LE CINÉMA, CE MÉTIER TERRIBLE…

Par Henda HAOUALA* – tunisienumerique.com – 4 janvier 2021

Le cinéma est un art à part entière par les sujets qu’il traite et l’économie sur laquelle il est basé. Un film est un travail collectif, une véritable entreprise qui obéit à des règles et normes économiques impliquant des risques financiers et des calculs de recettes. Un cinéaste a besoin d’un bailleur de fonds, un producteur, un ou des commanditaires pour faire un film. Il est tributaire d’un capital. Un film qui n’est pas tourné, n’est pas un film, c’est de la littérature de film. Même si toutes ces conditions sont réunies, le réalisateur n’est pas sûr que son film «réussira», un film tourné doit être également distribué. Plus de réalisateurs, et ce dans le monde entier, ont pu trouver un producteur mais ne sont pas parvenus à convaincre un distributeur, à tort ou à raison, parce qu’il se trouve qu’on peut trouver un film non rentable.

Vous dire la fragilité du secteur. Un jeune qui rêve de faire du cinéma et qui arrive à faire son premier long-métrage qui peut très bien être son dernier. Tout échec commercial peut être fatal. En Tunisie, où l’ambigüité règne dans tous les secteurs, la culture et le cinéma ne sont pas épargnés. Le 7° Art pourrait prêter confusion entre divertissement et fonction culturelle. Disons-le d’emblée, tout film n’est pas un produit culturel, ni issue d’une démarche intellectuelle. Un film peut être une œuvre artistique comme il peut être un simple produit de divertissement. Il faudrait s’excuser de rappeler de telles banalités, il est temps de reconsidérer certains points relevant de la question de la culture en général et de la production cinématographique en particulier.

D’ailleurs c’est révélateur de voir le ministère de la Culture constamment sur la brèche, réglant des problèmes sociaux et manquant les enjeux que joue le cinéma, en termes d’image, en tant que symbole fort du dynamisme culturel du pays. Y a-t-il une vision culturelle claire, au moins pour 2021 concernant le secteur cinématographique ? Dans un paysage mondial qui mue, où «la série TV» prend de plus en plus de place, où le rapport entre télévision (en termes de médiateur) et cinéma connait une révolution, où Netflix impose de nouvelles écritures scénaristiques ainsi que de nouvelles esthétiques de l’image, disposons-nous d’une stratégie culturelle et économique qui soit en adéquation avec les aléas du marché mondial et en phase avec les contraintes de la distribution et la diffusion ?

Le cinéma tunisien (films, productions, distributions, festivals etc.), plus que jamais en effervescence (avec les répercussions de la pandémie du COVID), un secteur culturel, artistique, industriel et économique difficile et complexe, demande une véritable restructuration venant de personnes stratèges et innovatrices qui connaissent ce métier terrible comme l’a très bien qualifié Jean Cocteau !

* Henda Haouala – Maître de Conférences en Techniques audiovisuelles et Cinéma.

Source : https://www.tunisienumerique.com/


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