APPEL À RÉVISER LE MODE D’ATTRIBUTION D’AIDE À LA PRODUCTION ET À AUGMENTER LE BUDGET ANNUEL

TUNIS, 21 févr. 2022 (TAP) – Le Syndicat indépendant des réalisateurs producteurs (SIRP) met en cause le mode de fonctionnement des commissions successives désignées à la tête du Fonds d’aide à la production cinématographique au sein du ministère des Affaires culturelles, et demande une augmentation du budget annuel alloué à la production nationale dans le 7e Art.

Dans un communiqué publié lundi 21 février 2022, le SIRP exige une «révision participative, sérieuse et profonde de la loi d’aide à la production cinématographique», et lance un appel urgent à la présidence de la République et au gouvernement en vue d’augmenter le budget alloué à l’aide publique consacrée à la production cinématographique.

Cet appel s’inscrit dans le cadre du respect de la crédibilité et de la continuité des institutions de l’État, indique le syndicat, qui rappelle l’engagement pris par le ministère des Affaires culturelles en 2019 en vue d’augmenter la subvention publique.

Le Syndicat met l’accent sur l’absence de continuité dans le travail des comités et les recommandations faites au cours des sessions successives, précisant que le Comité de sélection (session 2021) avait refusé d’accorder une aide à la production pour des projets qui avaient eu l’accord du précédent comité.

Le bureau exécutif, présidé par le cinéaste Ibrahim Letaief, exprime sa solidarité avec les cinéastes dont les projets n’ont pas été sélectionnés pour bénéficier de l’aide publique aux productions cinématographiques au titre de l’année 2021. À cet égard, il appelle le ministère à intervenir en vue rendre justice à tous les projets rejetés et en faisant usage des outils juridiques en vigueur. En sa qualité de partie habilitée à émettre sa décision finale auprès du Comité de sélection – qui est un comité consultatif -, la ministre des Affaires culturelles est appelée à intervenir, lit-on encore.

Le Syndicat souhaite la constitution d’une commission restreinte en vue de réexaminer les candidatures des projets bénéficiaires d’une aide à l’écriture, mais qui ont été privés de l’aide à la production.

La question d’attribution d’aide à l’écriture présente des lacunes et des incohérences, souvent constatées à ce sujet par le SIRP. «Plusieurs projets, qui avaient bénéficié d’une aide à l’écriture, se trouvent exclus de l’aide à la production au moment où ils sont passés par toutes les étapes d’évaluation pour la finalisation de leur projets de scénarios».

Habituellement, le scénario est soumis à une évaluation permanente, auprès de deux membres de la Commission de sélection qui émettent leur avis, soit par l’adoption ou par le refus de la copie finale en vue de sa réécriture. Cette procédure permet ainsi au porteur du projet à bénéficier d’une aide à l’écriture, et ce en guise d’avance d’aide à la production.

Cet état des lieux dans le cinéma a engendré un mécontentement qui resurgit chaque année avec la publication du rapport final des projets sélectionnés pour la session en cours. Ce malaise continue de peser sur une bonne partie du milieu cinématographique national, insatisfaite du traitement des «commissions successives, anciennes et actuelles», comme c’est expliqué dans le communiqué du SIRP.

Il est à rappeler qu’une liste de 28 projets de films de fiction et documentaires a été retenue pour bénéficier de l’aide à la production cinématographique, un programme national doté d’une enveloppe de 5 millions de dinars, d’après le rapport final de la Commission d’aide à la production cinématographique au titre de l’année 2021. Une copie du rapport sur les travaux de la Commission et la liste détaillée des films sélectionnés – datée du 11 janvier 2022 – a été publiée le 4 février 2022 sur la page Facebook du ministère.

La liste des 28 projets de films comprend des fictions et des documentaires, dont 11 longs-métrages et 12 courts-métrages. Cinq autres projets auront des aides à l’écriture (4) et à la production (1). Ces projets ont été sélectionnés parmi 65 candidatures dont 34 longs-métrages, 20 courts-métrages. Dans la section d’aide à l’écriture figurent 8 projets de films candidats, avec 3 autres projets ayant demandé une aide à la production.

Selon la même source, 8 projets candidats «qui ne répondent pas aux conditions d’éligibilité, n’ont pas été examinés par le comité de sélection». Il s’agit notamment de dossiers candidatures qui ne sont pas complets ou/et qui ne respectent pas le règlement en lien avec le nombre de fois autorisé pour bénéficier de l’aide publique.

Le rapport final de la Commission fait état d’une série de constats et de recommandations, et évoque une diminution dans le nombre des candidatures par rapport aux années précédentes. La qualité des projets reçus se caractérise par des contenus qui demeurent globalement peu novateurs, selon l’avis du Comité. Dans ce sens, il a été notamment recommandé de recourir à des approches cinématographiques dans l‘écriture scénaristique, en particulier pour les documentaires.

Le budget prévisionnel présente des lacunes pour des dossiers de candidatures où le montant des dépenses de production prévues est plutôt injustifié.

À l’instar de la demande faite par le Syndicat indépendant des réalisateurs producteurs, le Comité de sélection avait également préconisé une augmentation des aides annuelles publiques à la production cinématographique, en vue de répondre aux besoins financiers grandissants des professionnels et promouvoir le cinéma national, sur la double scène nationale et internationale.

Présidée par Mohamed Jouili (écrivain), la Commission est composée de Moez Kammoun (réalisateur), Taieb Jallouli (producteur), Sihem Temimi (distributrice), Ahmed Guesmi (critique), Dorra Fazaa (écrivaine), Samir Zgaya (membre représentant le ministère des Affaires culturelles, directeur général du département des arts scéniques et des arts audiovisuels).

Selon la loi en vigueur, une nouvelle Commission d’encouragement à la production cinématographique est nommée chaque année par le ministère des Affaires culturelles. Elle est composée de 7 membres qui appartiennent au domaine culturel et cinématographique. Le président de la Commission dirige les travaux de la Commission. La direction générale des arts scéniques et audiovisuels assure le secrétariat permanent de la Commission, la conservation et le suivi des demandes de subventions et d’encouragement.

Des textes de loi relatifs aux modalités de gestion du Fonds d’encouragement de la production et de l’industrie cinématographique et un décret fixent les prérogatives de cette Commission. Cette dernière peut à titre exceptionnel inviter des experts tunisiens pour émettre leur avis sur des questions relevant de leurs domaines de compétence.

Cette Commission consultative a pour mission d’examiner des dossiers de demande de subventions d’encouragement qui lui sont soumis et de proposer le montant des subventions d’encouragement qui peuvent être accordées aux projets de films cinématographiques retenus.

La subvention d’encouragement est accordée par décision du ministre chargé de la Culture après avis de la Commission. Pour chaque session, le montant global d’aides est alloué dans le budget du Centre national du Cinéma et de l’Image (CNCI).

Source : https://www.tap.info.tn


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