Par Salem Trabelsi – La Presse de Tunisie le 16 – 09 – 2016
Le Lion du Futur «Premio Luigi de Laurentis» et Prix «Mario Serandrei» pour la meilleure contribution technique. Oui, les techniciens ont eu aussi voix au chapitre à la 73° Mostra de Venise
Rappelons que le film de Alaeddine Slim «The Last of us» a eu deux prix : «Mario Serandrei» pour la meilleure contribution technique et le Lion du Futur «Premio Luigi de Laurentis» au 73° Festival international du film de Venise (Mostra de Venise). Un premier long-métrage de Alaeddine Slim qui condense un langage cinématographique particulier et sur lequel nous reviendrons.
Une autre consécration pour les réalisateurs tunisiens, mais c’est surtout une consécration pour les techniciens qui méritent d’être mis en valeur. Ce deuxième «Lion ailé» qui vient de tomber dans la besace tunisienne du côté des techniciens, pendant la semaine de la critique, est l’occasion de rappeler que nos techniciens sont peut-être plus sollicités à l’étranger que certains de nos cinéastes qui sont restés enfermés dans le moule ancien. Et sans fioritures, nous dirons que le film possède un univers particulier, une sorte de grammaire et de graphisme visuels qui font sa particularité. Cet univers trouve également sa place dans le subconscient du spectateur grâce à un univers sonore qui tient aussi bien du songe que d’une réalité qui désenchante. «C’est un prix important pour le métier de technicien et je tiens personnellement à rendre hommage à Hechmi Joulak, mais je tiens à rappeler aussi que ce n’est pas le premier prix sur la scène internationale ! dit Moncef Taleb, ingénieur du son du film. Je citerai les prix de Sofiane El Fani, Amine Bouhafa, Nadia Berrchid, dernièrement césarisés. Ce prix de la technique attribué par la Mostra de Venise n’est qu’une suite dans ce parcours tunisien. Mais ça prouve aussi que les Tunisiens sont en train d’accumuler une expérience précieuse. Amine Messadi, par exemple, n’est que le fruit de cette accumulation qui contient Youssef Ben Youssef, Tarak Ben Abdallah, Ahmed Zaaf, Belgacem Jeldi, Ahmed Bennys et Mohamed Maghraoui pour ne citer que ceux-là. Aujourd’hui, la Tunisie sur le plan technique est l’un des pays les mieux lotis à l’échelle arabe et africaine et on a fait nos preuves».
Pour «The Last of us», je dirai que, vu les conditions de production du film, nous n’avons pas eu le loisir d’avoir tout le matériel qu’on désirait, mais il fallait faire avec ! C’était une occasion pour nous de confirmer notre conviction selon laquelle ce n’est pas le matériel qui fait le film, mais c’est l’élément humain. Espérons qu’avec ce prix les responsables et, entre autres, le CNCI et le ministère des Affaires culturelles pourront promouvoir les techniciens en Tunisie. Je rappelle que jusqu’à aujourd’hui les techniciens n’ont pas de statut en Tunisie, avec tous les soucis que cela entraîne. «A-t-on une bonne pépinière de techniciens pour le futur ? Oui, mais le problème c’est qu’on vit dans un ère de facilité où on peut tout avoir sous la main, même l’information, répond Moncef Taleb ; du coup, si le technicien se trouve confronté à une situation qui sort de l’ordinaire et qu’il doit se débrouiller, il risque de se perdre. C’est ce qui m’inquiète».
Amine Messadi, à l’image sur le film, a répondu : «C’est aussi le fruit d’un travail d’équipe qui a suivi le film, depuis l’élaboration du projet jusqu’à sa finalisation. La majorité des techniciens sont des producteurs, cela montre justement l’implication totale de tous les partenaires sur le film. Donc la joie a été grande à la sélection, mais encore plus grande, quand on a lu les critiques après la première projection du Lido, donc on s’attendait à une petite reconnaissance. Une fierté bien sûr quand on a reçu la meilleure contribution technique pour le film de la part du syndicat des critiques cinématographiques italiens. Un prix que je dédie personnellement à toutes les personnes qui m’ont accompagné dans ma petite carrière et qui ont cru en moi. Une pensée particulière va à Kamel Laaridhi, Tarek Ben Abdallah, Ahmed Bennys, Ahmed Zaaf, Youssef Ben Youssef et Sofiane El Fani. Une première pour un film tunisien fait avec les moyens du bord, mais avec beaucoup d’amour et d’estime entre les uns et les autres. Un prix plus important qui récompense un parcours entre, Chawki Knis, Alaeddine Slim, Ali Hassouna, Moncef Taleb, Ismael Louati et moi-même depuis la création du collectif indépendant d’action pour le cinéma. Maintenant, le challenge devient plus stimulant pour faire d’autres films, résister et créer».
Sources : La Presse de Tunisie – vendredi 16 septembre 2016.
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