
Par Neila GHARBI – La Presse de Tunisie – Publié le 4 septembre 2025
Avec un rythme dynamique, un jeu d’acteurs affranchi et une lumière en clair-obscur, des dialogues pertinents, le film réussit à donner un éclairage sur des jeunes défavorisés vivant sur l’autre versant de la société.
La Presse — Grand Prix de la compétition nationale de la 38e édition du FIFAK (23-30 août 2025), «Wed Trabelsia», de Wadii Klaii, a remporté le Prix Amnesty section de Tunis pour sa capacité à rendre compte avec effronterie le mal-être d’une jeunesse marginale de banlieue. Il nous offre une Hammam-Lif qui en cache une autre.
Le Club de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs d’Hammam-Lif est l’un des plus anciens clubs de la FTCA. Il se distingue par une production singulière attachée à cette banlieue sud de la capitale. Ses films sont essentiellement des fictions abordant des thématiques liées au quotidien d’une jeunesse en quête de nouveaux repères dans une cité qui ne cesse de s’agrandir, étalant ses tentacules jusque dans la montagne. Dans ces nouveaux quartiers populaires, le chômage et le désœuvrement des jeunes créent des conflits et des frictions entre les groupes qui essaient de marquer chacun son territoire, usant souvent de violence.
«Wed Trabelsia» est le nom d’un de ces quartiers bâtis de manière anarchique à l’issue d’inondations en 1986 qui ont eu un impact effroyable sur la population contrainte de construire ses maisons sur le flanc de la montagne. C’est dans ce quartier que se déroule l’action du film. Un quartier où les riverains partagent leur vie avec les marcassins fouillant dans les poubelles pour s’alimenter.
«Wed Trabelsia», de Wadii Klaii, donne à voir le paysage déplorable de ce quartier où vit le personnage principal qui a quitté l’école et passe son temps dans l’oisiveté. Ses parents déplorent la situation d’inactivité dans laquelle se trouve leur fils et l’exhortent à trouver un boulot. Son père le place dans un salon de coiffure où il travaille comme apprenti. Or le patron agressif n’accepte pas sa nonchalance et le renvoie. Il se retrouve donc livré à la rue, parmi d’autres jeunes endurcis qui le chassent violemment de leur territoire. L’idée de quitter le pays clandestinement lui trotte par la tête, mais un triste événement va changer le cours de sa vie.
Wadii Klaii, réalisateur doué, sait de quoi il parle. Il maîtrise aussi bien son sujet que la forme qu’il veut donner à son film. Une fiction, dont l’approche documentaire est assez nette. Pour donner de la vraisemblance à ce drame de jeunesse, il a choisi ce qui lui est proche, autrement dit son quartier Wed Trabelsia, qui ressemble à d’autres quartiers populaires du Grand-Tunis où la promiscuité, le désœuvrement et la délinquance frappent fort.
Avec un sens de la narration et de la réalisation assurées, Wadii Klaii fait sauter les verrous avec audace et spontanéité pour explorer sans victimisation l’intérieur d’une société en proie à des problèmes existentiels et psychologiques, dont les jeunes sont la cible.
Avec un rythme dynamique, un jeu d’acteurs affranchi et une lumière en clair-obscur, des dialogues pertinents, le film réussit à donner un éclairage sur des jeunes défavorisés vivant sur l’autre versant de la société.
Source : https://lapresse.tn/
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