MOKHTAR LAAJIMI – UNE HISTOIRE, UNE ÉPOPÉE

Par : brigade-rouge.blog.mongenie.com – Samedi 2 février 2008

  • Avant-première à El Kantaoui vers la mi-février
  • Sortie le 21 février au «Palace» – Sousse

Il a aussi réalisé la série documentaire pour «Tunis 7» intitulée «Étoiles en mémoire» qui se focalise sur les grandes figures artistiques et intellectuelles de la Tunisie du XX° siècle, telles que : Abdellaziz Laroui, Ali Douagi, Ahmed Kheireddine, Aly Ben Ayed, Ali Riahi, Mohamed Jamoussi, Saliha, Jouini et autres. D’autres sont en cours de réalisation, tel le numéro consacré à Zoubeir Turki.

Auteur du long-métrage de fiction : Bab el arch (Noce d’été), Mokhtar Ladjimi vient de mettre en boîte son dernier-né L’Étoile, un champion d’Afrique. Ce nouveau long-métrage documentaire, d’une durée de 90 mn, remonte le temps et nous fait découvrir, comme dans un voyage initiatique, l’histoire d’une épopée. Celle de l’Étoile Sportive du Sahel depuis sa création en 1925 à nos jours, avec ses moments difficiles, ses moments de gloire et ses moments d’émotion. Une première.

Entretien.

Allez-vous profiter de l’ambiance de la CAN 2008 pour sortir le nouveau documentaire, L’Étoile, un champion d’Afrique, que vous venez d’achever ?

  • L’avant-première aura lieu vers la mi-février à El Kantaoui devant un parterre de personnes et de personnalités liées de près ou de loin au club. Le film sortira le 21 février, à l’occasion de la super-coupe qui se tiendra au stade de Radès entre l’ESS et le Club Sportif Sfaxien, à la salle «Le Palace» à Sousse. Et l’on prévoit en même temps la sortie de cinq à dix mille DVD.

Comment est né le projet ?

  • Comme vous le savez déjà, mon premier long-métrage de fiction Bab el Arch comportait des scènes d’une rencontre entre l’ESS et l’EST, où j’ai filmé les rapports passionnels et tumultueux entre les deux équipes constatés, selon les archives, les témoignages et les historiens du football, déjà entre les deux équipes depuis 1939 quand eut lieu la première finale de coupe de Tunisie, en pleine 2° guerre mondiale.
    Le déclic s’est donc produit comme un rêve à la recherche d’une mémoire d’enfant et d’adolescent… au moment du tournage de Bab el Arch (Noce d’été). J’ai donc eu, alors, une discussion avec l’ex-président de l’ESS, M. Othman Jenayah, passionné de l’histoire de son club. On s’est donc mis d’accord en 2004 pour la production d’un documentaire sur le parcours de l’Étoile du Sahel. Dans le but d’évoquer l’histoire et de conserver la mémoire.

Quand a démarré le tournage ?

  • Le tournage a démarré en 2004, avec la finale de la Ligue des champions africains entre l’ESS et l’équipe nigériane Enyamba que l’Étoile a perdue.
    Nous avons enchaîné sur l’autre finale de la Ligue des champions de 2005 entre l’ESS et Al Ahly que les Sahéliens ont, encore une fois, perdue pour boucler avec la finale de 2007 de la même compétition, opposant encore une fois Al Ahly à l’ESS, mais que les Sahéliens ont remportée cette fois-ci. Entre-temps, le film tourné en numérique remonte le temps grâce aux actualités filmées et trace l’histoire de l’équipe à travers force documentations, iconographies et photos avec le concours de Mohamed Chiheb Ben Hammouda, responsable de la communication de l’Étoile (800 photos). Cela sans compter les évocations et témoignages de personnalités importantes et autres responsables du club entre dirigeants, staffs techniques et joueurs, qui évoquent les dates importantes et charnières, outre les grands moments vécus par l’ESS et les Étoilistes.
    À l’image d’un match de football, le film en vidéo numérique est construit en deux mi-temps de 45 minutes chacune. La première mi-temps raconte la création de club en 1925 jusqu’à sa dissolution en 1961 par Bourguiba et le doublé remporté durant la saison 1962-1963.
    La 2° mi-temps débute à partir des années 60 jusqu’à l’épopée de la Coupe du Monde des clubs au Japon.

Quel style avez-vous adopté pour ce documentaire historique ?

