MANARAT 2019 – UNE DEUXIÈME ÉDITION TRÈS BELLE ET TRÈS RÉUSSIE

Les membres du Jury.

Par Neila Driss – www.webdo.tn – 9 juillet 2019

La deuxième édition du Festival du Cinéma Méditerranéen Manarat s’est achevée dimanche soir après une semaine très riche en événements divers et intéressants. Le public a répondu présent partout, aussi bien pour les quatre mastrerclasses de Yousry Nasrallah, Nelly Karim, Mahmoud Hemeda et des frères Dardenne, pour lesquels les cinéphiles se sont déplacés nombreux, que pour les panels, rencontres et surtout pour les diverses projections qui ont attiré 32 000 spectateurs (20 000 en 2018), pour voir une soixantaine de films de 19 pays, dans 3 salles et 9 plages situées sur tout le littoral tunisien.

La réussite de cette deuxième édition de Manarat est un pied de nez au terrorisme et aux idées rétrogrades que certains veulent imposer aux tunisiens. Malgré l’attentat qui avait eu lieu deux jours avant l’ouverture de Manarat, les tunisiens ont montré leur volonté de faire triompher la culture et le divertissement, et donc la Vie !

Une projection de plage.

Tous les invités du festival étaient unanimes pour dire que cette édition était très belle et très réussie. Ils étaient surtout enchantés par les projections sur les plages et le fait de faire arriver, gratuitement, les films jusqu’aux spectateurs. Certains disant même qu’ils allaient essayer d’exporter cette idée dans leurs pays.

Pour le réalisateur égyptien Yousry Nasrallah, le principal intérêt de Manarat réside dans le fait qu’il a mis des films d’auteur à la porté du public. Selon lui, les gens ont souvent des préjugés envers le cinéma d’auteur, ils pensent qu’il est difficile à comprendre et est réservé uniquement à une élite. Ce qui d’ailleurs explique pourquoi les personnes à revenu modeste préfèrent payer un ticket, qui est relativement cher pour eux, pour voir un film qu’ils sont sûrs d’apprécier et qui va les divertir et choisissent donc d’aller voir les blockbusters et les films commerciaux. Or Manarat va au devant de ces gens et leur permet de voir, gratuitement, des films d’auteurs de qualité. Qui plus est, le choix des organisateurs de Manarat s’est porté sur des films qui permettent en même temps de se divertir et de réfléchir.

D’après un autre invité qui a préféré que son nom ne soit pas divulgué, pour ne pas faire de jaloux a-t-il dit, si Manarat continue ainsi, il pourra devenir très bientôt, le plus important festival du cinéma méditerranéen, surtout de la rive Sud. Selon lui, en plus de la très bonne organisation du festival, l’idée des projections sur la plage est extraordinaire. Au début il avait craint que ces projections se fassent dans de mauvaises conditions, mais il a été agréablement surpris de constater qu’au contraire, il n’y avait aucun problème. Les projections étaient toutes de très bonne qualité, sans aucun incident technique, les spectateurs disciplinés et la sécurité assurée.

L’acteur égyptien Mahmoud Hemida remet le prix de meilleure interprétation à l’acteur grec Yannis Drakopoulos.

Dix longs métrages étaient en compétition. Le jury, présidé par l’actrice égyptienne Salwa Mohamed Aly, et composé de l’écrivain algérien Kamel Daoud, de l’actrice tunisienne Souhir Ben Amara, de l’actrice turque Damla Sönmez et du scénariste et réalisateur Michel Leclerc, a choisi de décerner le Manar d’Or au film espagnol Petra, de Jaime Rosales : «Une tragédie grecque sous un ciel espagnol. Une maîtrise de la mise en scène, une narration surprenante, une histoire qui laisse une place intrigante au spectateur. Un film à la beauté sauvage. Autant de raisons qui ont décidé le jury à décerner, à l’unanimité, le prix du meilleur film, le Manar d’or à Petra».

Le prix de la Meilleure Interprétation revient à Yannis Drakopoulos pour son rôle dans le film grec Pity de Babis Makridis, «Pour sa performance magistrale, pour un rôle difficile à incarner, cet acteur a réussi à nous faire basculer entre le monde de l’absurde et la comédie noire dans un film qui raconte l’histoire d’un homme à la recherche de la plus grande pitié qui soit».

Le jury a également accordé une mention spéciale pour le film documentaire libanais La Balançoire de Cyril Aris : «C’est un film qui montre les derniers jours d’un couple, une histoire de mort et d’amour, de vieillesse et de mémoire. Il provoque une émotion forte, déstabilise par son ambiguïté. Il nous interpelle sur des questions aux réponses divergentes : faut-il tout filmer ? Peut-on tout filmer ? Où s’arrête la liberté Où commence l’indécent ? Où commence le déni au nom du respect ? C’est ce en quoi ce film nous a interpellés. Nous y saluons une formidable histoire d’amour, à la fin».

Un Manar d’honneur a aussi été attribué au directeur tunisien de la photographie feu Youssef Ben Youssef, décédé il y a quelques mois. « Ce prix vient rendre hommage à la sensibilité de l’artiste, à son originalité et son grain de folie qui manque à la famille du cinéma » a souligné la présidente du festival Manarat, Dora Bouchoucha.

Neïla Driss

Source : http://www.webdo.tn


 

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