De Paris, lieu d’émigration et de rencontre entre Arabes et Africains, nous vient une nouvelle revue cinématographique : «Adhoua», éditée par le Cercle d’Études et de Recherches cinématographiques et animée par de jeunes étudiants et cinéastes tunisiens, cette revue se veut un nouveau lieu de débat. Nouveau dans la mesure où il est ouvert à toutes les approches, expériences et points de vue sur le développement d’une cinématographie nationale dans les pays arabes et africains.
Un débat démocratique qui rompt avec les discours dogmatiques et abstraits habituels. Dans l’éditorial, le collectif la présente ainsi : «Adhoua est le produit d’une pratique engagée depuis près de deux ans par un groupe de Tunisiens à Paris : il y eut d’abord le Cercle d’études et de recherches cinématographiques, qui se proposa de réfléchir aux problèmes du cinéma arabo-africain, et particulièrement du cinéma tunisien.
Très vite les limites d’une réflexion détachée de la pratique apparurent». Ce qui a amené le groupe à créer en décembre 1979 le ciné-club Ibn El Haythem (du nom d’un célèbre savant arabe, auteur de travaux sur l’optique) qui, une fois par mois, organise une projection-débat autour d’un film arabe ou africain.
Ce premier numéro contient deux articles sur la SAPTEC : «Non au démantèlement» expose le rôle qu’a joué cette institution étatique depuis sa création et se prononce pour sa défense en tant qu’acquis et unique garant pour le développement d’un cinéma tunisien C’est le même thème qui est repris dans le second article interview de M. Hassan Daldoul, ex-directeur général adjoint de la SATPEC, le titre : «Pas de cinéma national sans monopole d’État» est à cet égard significatif.
Par ailleurs, «Adhoua», contient un compte-rendu des débats organisés par le ciné-club Ibn Haythem, débat qui ont porté sur le films : «Omar Gatlatou» du cinéaste algérien Merzak Allouache (thème du débat : «Culture et dynamique sociale au Maghreb»), «Le retour de l’enfant prodigue» de Youssef Chahine (thème : l’intellectuel des pays arabes), «Ceddo» de Ousmane Sembène (thème : l’Islam et identité culturelle en Afrique» et «Il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres» de Lotfi Thabet et Borhane Alaouie. Le débat a eu lieu en présence de ce dernier. Ce débat a inspiré un article de réflexion sur les problèmes de l’urbanisme en pays d’Islam, notamment au Caire et à Tunis.
En outre, à travers un entretien avec les membres de la délégation algérienne au dernier Festival international du Film amateur de Kélibia dont la IXème session a eu lieu l’été dernier, la revue propose un tour d’horizon des problèmes du cinéma amateur et de son rôle dans l’émergence d’un cinéma national. L’article est cependant centré sur les problèmes et perspectives du cinéma amateur en Algérie. Rappelons que c’est sur l’initiative de la Cinémathèque algérienne, que le premier Festival du film amateur a été organisé l’an dernier à Tizi Ouzou…
Dans un autre article, Hamadi Bouabid, cinéaste tunisien, insiste sur la nécessité de la mise en place d’une politique cohérente et concertée (au niveau des états arabes et africains en matière de conservation et d’archivage du patrimoine filmique.
Un texte d’un critique irakien analyse le rapport du cinéma irakien avec la littérature et avec la politique.
Par ailleurs «Adhoua» contient une analyse critique de trois films «Noces de sang» de Souheil Ben Barka «Alexandrie… Pourquoi» de Youssef Chahine (par Radhi Trimèche) et «El Irs» du nouveau théâtre. Notons que 1e photo de la couverture est tirée de ce film.
Sur 38 pages, cette revue de culture cinématographique offre 3 pages en langue arabe contenant l’éditorial et une étude de Mohamed El Khiri sur le cinéma palestinien.
Le prochain numéro d’«Adhoua» sera consacré au festival de Carthage : important lieu de rencontre des cinémas arabes et africains. Il paraîtra donc en novembre 1980.
Un effort de réflexion à encourager.
A.C.
Source : Le Temps du mardi 10 juin 1980
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