  • Tourner ce film a été pour moi une sorte de voyage initiatique où, au fil des documents d’archives et des témoins, je découvrais l’histoire d’un club glorieux aux dimensions multiples, puisque l’ESS a joué, durant la période de la colonisation, à la fois un rôle sportif, politique et social. Savez-vous qu’aux débuts, on voulait dénommer l’Étoile : «La musulmane» ou encore «La Soussienne». Enfin, on a préféré que ce club ait une dimension régionale à l’échelle du Sahel. Mon parti-pris est donc thématique, sans pour autant respecter à la lettre une forme chronologique. Il s’agit d’une évocation normative selon un va-et-vient de point et de contrepoint, pour, au fur et à mesure, dévoiler l’histoire et le parcours du club.
    L’ensemble est teinté d’une touche nostalgique avec ses moments glorieux de joie et de bonheur et d’autres moins glorieux, de tristesse et de déceptions comme en 1992/93 quand le club était menacé de relégation en division 2.
    Sachez que le Dr Hichem Ben Saïd m’a particulièrement épaulé et aidé pour la consultation historique. Côté témoignages, ce sont de grandes figures parmi les créateurs et fondateurs du club qui sont intervenues, outre les présidents des clubs des dernières décennies, des années 60 jusqu’à aujourd’hui, sans compter les joueurs mythiques, tel Hassen Righi, centenaire, décédé, hélas, durant l’année écoulée. Habib Mougou surnommé «La tête d’or» et qui a été durant plusieurs saisons le meilleur buteur de l’équipe, Aleya Douik, un gardien de but légendaire, ainsi que les non moins légendaires : Béji Abdou, Mohsen Habacha, Abdelmajid Chetali, etc.

Maintenant, quel est l’intérêt entre fond et forme de ce documentaire ?

  • D’abord, si l’on sait que du matin au soir, la plupart des jeunes respirent, entre guillemets, le football, qu’ils sachent au moins comment des équipes ancrées dans notre histoire ont vu la lumière, comment elles ont tracé leur chemin, outre les grands moments heureux ou moins heureux qu’elles ont connus, les responsables qui les ont dirigés, les joueurs légendaires qui ont mouillé leur maillot et qui ont fait la gloire et tant donné au sport, en général, et au football, en particulier, non pas pour l’argent comme aujourd’hui, mais pour l’amour du maillot, de la région et du pays. Ce qui est différent de ce qui se passe, aujourd’hui, à l’ère du professionnalisme.
    Auparavant, une équipe représentait et jouait plutôt pour exprimer un talent, une identité culturelle et internationale, un savoir-faire, etc. Alors que de nos jours, à l’ère de la mondialisation, ce sont les rapports d’argent qui dominent, certains joueurs étant appréhendés davantage comme une marchandise plutôt que des talents. À preuve, les mercato et les opérations d’achat et de vente des joueurs qui sont devenus légions. Toutes ces idées sont reflétées dans le film, à travers la position de certains intervenants et témoins avec beaucoup de lucidité et d’émotion. L’intérêt de ce film réside ensuite dans la nécessité, à l’ère des nouvelles technologies, de conserver la mémoire et de construire, par l’image, l’histoire de nos équipes et de notre football. Ce travail de recherche, de mémoire et d’archivage représente une première en Tunisie et les autres grandes équipes, l’Espérance sportive de Tunis, le Club Africain et le Club sportif Sfaxien et autres, devraient faire de même en réalisant des documentaires sur leur club pour la mémoire. À défaut, les générations futures seront coupées de l’Histoire de leur club. Et comme vous le savez, c’est en jetant les ponts entre les aînés et les jeunes que se construisent le présent et le futur. C’est en étant conscient de la générosité et de l’apport des anciennes générations que les jeunes générations feront en sorte de continuer avec conviction, talent et en connaissance de cause tout ce que les aînés ont entrepris.

Quelles ont été les conditions de production ?

  • «L’Étoile : un champion d’Afrique» a été produit par «Justinia Films» dans des conditions correctes, outre le vif soutien de l’ex-président, M. Othman Jenayah, et de l’actuel président, Moez Driss.

Êtes-vous un supporter de l’ESS ?

  • Oui, je suis un pur Étoiliste, mais aussi fasciné par l’Espérance sportive de Tunis, le Stade tunisien des années soixante et le Club Africain des années soixante-dix. Sans compter que le beau jeu du Club sportif Sfaxien m’a toujours séduit.

Vous êtes donc pour le beau foot en général ?

  • Oui, mais je suis capable d’être très critique même à l’égard de l’ESS. Vous savez, en sport il faut être tolérant et fair-play. Je reste toujours un idéaliste façon Nietzsche qui a énoncé «qu’un idéaliste ne peut s’améliorer : si on le précipite de son ciel, il se fait de l’enfer un idéal».

Si vous avez à dédier ce film, à qui le dédierez-vous ?

  • À un pur Étoiliste, le producteur feu Ahmed Bahaeddine Attia, que Dieu bénisse son âme!

«L’Étoile : un champion d’Afrique» et après ?

  • (Rires…) Après, ma vraie obsession est de tourner Les Yeux de sable (Aïn El Ghazel), un second projet de long-métrage de fiction dont le scénario raconte l’itinéraire d’un tourneur ambulant décalé, dans les années soixante, à la frontière tuniso-algérienne. Le projet me tient à cœur, car durant mon enfance j’ai découvert les premiers films grâce au cinéma ambulant. Si, toutefois, je n’ai pas tous les moyens de le produire en Tunisie, je le produirais au Maroc avec la collaboration de la chaîne franco-allemande «Arte».

Est-ce que vous envisagez de faire d’autres documentaires sur d’autres équipes sportives ?

  • Peut-être bien un documentaire sur l’Espérance sportive de Tunis, mais en tant que coproducteur avec un ami espérantiste passionné, le producteur Abdelaziz Ben Mlouka (LTV).

Source : http://brigade-rouge.blog.mongenie.com 


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