LA TUNISIE INVITÉE D’HONNEUR DE LA PROCHAINE ÉDITION DE «MALMÖ ARAB FILM FESTIVAL» (MOUHAMAD KEBLAWI)

Tunis, 14 novembre 2018 – TAP, par Fatma Chroudi.

Créer un pont de dialogue et de partage entre Orient et Occident qui aide à refléter une meilleure image du monde arabe, qui coupe avec l’image négative transmise par plusieurs médias occidentaux ce qui ne traduit généralement pas la réalité de la région, est la principale vocation du «Malmö Arab Film Festival» (MAFF), fondé par Mouhamad Keblawi, ancien réalisateur de documentaires et producteur.

Ce suédois d’origine palestinienne a, en marge de sa présence à la 29ème édition des Journées cinématographiques de Carthage annoncé, dans une interview accordée à l’agence TAP, que la Tunisie sera l’invitée d’honneur de la 9° édition du Festival, qui se tiendra du 4 au 8 octobre 2019.

Parlant de la naissance du Festival, cet ancien documentariste, directeur et fondateur du MAAF, a rappelé que l’idée de lancer un festival arabe pour le cinéma en Occident n’est pas nouvelle, mais remonte à près de 35 ans».

Bien avant le MAFF, il y avait des festivals comme la manifestation «Cinémas arabes» créé par l’Institut du monde arabe à Paris (IMA), le Festival du Film Arabe à Rotterdam aux Pays-Bas, le Festival International du Film Oriental à Genève (FIFOG) et le Festival du Cinéma arabe à Berlin. Sur le continent américain, il existe près de trois festivals du cinéma arabe, ainsi qu’à Sydney en Australie. La particularité du MAAF est qu’il est orienté vers les pays scandinaves, où le film arabe était quasi absent. Keblawi se souvient que, durant son séjour de plus de 22 ans en Suède, il n’a auparavant vu de cinéma arabe que rarement, à travers la télé ou durant ses visites à des festivals scandinaves ou dans le reste de l’Europe.

À propos de la création du MAFF, il a évoqué une forte demande à voir du cinéma arabe de la part des Suédois d’origine arabe. Les révolutions du printemps arabe avaient également créé une sorte de curiosité auprès des Suédois eux-mêmes, pour connaître la culture de la région. Le film arabe s’est avéré être le chemin qui pouvait permettre, favoriser et répondre à cette demande accrue.

Le projet de création du MAAF précédait le début des bouleversements arabes. Cet ancien de la chaîne Arte à Berlin avait commencé en 2010 à rentrer en contact avec les responsables et sponsors suédois du film, pour lancer le premier noyau d’un Festival du Cinéma arabe à Malmö.

Il avait choisi de nommer son festival du nom de Malmö, cette ville à la température assez clémente par rapport aux autres villes suédoises et son emplacement au sud du pays comme étant seul point de passage qui mène vers le reste du vieux Continent via le pont suspendu la reliant à Copenhague. En dehors des locaux, une forte concentration de plus de 165 nationalités différentes vivent dans la ville, où la communauté arabe est assez présente.

Tant d’éléments et d’indices favorables qui ont encouragé Keblawi à lancer ce Festival du Film arabe avec des fonds suédois. C’est aussi une bonne raison pour lui attribuer cette identité du pays, suédoise, en lui donnant l’appellation Malmö.

Côté financements, la tâche n’était évidemment pas évidente pour lui puisqu’il fallait convaincre les différents intervenants de l’efficacité de son projet. Il devait avoir l’approbation de ministères comme celui de la Culture et du Tourisme, ainsi que le Swedish Film Institute, structure en charge du cinéma dans le pays.

Après des débuts assez durs en 2011 et 2012, le Festival a commencé à se mettre sur la bonne route en 2013 en se constituant une large base populaire avec l’affluence massive du public. Une situation qui avait aidé à mieux convaincre les responsables suédois.

Le Festival, qui se tient habituellement sur cinq jours, propose une sélection de près de 100 films par session. Le sursaut a eu lieu en 2014, avec une tournée dans toutes les villes suédoises durant laquelle Keblawi dit avoir projeté un panorama des meilleurs films et ceux primés durant cette année-là.

Cette stratégie a offert une meilleure visibilité pour le MAFF, qui s’est renforcée avec le lancement en 2015 du Marché du Film du MAFF, une formule d’aide en partenariat avec le Swedish Film Institute, pour constituer un fond d’aide aux films arabes et la mise en place de coproductions arabo-suédoises. Le premier prix avait été attribué au film «Beauty of the dog», de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania.

Le Festival propose quatre compétitions pour les longs et courts-métrages de fiction et documentaires. En plus de la section Arabian nights, des projections matinales pour les écoliers et élèves, des masters-classes et des ateliers sont organisés.

Depuis 2015, le Festival invite un pays arabe chaque année pour des rencontres avec leurs homologues suédois. Dans le choix des films en compétition, le MAFF opte pour la parité des sexes, en assurant une présence égale pour les réalisatrices et les réalisateurs. Ceci concerne les films, leurs thèmes et les gens travaillant sur les films. La représentativité des femmes est assez présente, notamment dans les networks producers pour atteindre jusqu’à 30%.

La grande majorité du public du MAFF est constituée de Suédois qui représentent plus de 65 %, ce qui explique quelque part la réussite du Festival à capter l’intérêt des cinéphiles locaux.

Le MAFF est un festival purement arabe en Suède, où il existe à Stockholm un autre festival pour les cinémas du Sud, «Cinema Africa». Il ambitionne de travailler davantage sur la présence du public, le choix et le nombre des films, ainsi que l’élargissement de la durée du Festival.

FATY

Source : https://www.tap.info.tn/


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