WELDEK RAJEL, OU LA VIE DES HARRAGAS À PARIS

Par S.B.H. – tekiano.com – Lundi, 26 mars 2012

Après «Gahaf» en 2009 et «» en 2010, Heyfel Ben Youssef et la bande de «No Money Production» reviennent avec «Weldek Rajel», un docu-fiction sur les harragas tunisiens à Paris. La bande-annonce diffusée sur le web marque une nouvelle manière d’aborder le sujet.

En janvier 2011, plus de 20 000 Tunisiens sont partis clandestinement à Lampedusa, en Italie. Partir dans des embarcations de fortune vers l’inconnu n’est sans doute pas une décision facile à prendre. Mais le chômage, le désespoir les consument à petit feu, alors ils tentent leur chance. «C’est un coup à jouer» disent-il pour convaincre et se convaincre de cette aventure vers l’inconnu, et parfois même vers l’au-delà.

Heifel Ben Youssef est parti à la rencontre des harragas à Paris, «on parle toujours du passage clandestin, on ne parle jamais de la vie des clandestins après.» affirme le réalisateur avant d’ajouter : «Ce sujet me touche. Beaucoup de mes amis sont partis en Europe clandestinement. Je voulais montrer aux gens la réalité de la clandestinité, pas le rêve européen. Il faut que les gens sachent que la vie est vraiment très difficile pour eux là-bas. Le problème c’est que si ça leur arrive de rentrer de temps en temps en Tunisie, ils viennent frimer alors que leur vie est vraiment misérable».

«Le titre «Weldek Rajel» [ndlr : Ton fils est un homme] n’était pas le titre prévu au départ.» avoue Heyfel Ben Youssef «L’une des personnes que j’ai filmées, et après que j’aie éteint la caméra, m’a dit : s’il te plaît, rallume ta caméra, j’ai quelque chose à dire à mon père : «Papa n’aies pas peur pour moi, weldek rajel !». C’est là que j’ai décidé que ce serait le titre du film».

Beaucoup de harragas veulent rentrer mais ne le font pas, car ils ont peur du regard de la société, de leurs copains dans les quartiers. Ils ne veulent pas avouer l’échec, admettre que le rêve n’est qu’une vaste illusion. Dans la bande-annonce, l’un d’eux regrette avec beaucoup d’émotion : «J’ai raté une révolution, j’ai raté l’Histoire».

La caméra est également partie à la rencontre des étudiants tunisiens. Ceux-là certes sont dans une bien meilleure situation, mais ce n’est pas toujours rose pour eux non plus. «Y’en a qui veulent rentrer, et d’autres qui se sont adaptés à la vie parisienne».

«Weldek Rajel» est un docu-fiction réalisé par Heifel Ben Youssef sur les clandestins tunisiens en France. Filmé entre le 14 et le 22 janvier à Paris, ce nouveau projet est signé No Production. «Ce n’est pas vraiment une boite de production, disons que c’est un concept, ou plutôt un défi !» dit Heyfel. «Nous sommes 4 amis, nous filmons sans autorisation ; d’ailleurs ça nous est arrivé d’être arrêtés en Tunisie parce que nous n’avions pas d’autorisation de tournage, on nous a confisqué la caméra.» avoue-t-il avec le sourire. « Cela ne nous pas empêché de continuer notre travail, à filmer et à faire ce que nous aimons.» avant de conclure : «Nous voulons prouver que nous pouvons faire de bons films sans beaucoup argent.». À voir la bande-annonce de «Weldek Rajel», on ne peut que confirmer.

S.B.H.

Source : http://www.tekiano.com/


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