SONDOS BELHASSEN OU LA «MADAME BÉJART» DE LA MÉDINA

Interview conduit par Amel Djait – mille-et-une-tunisie.com – Lundi, 29 mars 2010.

Considérée comme l’une des meilleures danseuses de sa génération, Sondos Belhassen marque cette année la vie culturelle tunisienne.

Entre un film, «Eddawaha», où elle campe un des rôles principaux, et l’exposition photographique de Patricia K.Triki dont elle est le modèle et qui a eu lieu à la galerie El Marsa il y a peu de temps, la jeune femme s’occupe de sa maison d’hôtes et de ses deux ravissantes petites fille. Les hôtes de la Chambre Bleue sont unanimes. Elle a les meilleurs cookies au chocolat de la ville et un caractère bien trempé. Entretien pour découvrir la médina de Tunis avec l’une de ses meilleurs ambassadrices. Interview conduit par Amel Djait

Mille et une Tunisie : Vivre dans la médina. C’est quoi ?

  • Sondos Belhassen : C’est être dans la modernité et retrouver l’actuel dans l’ancien. C’est être inventif avec les matériaux tout en  respectant les structures originales existantes. C’est faire le marché à pied ou circuler à vélo… Ma vie de quartier à Paris ressemblait à ça.

Mille et une Tunisie : Une phrase qui définirait ta vie dans ta médina ?

  • Je traversais la place «Bab Souika» à vélo. Le gardien du parking me crie au loin «yaatik essaha ya Madame Béjart». Cela résume tout ! (une façon bien tunisienne de dire bravo et de souhaiter la bonne santé à quelqu’un).

Mille et une Tunisie : Une phrase qui te fait grincer les dents… Et qui revient forcément tout le temps.

  • Les gens qui me disent : «Mais comment tu fais avec la voiture dans la médina ? Ce n’est pas pratique quand même !» J’adore ! D’autant plus que la réponse de mon mari est : «Et à Venise ?».

Mille et une Tunisie : Un évènement dans la médina ?

  • «Dream city» qui est est un festival urbain qui a rassemblé une trentaine d’artistes sous la direction de Selma et Sofiene Ouissi. Chacun de nous avait choisi un lieu, qui un hammam, un restaurant, une échoppe ou un intérieur de maison…. Malek Sebaï, Patricia Triki et moi avions présenté «manel wu sawssen» une chorégraphie qui se déroulait dans un restaurant. Ma maison a été réquisitionnée par un jeune pour faire de la vidéo. Cet événement a été très intense. Pendant 3 jours, les gens se promenaient dans la médina d’un spectacle à l’autre avec le guide de l’évènement en main….C’est avec cette intensité que devrait être vécue la médina. Il y a eu un lien réel et fort entre les artistes, les habitants de la médina et les spectateurs.

Mille et une Tunisie : Il t’arrive d’ouvrir votre maison à quelques évènements ?

  • Il y a quelques années, j’ai organisé une exposition d’objets et de récupération et détournés pendant trois jours. Il arrive aussi que des étudiants d’architecture viennent faire leur premier croquis. Dernièrement, nous avons organisé un évènement à l’occasion de la sortie «Eddawaha», le film de Raja Amari.

Mille et une Tunisie : Sans oublier la Chambre Bleue, l’une des plus jolies chambre d’hôtes de Tunis…

  • Absolument. L’idée est de partager nos choix de vie et ce qui nous passionne. Nous souhaitons fédérer les gens autour d’un concept ou tout simplement d’un style de vie.

Mille et une Tunisie : Quel est le meilleur moyen pour connaître Tunis Ville ?

  • Je dirais plutôt la meilleure personne. Le guide, c’est mon mari Marwen Ben Miled. Il a une connaissance incroyable de l’histoire de Tunis, de son urbanisme et architecture. Il a une vraie connaissance de l’organisation de son tissu social. D’ailleurs, c’est au cours de nos petits-déjeuners avec nos hôtes que j’en apprends le plus.

Mille et une Tunisie : Si on devait te suivre dans la ville, quel serait ton adresse gourmande pour le déjeuner ?

  • Des pâtes chez une copine au restaurant « La Salle à manger »,  ou encore le menu de « Dar Slah » dans la médina, en passant par l’ambiance  bruyante et enfumée du « Mazart ». Il m’arrive aussi de manger un «mlaoui» rue Tronja, ou un «kaftagi» à la rue El Kasbah.

Mille et une Tunisie : Et pour un café ?

  • Un thé ou un café à « El Teatro ». Un petit coin de liberté et une liberté de ton.

Mille et une Tunisie : Pour une une sucrerie ?

  • Chez moi ou les pâtisseries du « Dar El Jeld », où l’on peut goûter aux saveurs d’antan.

Mille et une Tunisie : Quelle est ton adresse shopping préférée ?

  • La fripe. Sans aucun doute !

Mille et une Tunisie : Quel est ton livre ou auteur  tunisien préféré ?

  • Je viens de lire «Chronique d’un décalage» de A.Filali. Mais je suis plus attirée par la littérature étrangère.

Mille et une Tunisie : Durant le tournage d’«Eddwaha», n’as-tu pas pensé que la magnifique maison qui a servi comme lieu de tournage du film pourrait être une magnifique maison d’hôtes ?

  • Surtout que l’huile d’olive y est bonne et que la voisine fait un super bon pain «tabouna». Je crois que les gens qui ont fait l’acquisition de cette maison sont en train de la restaurer.

Mille et une Tunisie : Pour te détendre, où passes-tu volontiers un week-end ?

  • Chez moi. Je suis très casanière. Mes enfants me tirent vers «Demna», un endroit en bas du village de «Metline» où la mer et la forêt se rejoignent.

Mille et une Tunisie: Ton dernier voyage ?

  • Le tout dernier, chez mes amis de Dar Bibine à Djerba pour le réveillon.

Mille et une Tunisie : Et ton prochain ?

  • Présenter en Belgique le film «Eddawaha» au Festival du Film d’Amour de Mons.

Mille et une Tunisie : Qu’est ce qui arrive encore à t’étonner en Tunisie ?

  • Le goût des fruits, des légumes, les jus d’orange frais, la bandlika au marché…

Mille et une Tunisie : À te surprendre et à te mettre en colère ?

  • Les constructions anarchiques et en particulier dans la médina. Les voitures qui se parquent sur toutes les jolies places de la ville alors qu’on pourrait y voir des cafés ou des aires de jeux, le manque de civisme en général….

Source : http://www.mille-et-une-tunisie.com/


 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire