Par Neila Gharbi
Co-écrit avec Karim Laâmouri, le premier long-métrage de Kays Mejri, réalisateur installé à Montréal (Canada) se veut un film de genre situé entre horreur et fantastique, où le surnaturel joue un rôle essentiel. À première vue, on se demande qu’est-ce qui a motivé une telle narration ? Est-ce pour explorer la psyché du personnage principal, en l’occurrence Farah (Fatma Nasser), qui a des visions atroces et des apparitions hantées par des cauchemars inquiétants traqués par des entités surnaturelles ? Pourquoi pas, après tout, l’idée est intéressante si le scénario était un tant soit peu compréhensible et cohérent.
Mais là, on est là face à une cacophonie indéchiffrable. C’est comme si on disposait d’une pelote de laine emmêlée et qu’il fallait dénouer tous les nœuds. Il est vrai que dans ce genre de situation «Barzakh», zone intermédiaire ou interstice entre deux mondes qui se confondent : le réel et l’imaginaire, on peut se permettre certains écarts. Cependant, il y a une certaine logique, qu’il y a lieu d’adopter, permettant de donner un sens au film. Qu’est-ce qui motive le choix d’un tel sujet et in fine quel est le dénouement de l’histoire racontée ?
Commençons par le début, autrement dit le pré-générique, qui met en situation le thème : des images abstraites colorées représentant une sorte de magma émanant d’une irruption volcanique ou d’un au-delà pour désigner en quelque sorte le Barzakh. Après cette annonce, on redescend sur terre et nous voici dans un décor champêtre, une grande ferme coloniale située dans un paysage d’une beauté magnifique. Il s’agit du domaine familial de Rachid (Jamel Madani) que le voisin, le cheikh Mokhtar (Mohamed Sayari), convoite et tente d’usurper.
Farah, fille de Rachid, qui habite à Tunis, accompagnée d’un proche, Mourad (Oussama Kochkar), rend visite à son père. Et c’est dans le cadre de cette ferme paisible que les démons vont surgir. Farah a des visions d’un passé lointain, d’une enfance mal vécue. Plus le film avance et plus l’histoire se complique et devient confuse. Le véreux cheikh veut acheter une huilerie située dans le domaine de Rachid que ce dernier ne veut pas vendre. Alors Mokhtar fait appel à des ouvriers afin de creuser un large trou, pour des raisons qui resteront inconnues jusqu’à la fin du film.
Les choses se compliquent de plus en plus. La sœur de Mourad tombe en enceinte du cheikh. Farah annonce à son fiancé Hatem, resté à Tunis, qu’elle est enceinte. Elle fait des cauchemars épouvantables sur l’avortement de l’enfant non désiré. L’hémoglobine coule à flot. De son côté, la jeune aide-ménagère tombe à son tour enceinte. Enfin, le pot aux roses est découvert lorsque au terme de cette histoire, apparaît Hatem le fiancé de Farah qu’on découvre complice avec le cheikh Mokhtar.

Le scénario est à la fois complexe et compliqué et ce n’est pas la réalisation qui l’a sauvé. L’intrigue s’éparpille. Il y a certes de beaux plans de la ferme et de ses environs, mais les passages entre le réel et l’imaginaire restent flous et énigmatiques. Les personnages sont peu crédibles. Les acteurs semblent perdus dans un jeu assez statique et sans conviction. Ne fallait-il pas revoir le scénario et le proposer à une réécriture avant de mener une telle entreprise qui donne des résultats néfastes. C’est là un film représentatif d’un genre dont la référence reste «L’Exorciste» de William Friedkin (1973). Hélas, «Barzakh» est une succession d’effets visuels destinés à donner des frissons au spectateur sans qu’il puisse comprendre pourquoi et à quelle fin.
Neila Gharbi
- Un film d’horreur stérile
- Horreur : 1h 24min
- Réalisation : Kays Mejri
- Production : Fatma Nasser
- (Indépendant) https://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=206578.html
- Interprétation : Fatma Nasser, Jamel Madani, Mohamed Sayari, Oussema Kochkar, Nour Bettaieb

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