
Par Lotfi Ben Khelifa – Tunis Hebdo du 22 au 28 octobre 1984
À chaque session des Journées Cinématographiques de Carthage et mis à part les films de la compétition officielle, un grand nombre de films est proposé au public. Ces derniers sont considérés par les organisateurs comme des chefs-d’œuvre du cinéma, alors qu’ils proviennent de pays arabes et africains qui participent également à la compétition officielle.
Ensuite il y a des films qui entrent dans le cadre de la section Information de ce festival, un festival qui essaye de faire découvrir d’autres cinémas tiers-mondistes et occidentaux. Enfin, des hommages sont rendus à des cinéastes et à des cinémas intéressants, et à ceux qui méritent un hommage malgré leur jeune âge.

Pour cette 10° session des JCC – et l’on a pu voir tous les films en dehors de la compétition, vu leur nombre réduit -, on a par contre l’embarras du choix pour ceux des hommages et d’information, «Carmen» de Carlos Saura et «Liaison d’après-midi» d’Andras Kovacks ont été au dessus du lot par la qualité de l’image, le cadrage magnifique et le jeu subtil des acteurs. Quant au film «Les Incorruptibles» d’Ali Abdelkhalek, il était en deçà du niveau escompté et de celui du festival : une histoire banale, des acteurs au-dessous de leur niveau habituel et un déplacement de caméra étouffé. L’hommage rendu au cinéma polonais était à sa juste valeur puisque tous les films, à part celui intitulé «L’Oeil du prophète» qui aurait dû être programmé dans la section des films pour enfants, nous avaient montré la maturité atteinte par ce cinéma. Les JCC rendaient également hommage au cinéma palestinien, qui naquit avec la lutte armée dans une perspective militante, et qui reflète les aspirations du peuple palestinien et sa lutte armée contre l’occupant sioniste. Le cinéma algérien était honoré aussi.
Nous avons pu revoir avec un intérêt toujours renouvelé «Le Vent des Aurès» de Lakhdhar Hamina, «L’Opium et le bâton» d’Ahmed Rachedi, «L’Homme qui regardait les fenêtres» de Merzak Allouache. Ce cinéma représente en effet les réalités sociopolitiques nationales. Le film tunisien avait également son hommage. À part les anciens films présentés et d’autres nouveaux entrant dans la compétition officielle, un autre film tout nouveau lui aussi fut proposé. Il s’agit de «Caméra d’Afrique» de Férid Boughedir ou la première anthologie historique du cinéma d’Afrique Noire, pendant vingt années. Dans ce film documentaire, le spectateur découvre les débuts de ce cinéma du Sud du Sahara et ses protagonistes, qui sont les cinéastes africains, qui veulent que ce cinéma serve à exprimer vraiment l’Afrique. Un autre hommage était rendu à Salah Abou Seif, où quelques films de ce maître de réalisme étaient projetés en sa présence.
Un hommage assez original était organisé enfin dans ces 10ème JCC, celui aux Tanits d’Or de toutes les autres sessions, Pour tous ceux qui n’ont pas suivi les JCC dès leur début une occasion leur était offerte de découvrir les films primés tors des précédentes sessions, de «La Noire de…» d’Ousmene Sembene en 1966 au «Vent» de Souleymène Cissé en 1982.
Tant de manifestations parallèles à la course aux Tanits, qui ont drainé une grande foule pour toutes les projections et dans toutes les salles. Le public répond à l’invitation quand il s’agit d’un cinéma de haut niveau et d’un festival unique.
Nous aimerions que ces habitudes biennales soient gardées.
LOTFI BEN KHELIFA
Tunis Hebdo du 22 au 28 octobre 1984
Poster un Commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.