PROGRAMME MED CULTURE — VERS LA CRÉATION D’UNE COMMISSION DU FILM EN TUNISIE

Par Salem Trabelsi – La Presse de Tunisie – Ajouté le : 01-06-2016.

«Conditions pour la création d’une commission du film en Tunisie», tel est le thème qui réunit pendant deux jours les professionnels du cinéma autour des résultats d’une enquête effectuée par l’Union européenne et présentée dans le cadre de Med Culture.

La Tunisie, terre de tournage de films étrangers ? Cela date un peu car depuis la révolution les films à gros budgets, voire  les films étrangers tout court, qui viennent tourner en Tunisie, se font rares.  Une commission du film est une institution technique exécutive, dont  le but est de créer une industrie du film en facilitant  et en créant une dynamique de tournages de films étrangers en Tunisie (il conviendrait de préciser qu’il ne s’agit pas d’une commission qui va donner des subventions aux films tunisiens, comme certains professionnels le croient). À l’ouverture de cette conférence, Fathi Kharrat, directeur général du CNCI, a déclaré : «Il y a un consensus autour de la création de cette commission du film en Tunisie et le CNCI apporte son soutien à ce projet, mais nous demeurons à la merci des freins administratifs. La Tunisie est compétitive dans plusieurs domaines, mais il lui manque les avantages fiscaux et un accord entre plusieurs ministères.  Du reste, nous avons tous les moyens pour le faire en décentralisant cette commission du film dans les régions et en s’associant avec la société civile. La Tunisie doit capitaliser sur ses atouts comme le prix Nobel et son processus de jeune démocratie». Nous assisterons ensuite à la présentation des résultats de l’enquête effectuée en Tunisie du 24 novembre au 3 décembre, présentée par M. Andréa Rocco, de la commission du film de Liguria (Italie). Il en ressort que la perte de l’image de la Tunisie comme terre de tournage  a affecté économiquement les producteurs tunisiens qui assurent ces prestations (le Maroc est actuellement la destination phare avec 45% des productions internationales, contre seulement 3% en Tunisie). Le fait qu’il y ait un problème de menace terroriste en Tunisie a dissuadé les assureurs étrangers de signer des contrats avec des films internationaux désireux de tourner en Tunisie. D’autre part, le souci des producteurs tunisiens, c’est qu’avec la création de cette commission du film, l’aide à la production, qui est déjà maigre, peut s’amenuiser, l’argent étant destiné à faire fonctionner ce nouveau mécanisme.

L’enquête préconise, entre  autres, qu’il faut gérer la formation locale des professionnels et surtout régler les problèmes de la bureaucratie et l’incitation à l’investissement. Pour Mme Christiane Dabdoub Naceur, chef de projet au programme Med Culture, l’idée est d’avoir un secteur culturel dynamique qui se distingue par la bonne gouvernance. «Ce programme a eu une approche participative, ajoute-t-elle, et le plus important, c’est le partenariat entre les institutions publiques et la société civile». Pour Mme Mounira Ben Halima, directrice des arts audiovisuels au ministère de la Culture, cette commission du film peut dynamiser également la promotion du cinéma. «La collaboration entre la Tunisie et l’Union européenne a fait que le ministère du Développement a mesuré l’importance de l’industrie culturelle dans l’économie nationale, dit-elle, la commission du film en Tunisie peut être un mécanisme supplémentaire pour aider le guichet unique qui a continué à travailler jusqu’à nos jours dans des  circonstances difficiles». Selon Noômane Hamrouni (directeur de la cellule d’investissement au ministère de la Culture), «le guichet unique n’était en fait qu’un interlocuteur unique ! déclare-t-il. Il était instauré dans le but d’avoir le contrôle sur les tournages sous l’ancien régime et sans réflexion profonde orientée vers l’investissement. Mais cela dit, je pense qu’on ne peut pas réaliser une commission du film en Tunisie sans avoir d’abord assaini toute l’administration tunisienne, qui doit faciliter les choses. Je pense aussi que les modèles importés, qui n’ont rien à voir avec la réalité tunisienne, risquent d’échouer».

Auteur : Salem Trabelsi

Ajouté le : 01-06-2016

Source : http://www.lapresse.tn/


 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire