer leurs œuvres et veiller à leur circulation. Nous contribuons à faire vivre le cinéma arabe et africain. La question d’organiser les JCC sur une plateforme virtuelle s’est posée par moments, mais nous y avons résisté pour les maintenir dans les salles de cinéma…», fait savoir Brahim Letaief qui explique ses motivations en affirmant : «Parce que : nous avons fait le choix de satisfaire un public local, plutôt que de privilégier un rayonnement virtuel aléatoire. Nous avons misé sur l’humain et le présentiel, face aux modèles de nombreux festivals numériques handicapés par le manque d’échange et de générosité. La magie des JCC se situe dans la rencontre entre un film, son auteur, ses comédiens et le public. Nous préférons renforcer les mesures sanitaires quel qu’en soit le coût et garantir les droits d’auteur, plutôt qu’investir sur une plateforme pour véhiculer nos films.» Et de souligner : «Même si les compétitions officielles feront défaut cette année, les JCC seront l’occasion tant attendue de redonner envie au public de revenir dans les salles après des mois d’absence, pour savourer une sélection de longs et courts-métrages arabes et africains qui ont marqué l’histoire du Festival ces cinquante-quatre dernières années. Des soirées-gala, avec des films récents en première vision, seront inscrites au programme de cette session. Les rencontres professionnelles, Chabaka et Takmil, sont maintenues. Un Forum consacré au devenir des JCC sera organisé. Des manifestations riches et diversifiées destinées gratuitement au public fidèle et aux nombreux invités du Festival seront organisées. In fine ce programme dense se déroulera selon un protocole sanitaire rigoureux, dont nous veillerons ensemble au strict respect.» Et Rida Béhi, le directeur général des JCC, de soutenir que : «Outre la préservation des acquis des JCC et son indéfectible attachement à la vocation africaine et arabe, nous tenons à conférer à cette nouvelle session une dimension engagée et militante dans la sauvegarde de l’environnement. À noter que plusieurs films marqueront l’ouverture du Festival, dont des avant-premières comme L’Homme qui a vendu sa peau de Kawther Ben Hania, film récompensé dans de nombreux festivals.

Fi rassi rond-point

L’Algérie prendra part à cette trentième édition des Journées cinématographiques, bien que de façon timide. Depuis sa création en 1966, des milliers de films ont été projetés, pour le pur plaisir des amoureux du cinéma. Chacun a gardé en sa mémoire une œuvre qui est devenue son «film coup de cœur». Cette section présente les films qui ont marqué les mémoires à travers les sessions précédentes des JCC, et ce pour plusieurs générations de cinéphiles. Dans cette section, les Tunisiens redécouvriront sept films, de quatre pays, dans une panoplie où émotion et nostalgie feront vibrer le public. Parmi eux, Fi rassi rond-point de Hassan Ferhani. Côté «best off», l’Algérie est bien placée avec la projection d’une série de courts-métrages. On citera El Moudja de Omar Belkacemi, Khouya de Yanis koussim, Les Jours d’avant de Karim Moussaoui, La Pelote de laine de Fatma Zahra Zaâmoum, Démokratia de Malek Bensmaïl et enfin Le Voisin de Bekacem Hadjadj, qui date de 1990!

