La Presse – 29 octobre 2025
À l’instar de son film précédent «Start up», Heifel Ben Youssef tient à se spécialiser dans la comédie romantique. Son deuxième long-métrage «Parasol», en salles actuellement, a été projeté en avant-première vendredi dernier au Colisée.
La Presse — Le public venu assister à ce nouveau-né du cinéma tunisien est formé d’invités dont les parents et amis des acteurs et des techniciens, de journalistes et autres cinéphiles. L’équipe artistique et technique, ainsi que le réalisateur, étaient au complet pour présenter leur film. «Parasol», production indépendante, est un film de vacances, autrement dit léger et qui se veut agréable.
Or, le sujet est sérieux puisqu’il s’agit de divorce. Mais Heifel Ben Youssef a choisi de le traiter sous l’angle de la comédie. Dans un décor estival, la ville de Sousse, et particulièrement le patelin de Hergla, des lieux de villégiature prisés où se déroule l’action du film. Une villa bien cossue avec piscine, un couple et leurs deux enfants ont l’air de mener une vie confortable et sans souci matériel.
Lilia (Wajiha Jendoubi), la quarantaine bien entamée, avocate, va troubler cette quiétude familiale et gâcher les vacances de son entourage en annonçant à son mari qu’elle veut divorcer, et ce par caprice. Elle ne peut plus supporter la routine imposée par son mari Hamid (Mohamed Saber Weslati), expert-comptable coincé, la chemise toujours bien repassée et boutonnée, timide et peu sociable, qui ne veut pas sortir de sa zone de confort et ne s’autorise aucun écart.
Leurs enfants, de grands adolescents, Warda (Rahma Ben Aïssa) et Youssef (Nassim Bourguiba) apprennent à travers un courrier que leurs parents vont divorcer. Ils imaginent une combine avec la complicité d’un couple d’amis de leur mère, Samira (Meriem Ben Mami) et Chedly (Sadok Halwess), ainsi que d’un copain vendeur de glaces sur la plage, Zoubeir dit Zou (Jihad Cherni), pour dissuader leurs parents de divorcer et de les remettre ensemble.
Plusieurs obstacles et situations cocasses traversent cette comédie qui se termine comme prévu par un happy end.
Malheureusement le scénario, à l’image de Hamid, le personnage principal, n’évolue pas, sauf la visite impromptue du couple d’amis qui fait irruption chez Hamid et Lilia et cherche à contribuer avec la complicité des enfants à réconcilier le couple et à le dissuader d’abandonner l’idée du divorce. Pour le reste, il ne faut pas s’attendre à grand-chose.
À la banalité du scénario s’ajoute l’ineptie des dialogues. Quant aux personnages Hamid, homme intègre, fidèle et droit est caricaturé, tandis qu’à l’inverse Chedly, insipide, coureur de jupons et soi-disant bon vivant est présenté comme le modèle d’homme qui intéresse les femmes. Il entraîne Hamid dans son sillage pour qu’il change de comportement. Or ce dernier refuse tout compromis.
Le pot aux roses, c’est lorsque Lilia, qui fouille dans l’ordinateur de son mari, découvre qu’il a pris en charge les soins de son père malade durant des années. Ce geste noble, selon elle, la fait changer d’avis, la décide à se réconcilier avec son mari et l’accepter comme il est, has been mais généreux.
Les acteurs n’ont pas démérité, bien qu’ils soient peu dirigés. Wajiha Jendoubi tente de présenter le personnage d’une femme à la forte personnalité mais reste coincée dans son rôle décapant de la série télévisée «El Hajama». Elle garde toujours les mêmes tics. Mohamed Saber Weslati, qui fait son baptême de feu au cinéma, a quitté la peau de Dinari, rôle qu’il a campé dans le feuilleton «Ragouj», mais semble encore hésitant bien que son interprétation soit juste.
Il aurait pu s’engager davantage dans le personnage s’il était bien dirigé. Quant au reste de l’équipe, à savoir Sadok Halwess qui propose un jeu un peu trop caricatural, Meriem Ben Mami est presque absente, sans parler de Rahma Aissa et Nassim Bourguiba peu exploités. Quant à Jihad Cherni, il a plutôt fait le clown.
On a rêvé mieux mais ne gâchons pas le plaisir du public, qui semble apprécier ce genre de film simple et léger. Heifel Ben Youssef a un bel avenir devant lui s’il prend le temps de mieux travailler son scénario et de peaufiner la direction d’acteur.
Source : https://www.lapresse.tn/

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