LE CINÉASTE RIDHA BÉHI EST DE RETOUR

Absent de la scène cinématographique depuis maintenant huit ans, l’auteur de Soleil des Hyènes (1975) a annoncé qu’il tourne actuellement un long-métrage de docu-fiction intitulé Quand tombent les étoiles. Parallèlement, son film La Boîte magique, réalisé en 2002, est à l’affiche dans trois salles de la capitale.

Longtemps considéré comme l’un des metteurs en scène majeurs du cinéma tunisien, Ridha Béhi n’a présenté depuis vingt ans que deux longs-métrages : Les Hirondelles ne meurent pas à Jérusalem (1994) et La Boîte magique en 2002. Toutefois, son parcours cinématographique est un peu particulier par rapport à celui des cinéastes de sa génération. Car ,contrairement à un Abdellatif Ben Ammar, diplômé de l’IDHEC de Paris, ou à un Omar Khélifi, autodidacte et «cent pour cent tunisien», Ridha Béhi est issu d’un cinéma amateur où art et engagement politique vont de pair.

Consacré en 1972 par la critique comme l’un des grands espoirs du cinéma tunisien de l’époque grâce à son film Seuils interdits réalisé dans le cadre du cinéma amateur, Ridha Béhi se place d’emblée au centre d’une grande polémique sur la censure et la liberté d’expression. Le film qui porte un regard critique sur le tourisme et son impact sur la société tunisienne s’attaque d’une manière frontale et sans concession aux pouvoirs politiques et aux dogmes religieux en place, ce qui lui vaut une interdiction totale et catégorique pendant de longues années. «Ce n’est pas en fait le viol d’une jeune touriste dans le minaret d’une mosquée que j’ai voulu filmer, mais plutôt le viol de toute une civilisation par une industrie touristique méprisante à l’égard de notre culture arabo-musulmane», précise le réalisateur.

En 1975, Ridha Béhi persiste et signe un deuxième film sur le même thème. Mais cette fois, il est contraint d’aller tourner Soleil des hyènes au Maroc, après le refus des autorités tunisiennes. Le film est sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes (1976), ce qui offre au cinéaste une sorte de reconnaissance internationale. Une reconnaissance qui va le conduire dans des aventures de coproductions pas toujours heureuses. En 1983, il fait jouer des stars du cinéma égyptien, telles que Madiha Kamel et Kamel Chennaoui, dans Les Anges (Al Malyeka), une expérience qui se solde par un double échec artistique et commercial. Puis, en 1986, il tourne Champagne amer avec Patrick Bruel, distribué aux États-Unis sous le titre Secret Obsession, avant de réaliser en 1993 avec Jacques Perrin Les Hirondelles ne meurent pas à Jérusalem, un film sur la cause palestinienne. Après une parenthèse plutôt autobiographique en 2002 avec La Boite magique, diffusé en exclusivité à la télévision nationale, voilà que Ridha Béhi se lance aujourd’hui dans une nouvelle aventure internationale avec un film sur l’icône du cinéma américain des années 50 et 60, Marlon Brando, décédé le 30 juin 2004 à Los Angeles.

Brando & Brando ou Quand tombent les étoiles

L’idée du scénario est née à partir d’une rencontre avec Anis Raach, l’acteur du film Les Zazous de la vague (Al-Zazouet) de Mohamed Ali Okbi, l’un des rares succès commerciaux du cinéma tunisien. Anis présente une grande ressemblance physique avec le célèbre Marlon Brando. Il en est presque le sosie. Béhi pense d’abord réaliser son rêve de faire jouer Brando dans l’un de ses films. Il finit par rencontrer l’acteur américain qui accepte même de co-écrire le scénario, mais la mort l’emporte quelques jours avant le début du tournage. Néanmoins, le cinéaste tunisien ne désespère pas et décide de porter son projet à terme, quitte à introduire de grands changements sur le scénario original. «La mort de Brando va ajouter un plus au film que je suis sur le point de tourner», déclare Ridha Béhi. «Cela va me permettre d’introduire un côté documentaire dans ma fiction, où je mets en valeur mon carnet de voyage tout au long de cette aventure, tout en gardant l’évocation de la fiction pour laquelle Brando avait donné son aval et qui fut en fait son dernier projet». Ainsi le film raconte l’histoire d’Anis, un jeune Tunisien séduit par James, un acteur américain venu tourner dans le Sud tunisien et qui lui trouve une ressemblance avec Marlon Brando jeune. Peu de temps après le départ de l’équipe américaine, Anis décide de s’envoler à son tour pour Los Angeles. Là, commence l’histoire tendre et mouvementée d’un jeune Tunisien épris de cinéma et de Marlon Brando. L’aventure américaine d’Anis se termine par la mort de son modèle, qui avait pourtant accepté de le rencontrer, et par son arrestation par le FBI.

Le film sera tourné dans le site archéologique d’Oudhna, à quelques dizaines de kilomètres de Tunis. Il sera fin prêt au mois de décembre prochain. Pour la production, Ridha Béhi (Alia Films) s’est associé au producteur chevronné Abdelaziz Ben Mlouka, directeur de CTV Services.

source : http://www.jetsetmagazine.net/


 

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