Les courts-métrages algériens en force

L’un des objectifs majeurs des JCC est de créer les conditions propices à un échange fécond entre les professionnels, en vue de favoriser les opportunités de production, de distribution ou de diffusion du film arabe et africain. Pour ce faire, ce panel vise à concevoir de nouveaux mécanismes qui mobiliseraient davantage les professionnels et les conduiraient à inventer un nouveau dispositif du marché du film arabe et africain sous différents supports, de la salle à la plateforme sur la Toile, en passant par la filière des chaînes de télévision. Le principe du marché et de la distribution doit conduire à réfléchir en amont à l’industrie du cinéma en général, et à la nécessité de restructurer et dynamiser les sections professionnelles, telles que Takmil, Chabaka et éventuellement d’autres formes de rencontres lesquelles constituent à notre sens un précieux levier opportun à la production, notamment chez les jeunes cinéastes. Aussi, après plusieurs décennies, les JCC sont appelées à évaluer objectivement le degré de son audience et les possibilités de la consolider. Dans cette perspective, «un Festival comme le nôtre aurait autant le devoir que la légitimité de contribuer à la promotion du film arabe et africain en dehors même de la période circonscrite du Festival», peut-on lire. Dans ce sens, ce panel est invité à imaginer et proposer des stratégies de nature à assurer au film arabo-africain une circulation fréquente et cyclique dans les différentes régions de la Tunisie, comme dans plusieurs contrées du monde. «Une telle formule aurait l’avantage d’élargir l’audience du Festival à travers une sélection de films récents, ou encore pour relancer la carrière de certains titres qui avaient marqué la mémoire du Festival. Une telle opportunité nécessite l’élaboration en amont d’une documentation critique ou dossiers pédagogiques, donc une activité éditoriale (imprimée ou numérique), indispensables pour guider le public et mettre en valeur l’intérêt des œuvres programmées. Archives, promotion du patrimoine et réception critique». L’objectif de ce panel est de cerner les contours d’une méthodologie de dépouillement et de collecte des archives du Festival (documents officiels, catalogues, production écrite [ouvrages critiques, articles de presse, périodiques], éléments sonores et audiovisuels, albums iconographiques, affiches, documentaires institutionnels ou privés, etc.) Il s’agit donc d’un vaste champ d’investigation de longue haleine, d’autant plus indispensable que la matière qu’on escompte recueillir représente une composante importante du patrimoine culturel tunisien, à travers lequel se profilent tout à la fois l’histoire du cinéma tunisien et du cinéma arabo-africain, l’histoire culturelle de la Tunisie, ainsi que l’évolution de l’environnement politique, social, et idéologique de notre pays. Ce panel est invité quant à lui à concevoir une approche qui consiste à collecter, gérer, analyser, voire numériser ces documents, et cela dans le but d’établir un programme de publications d’études critiques, de monographies de cinéastes, de producteurs ou de comédiens, ou encore d’organiser des expositions itinérantes en Tunisie et à l’étranger.

Renforcer le patrimoine arabo-africain

Un tel projet impliquerait forcément d’autres institutions afférentes comme le CNCI, la Cinémathèque, la Bibliothèque nationale, le Centre de documentation culturelle, la photothèque du ministère des Affaires culturelles ou encore celle de la TAP, etc. La mission de ce quatrième panel consiste à inscrire l’ensemble des propositions envisagées dans une vision globale qui prendrait en considération aussi bien le cadre juridique que la mobilisation des ressources du financement. Dans cette perspective, les membres de ce panel, tous experts en la matière, sont invités à se pencher sur les objectifs des JCC et leur harmonie avec l’environnement socio-économique que vit la Tunisie d’aujourd’hui, en œuvrant particulièrement à : consolider les acquis du Festival tout en exploitant encore mieux les opportunités qu’offrent les nouveaux moyens de communication ; renforcer la dimension internationale du Festival, en prenant surtout en considération la place que ne cessent d’occuper quelques manifestations cinématographiques dans notre environnement maghrébin et méditerranéen ; engager une réflexion sur les formes juridiques des JCC susceptibles d’assurer leur pérennité et enfin adopter des modalités de gestion en mesure de diversifier les sources de financement qui soient au diapason des ambitions du Festival. Enfin, à noter que l’Algérie est présente aussi au niveau de la sélection officielle des projets «takmil». On relèvera le nom du réalisateur Anis Djaâd qui bénéficie d’une aide pour finir son film L’Oliveraie. Gageons que le Festival saura mener à bien sa mission dans les meilleures conditions possibles.

Source : https://www.lexpressiondz.com/


 

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