Propos recueillis par Waleyeddine Messaoudi – Le Quotidien du mercredi 4 décembre 2019
Talentueux jeune réalisateur du long-métrage «Avant qu’il ne soit trop tard», Majdi Lakhdhar revient pour «Le Quotidien» sur la genèse de cette œuvre immersive qui continue à drainer un important nombre de cinéphiles dans nos salles obscures.
C’est votre premier long-métrage, comment avez-vous vécu cette expérience ?
- Comme toutes les expériences cinématographiques, réaliser un film n’est jamais de tout repos, surtout lorsqu’il s’agit d’un premier long-métrage. Je porte en moi l’idée d’«Avant qu’il ne soit trop tard» depuis longtemps, Après avoir fini mes études à l’Institut Supérieur des Arts Multimédia à Manouba (ISAMM), j’ai tourné plusieurs courts-métrages, mais l’idée du film ne m’a jamais quitté. C’est ma rencontre avec Mohammed Ali Ben Hamra qui a relancé mon intérêt. C’était à Turin dans le cadre d’un festival de film d’école dont il était le président.
Vous-avez donc porté ce film en vous pendant des années, Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps pour passer à la réalisation d’«Avant qu’il ne soit trop tard» ?
- Ce n’était pas une attente, mais un chemin. J’ai dû approfondir ma formation, cerner ce métier de cinéaste tout en poursuivant mes recherches et la réécriture du film. Je ne voulais pas presser les choses et me lancer dans l’aventure à l’improviste.
Et si nous partions des étapes importantes de la réalisation d’«Avant qu’il ne soit trop tard» ?
- Nous avons passé de longs mois à écrire, réécrire, développer les idées et ce dans le cadre d’un atelier d’écriture scénaristique avec mes producteurs Soumaya Jelassi et Mohammed Ali Ben Hamra. Puis nous avons commencé la préparation du tournage qui a pris six mois. Durant cette période, les producteurs m’ont proposé de faire des répétitions dans les conditions de tournage, pour familiariser les acteurs et l’équipe technique à ce procédé, exceptionnel et original, de filmer en caméra subjective. Ce qui a permis de réduire la durée du tournage à 16 jours seulement.
Votre film traite d’une réalité sociale au cœur de l’actualité tunisienne. Pour quelle approche artistique avez-vous opté ?
- Le quotidien de la famille d’Ali, qui vit dans une maison sur le point de s’effondrer, témoigne fidèlement de l’état de précarité et les difficultés d’un bon nombre de foyers tunisiens et symbolise également l’état des lieux de la société tunisienne au bord du crash total.
Le père de famille, plutôt que de faire face au danger réel d’où ce risque d’effondrement, choisit de passer son temps à creuser des galeries sous terre en poursuivant l’illusion de trouver un trésor qui sauverait sa famille de la pauvreté et sa maison de la chute… J’ai choisi de croiser les regards de chacun des membres de cette famille et d’explorer l’évolution des rapports entre eux. C’est tout le travail sur la dramaturgie qui m’a fait opter pour l’utilisation de la caméra subjective.
N’est-ce pas un choix aventureux que celui de la caméra subjective, surtout pour un premier long-métrage de fiction ?
- C’est effectivement un challenge, mais ce choix n’est pas un caprice esthétique, J’ai expérimenté plusieurs techniques et mon choix de caméra subjective est étudié et réfléchi. Je voulais que le spectateur soit «agissant» et non observateur, qu’il comprenne et ressente les événements sans avoir à juger un fait divers. Ce procédé plonge le spectateur dans l’intimité psychologique, mais également dans la réalité presque instantanée de chacun des acteurs. C’est une expérience de vie et de cinéma que le spectateur aura à vivre, le temps du film.
Parlez-nous du casting de «Avant qu’il ne soit trop tard» ?
- Mes producteurs, qui me connaissent bien, ont fait une série de propositions. Le personnage d’Ali était taillé pour Raouf Ben Amor pour qui j’ai une grande considération.
J’ai également choisi Rabiâa ben Abdallah, qui revient au cinéma après une longue absence. C’est une actrice fascinante et très talentueuse et qui, à mes yeux, portait toute la charge émotionnelle nécessaire pour camper le personnage de Baya. Idem pour Salma Mahjoubi, la plus à même pour jouer le rôle de Hajer. Quant à Majd Mastoura, on ne le présente plus. Il devait pour moi incarner Saif, le fils.
Propos recueillis par Waleyeddine Messaoudi
Le Quotidien du mercredi 4 décembre 2019
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